L’orchestre symphonique rencontre le breakdance

Une performance olympique : l’analogie vaut pour Symphonie des nouveaux mondes, une création inédite qui a été présentée pour la première fois au Théâtre Louis-Aragon de Tremblay-en-France le 7 mai dernier. Son audace consiste à croiser des pièces de musique classique interprétées sur scène par l’orchestre Divertimento sous la direction de Zahia Ziouani, avec le hip-hop incarné par les danseurs de la compagnie Käfig du metteur en scène Mourad Merzouki. Ce spectacle intervient dans le cadre de l’olympiade culturelle, une initiative du Département et de Paris 2024, qui a pour but de placer la culture et les arts, véritables vecteurs d’inclusion sociale, au cœur du quotidien des habitantes et des habitants.

Cette alchimie des notes et des corps a donné lieu à 75 minutes d’un spectacle captivant devant une salle comble, avec un public debout applaudissant chaleureusement lors du salut final. Cette œuvre, qui entame une tournée en France et s’envolera jusqu’à Hong Kong, s’inscrit dans le contexte stimulant des Jeux Olympiques où le breakdance fait son entrée. Symphonie des nouveaux mondes met à l’honneur les b-boys et b-girls du plus haut niveau, sur un programme musical d’exception composé de morceaux puisés sur quatre continents, mêlant des compositions européennes et asiatiques du répertoire classique, trois créations dont Ouverture Olympique la bien nommée, d’Antonin Mège, et des musiques traditionnelles d’Afrique du Sud et d’Océanie.

En jouant avec les contraintes d’une scène étroite -le plateau étant largement occupé par l’orchestre- et d’un timing de répétitions ultra serré en amont, Mourad Merzouki a su créer une atmosphère magique, empreinte d’émotion, où les douze danseurs du ballet ont déployé des chorégraphies pleines d’énergie. « Décloisonner, croiser les disciplines, créer des dialogues inattendus, bousculer et être bousculé, voilà ce qui nous anime profondément dans le processus de création », ont déclaré en substance les deux artistes, ravis d’avoir touché le cœur des spectateurs.

« Invitation au voyage »

Ils ont conçu cette rencontre singulière comme une invitation au voyage à travers les arts et le sport, mais également une nouvelle occasion de développer une forme singulière de concert, de démystifier l’a priori élitiste souvent associé à la musique classique en la confrontant à une danse dite populaire, et les faire dialoguer. « Notre création résonne avec l’esprit de compétition sportive et ses valeurs telles que l’excellence, l’amitié, la solidarité », rappelle la cheffe d’orchestre. « Dans le contexte actuel que nous connaissons, tout ce qui peut rapprocher, susciter la découverte, dépasser les préjugés, inclure et inviter au partage, est le bienvenu », confirme le metteur en scène. Ils avaient déjà collaboré en 2021 dans le cadre de l’événement Nuit Blanche. « Je suis fière d’avoir entrepris ce projet avec Mourad, avec qui je me sens connectée par nos parcours respectifs et la signification que nous attribuons à nos démarches artistiques », confie Zahia Ziouani. Elle ajoute une dimension supplémentaire : « Comme notre spectacle, les Jeux olympiques rassemblent les diversités, et leur succès sera collectif. De plus, ils se dérouleront en grande partie dans mon département et j’attends ce moment avec impatience ». La musicienne a d’ailleurs coché le 26 juillet 2024 sur son agenda. Ce vendredi-là, elle sera l’une des porteuses de la flamme olympique en Seine-Saint-Denis. Une nouvelle symphonie en perspective.

DÉCOUVREZ LA VIDÉO DE ZAHIA ZIOUANI QUI NOUS PARLE DE LA FLAMME OLYMPIQUE

Crédit photo: Bruno Lévy