« Elle danse », pour sortir les personnes âgées de l’oubli

« Elle danse », pour sortir les personnes âgées de l’oubli
Seniors
  • Tourné à l’Ehpad public Constance Mazier d’Aubervilliers, ce documentaire signé Waël Sghaier déconstruit nos a priori sur la vieillesse en parlant d’amour et d’amitié.
  • Cette initiative a été soutenue par le Conseil départemental qui souhaite connecter au maximum les Ehpad publics ou associatifs avec le reste de la société.
  • Ce documentaire sensible et tendre doit maintenant être diffusé dans plusieurs Ehpad en France, mais aussi auprès d’établissements scolaires pour nourrir les échanges entre générations.

Et tout à coup, Evelyne s’est levée et s’est mise à danser devant les spectateurs. En ce jour d’avant-première d’« Elle danse », documentaire sur l’Ehpad public Constance Mazier à Aubervilliers, Evelyne, l’une des résidentes de cet établissement, a esquissé quelques pas de danse comme elle le fait dans le film. Revendiquant une fois de plus la liberté que célèbre le film, même (surtout) à 80 ans passés.

« En commençant ce documentaire, je voulais que les gens répondent à cette question : « Comment c’est le futur quand on est en Ehpad ? » Mais très vite, je me suis aperçu que personne ne répondrait à cette question. Alors, j’ai laissé les thèmes s’imposer naturellement : l’amour, l’amitié, l’humour aussi », explique Waël Sghaier, réalisateur du documentaire, qui dédie son œuvre « à toutes celles et ceux qui luttent avec humour contre l’adversité.»

« A toutes celles et ceux qui luttent avec humour contre l’adversité »

Les scènes que propose « Elle danse » sont en effet touchantes, légères, drôles parfois : Evelyne, Idir et Claude, ses trois personnages principaux, y disent que l’amour ou le désir ne sont pas forcément morts au crépuscule d’une existence et que les petits plaisirs de la vie peuvent encore rééquilibrer les moments d’ennui ou de souffrance physique.

Tourné en un mois et demi, avec le soutien du Conseil départemental, ce documentaire plus sensible que bavard, porté par les belles compositions de Ghoula, veut surtout donner la parole à des personnes qui la prennent trop rarement. « Pour moi, il y avait même un double enjeu : donner de la visibilité à une partie de la population qu’on relègue dans un coin parce qu’elle ne produit plus, et valoriser le service public qui fait un travail de l’ombre remarquable », continue Waël Sghaier, coutumier de cette démarche de valorisation des « invisibles » puisqu’il avait déjà signé « Banlie.ue », un documentaire sur les différentes banlieues d’Europe.

Des intentions auxquelles Catherine Laurijsen – animatrice dans cet Ehpad depuis 39 ans ! – se disait par exemple sensible : « oui, je suis attachée à cette notion de service public. Dans la vie, il n’y a pas que du financier, il y a aussi de l’humain ! »

« C’est touchant de voir la fierté des professionnels. Ce n’était pas forcément visible lors du tournage, mais aujourd’hui, lors de la projection du documentaire, ça l’est », constatait aussi Marie Le Maux, directrice de cet Ehpad public qui compte 96 résidents pour 105 lits. L’émotion étreint aussi le personnel lorsqu’apparaît la silhouette de Claude, décédé depuis, rappelant que les Ehpad ne peuvent se résumer à l’affaire Orpea. « Les Fossoyeurs (enquête du journaliste Victor Castanet) a révélé une réalité indéniable, mais dans la majorité des structures, les professionnels font un travail de qualité avec les résidents, où presque toujours ils tissent une relation avec eux. », rappelle encore Marie Le Maux.

Des projections prévues dans les écoles

Produit par une petite maison de production d’Aubervilliers, Nouvelle Toile Productions, le film n’en est qu’à la moitié de son parcours. Car il s’agit maintenant de le montrer à un maximum de gens pour générer du débat. « On va se lancer dans un tour de France des Ehpad, pour voir si ce film fait écho auprès d’autres personnes âgées. Mais on veut aussi le montrer à des très jeunes pour susciter un dialogue entre les générations », expliquait Khir-Din Grid, le producteur.

« On est perçu comme des gens au placard, mais on est des personnes à part entière qui pouvons encore apporter à la société », insistait de son côté Jean-Claude, 67 ans et plus jeune résident de Constance-Mazier. Et cet ancien contremaître des épiceries Félix Potin de poursuivre : « évidemment, moi ça me fait du bien d’échanger avec des jeunes parce que ça donne de la vie. Mais nous aussi on a été jeunes, et du coup on peut être de bon conseil pour certains ! » Si le documentaire n’a pas encore trouvé de diffuseur, il devrait être projeté lors de séances publiques organisées dans différents Ehpad du département ainsi que lors du festival du film social, qui se déroulera à Aubervilliers en octobre.

Christophe Lehousse

Tous les commentaires1

  • Soula

    On dis bien qu’un peu de tout fait un monde, moi je dirai que sans les grands parents le monde dont nous sommes ne peut existé. Vraiment beau et bon de se mettre dans la peau d’une personne âgées et sentir ses émotions. Sa me touche vraiment d’être loin de mon père Idir, j’ai tant de fois essayé de lui rendre visite et le serré dans mes bras et lui dire t’inquiète pas papa, je suis là pour toi, ton fils Sofiane qui t’aime et toute ta famille a la quelle ta manquer tu fais de gros câlins. Oui, retrouver un proche âgé est une renaissance qui éclat les esprits.
    Je tiens a remercier tout ce qui veillent sur le bien être des personnes âgées et en particulier le personnel de l’Ehpad d’Aubervilliers.
    Merci encore.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *