Waly Dia, la flèche de Saint-Denis

Waly Dia, la flèche de Saint-Denis
Stand-up
  • En avril dernier, ce sniper de la vanne a lancé le premier festival d’humour de Saint-Denis, ville qu’il habite depuis 11 ans.
  • Son attachement à cette ville, le contenu de son prochain spectacle, il nous dit tout (ou presque!)
  • Waly Dia remontera sur scène le 1er février 2024 pour son nouveau spectacle, au Théâtre de l'Oeuvre, dans le 9e arrondissement.

Pourquoi avoir lancé en avril dernier ce festival d’humour de Saint-Denis ?

Parce que je me suis rendu compte que Saint-Denis avait un vrai déficit dans l’offre de spectacles d’humour. Et pourtant, ce ne sont pas les talents qui manquent dans ce domaine ! Mais comme la plupart des salles sont à Paris, beaucoup de gens qui ont envie de faire ce métier sont obligés d’aller tenter leur chance à Paname. On veut inverser cette tendance avec ce festival, dont la première a déjà bien marché. Le but est même d’en faire plus qu’un rendez-vous annuel, à travers une salle dédiée aux cultures urbaines.

Pourquoi avez-vous choisi il y a 11 ans de vous établir à Saint-Denis ?

A la base, je viens de Grenoble. Assez vite, j’ai souhaité faire du stand-up parce que j’ai toujours eu une fascination pour ce pouvoir de faire rire les gens, y compris parfois de choses tristes ou crues. Et donc j’ai dû monter à Paris. Mais là-bas, j’étais en réelle souffrance économique. A Saint-Denis, j’ai trouvé l’équilibre que j’aimais bien : on y est proche des structures de Paris tout en bénéficiant d’un cadre de vie plus humain, qui me convient mieux.

De nombreux talents du stand-up viennent du 93. A quoi tient selon vous cette culture de la vanne ?

L’humour, c’est lié à la culture populaire. Vous savez, pour rire, il faut échanger, discuter. Et c’est particulièrement le cas en Seine-Saint-Denis. Plus qu’à Paris où j’ai le sentiment qu’on ne discute pas beaucoup…

On vous connaît pour vos chroniques mordantes sur France Inter. Mais vous avez aussi des seul en scène. Sur quoi portera le prochain ?

Oui enfin mes chroniques mordantes, c’est surtout fini vu que l’émission dans laquelle j’intervenais (C’est encore eux!) passe d’un rythme quotidien à hebdomadaire. Alors qu’elle cartonnait pourtant… Alors évidemment, on n’a pas reçu un courrier du président nous demandant d’arrêter notre émission, c’est plus subtil que ça. Mais enfin, il faudra quand même nous donner une explication convaincante, et pour l’instant, on ne l’a pas eue. Mon prochain spectacle portera lui sur l’urgence qui nous guette tous : la dégradation de l’environnement, qui est un peu une grosse bombe à retardement.

Est-ce qu’on peut rire de tout selon vous ?

D’après moi oui, tant que c’est fait intelligemment. On peut rire de tout, mais il ne faut pas s’étonner si le « tout » répond, comme je dis souvent. Et ça, je trouve que c’est plutôt une avancée. Dans les années 80, certains humoristes avaient parfois tendance à taper sur des gens déjà à terre. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, il y a la possibilité de répondre. Mais j’avoue que moi, ce qui m’intéresse, c’est de taper en haut. Contre notre gouvernement actuel notamment : ce sont des gens sur qui on n’a pas d’emprise dans la vraie vie. On l’a vu dans la réforme des retraites : on peut faire autant de manifs qu’on veut, ils nous ignorent quand même. Alors, la seule force qui nous reste, c’est cette critique irrévérencieuse.

Le 93 vous inspire-t-il ? En parlez-vous dans vos spectacles ?

Oui, je ris toujours de la stigmatisation qu’on fait de ce département. C’est à chaque fois la carte joker qu’on sort quand on veut faire peur à la France. Alors que tout le monde sait bien que sans ce département, Paris n’aurait pas tenu pendant les confinements… Mais on aime bien le stigmatiser, en faire un objet politique, on dirait même qu’il a été créé pour ça, c’est fatigant. Alors que pour moi, l’avenir de la région parisienne est dans le 93, clairement…

Pourquoi selon vous ?

Parce qu’il y a dans ce département des gens qui ont une envie de faire hallucinante. Malgré les difficultés, malgré les obstacles… Cette force-là utilisée à bon escient, ce serait un atout incroyable. Mais pour cela, il faudrait que le développement actuel de la petite couronne profite aux gens qui y habitent déjà, aux gens qui ont bâti ce département en fait. Ca demande de la volonté politique, et j’espère qu’elle s’exerce et s’exercera.

– Waly Dia remontera sur scène le 1er février 2024 pour son nouveau spectacle, au Théâtre de l’Oeuvre, dans le 9e arrondissement

Propos recueillis par Christophe Lehousse

Photo: ©Christophe Silva

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