Un Pantinois 1er vainqueur des 24h du Mans

Le 16 mai 1923, André Lagache prend le départ des premières 24 heures du Mans, appelées à devenir par la suite la plus célèbre course automobile au monde. André Lagache est non seulement pilote, mais aussi ingénieur. Il est déjà monté sur des podiums prestigieux et est le chef d’équipage de la n°9. En 1922 il a terminé premier du Circuit des Routes Pavées, si difficile qu’aucun concurrent n’arriva dans les délais ! La même année il se classe deuxième de la Coupe Georges Bouillot à Boulogne-sur-mer.

Sur la ligne de départ, André Lagache est confiant. Il peut compter sur la fiabilité et la légèreté de sa Torpédo Sport 3 litres Chenard & Walcker de 90 chevaux, une voiture française fabriquée à Paris sur laquelle il courra tout au long de sa carrière. La légèreté, un atout précieux sur le circuit sarthois dont le tracé n’est pas encore en bitume, mais un mélange temporaire de gravier, terre et goudron déposé juste avant la course. Un revêtement qui avait pour caractéristique de se transformer en chaos boueux en cas d’averse.

André Lagache, maîtrisant l’adhérence précaire de la route glissante, file vers la victoire au volant de sa Torpédo Chenard & Walcker, désormais au Musée des 24h.

24h à 92 km/h de moyenne

Et ce 26 mai 1923 à 16h00 au Mans, il tombe des trombes d’eau … Dès le départ, les Chenard & Walcker et Bentley se détachent du peloton. Mais si elle est plus puissante, la Bentley est aussi plus lourde que la n° 9 de Lagache et de son coéquipier Dauvergne qui prennent la tête. Sous la pluie et sur la boue, avec des roues très étroites, ils font des pointes à 145 km/h ! Les deux coéquipiers maintiennent le rythme et passent la ligne d’arrivée en vainqueurs, avec une moyenne de 92 km/h sur 24 heures. Certes, on est loin des 210,5 km/h de vitesse moyenne du vainqueur 2021, mais à l’époque, c’est une prouesse !

Après cette première victoire historique, André Lagache participe encore deux fois au Mans, mais abandonne à chaque fois. Il a plus de chance aux 24 heures de Spa 1924 (2^e) et finit par gagner la Coupe Georges Boillot en 1925 et 1926. Après six ans de courses, il met fin à sa carrière de pilote et fonde une société de tracteur à Gennevilliers. Ironie du sort, à 53 ans ce pilote qui avait tant de fois risqué sa vie en roulant à tombeau ouvert, trouve la mort en essayant un tracteur de sa firme devant les chefs de l’armée à Satory, écrasé par une roue arrière de sa machine qui venait de se renverser. Il repose désormais dans le caveau familial au cimetière communal de Pantin.

Remerciements : Mr Guy Decoulonvillers