Le 1er stop de la caravane de lutte contre les discriminations

- Avec 15 000 manifestant·es le 7 juin à La Courneuve, la Pride des banlieues a décuplé son nombre de participant·es depuis sa 1ère édition en 2019.
- L'occasion pour la Caravane contre les discriminations, présente sur le gazon du Village associatif, d'informer les personnes LGBTQI+ sur leurs droits.
- Reportage.
« La société française a évolué sur la visibilité des LGBTQI + mais cela reste compliqué d’assumer son homosexualité au travail » déclare Antoine, 32 ans, qui travaille depuis quelques années pour une collectivité territoriale et appréhende le moment où il fera son coming out auprès de ses collègues. « Aux Etats-Unis, en Hongrie, en Russie, les queers sont les premiers à souffrir de l’internationale réactionnaire donc c’est super important que notre communauté soit mobilisée et reste vigilante pour défendre ses droits ». Le trentenaire, qui porte avec fierté un drapeau arc-en-ciel, a marché avec les milliers de manifestant·es de la gare RER de la Courneuve vers le Village associatif où il a baguenaudé entre les stands. Après avoir écouté les discours de militant·es de la cause LGBTQI+ sur la scène du parc, le militant a échangé avec les animatrices de la Caravane de lutte contre les discriminations qui ont accompagné une trentaine de personnes pendant l’après-midi.
Accompagner les personnes victimes d’homophobie
Cinq professionnelles du Département ont informé les participant·es sur leurs droits et les recours à mettre en oeuvre si elles pensent avoir subi une discrimination. « Nous écoutons toutes les situations puis nous conseillons nos interlocuteur·rices sur les procédures qu’ils ou elles peuvent engager pour faire valoir leurs droits et être soutenu·es, en s’orientant vers des associations, le Défenseur des droits, des professionnel·les de la Justice… » explique Jeanine Augustine, chargée de mission pour l’Observatoire départemental des discriminations et de l’égalité. « On les incite dans certains cas à rédiger une pré-saisine sur le site web du Défenseur des droits via des tablettes tactiles installées dans la caravane ou on leur distribue un guide qui précise ce qu’est concrètement une discrimination, une notion pas toujours facile à définir et des moyens de s’en protéger ».
Gaël, victime de discriminations intersectionnelles (NDLR : discriminations croisées), a bénéficié de cet accompagnement. Le jeune homme qui se déplace en fauteuil roulant, ne réalise pas sa mission de professeur d’arts plastiques dans une structure associative dans la sérénité. « Je suis une personne trans, né intersexe, aromantique et asexuel, ce qui n’est pas toujours compris par mon entourage » explique-t-il. « Je crois que ma cheffe m’a pris en grippe, elle sabote régulièrement les projets que j’organise, ce qui est très dur à vivre ». Daniella, animatrice de la caravane, l’a informé des recours et accompagnements possibles.
Le Dyonisien qui se déplace souvent dans la capitale, salue la solidarité dont il a bénéficié dans les rues de la Seine-Saint-Denis où il n’a jamais ressenti d’hostilité. Un discours partagé par Félix, intermittent du spectacle, qui a également défilé lors de la Marche des fiertés à Paris. « Je trouve la Pride des banlieues plus sincère et plus radicale. Les organisateurs n’ont pas bénéficié d’un soutien commercial comme à Paris par exemple. Je suis heureux que la communauté queer se visibilise en Seine-Saint-Denis où personnellement je n’ai jamais été insulté. Ce qui n’a pas été le cas récemment dans le 16ème arrondissement ».
Rendre les jeunes générations « gay friendly »
Les professionnelles de l’Observatoire départemental des discriminations et de l’égalité ont installé à proximité de la caravane une exposition itinérante sur l’histoire de la communauté LGBTQI + en France et son combat pour l’égalité de droits (dépénalisation de l’homosexualité, mariage et adoption pour tous·tes…). A proximité de l’exposition, des adolescent·es ont participé à des quizz et ont été initié·es au « Team badass », un jeu de cartes sur 60 femmes militantes, artistes… qui ont fait évoluer les mentalités de leur époque.
Le public a aussi pu découvrir à l’intérieur du convoi des vidéos et des affiches dénonçant les effets délétères des discriminations, des œuvre réalisées par des collégien·nes dans le cadre du dispositif « Jeunes contre le racisme ». L’association organisatrice de la Pride des Banlieues mène également au sein des établissements scolaires des interventions de sensibilisation contre les LGBTQI+ phobies que l’Observatoire départemental des discriminations et de l’égalité souhaite renouveler.
Et pour célébrer la diversité de la Seine-Saint-Denis sous toutes ses formes, les habitant·es sont convié·es à assister au défilé dansant prévu samedi 5 juillet à 17h sur la Scène Canopée au parc Georges-Valbon dans le cadre de la Biennale Multitude. « 160 personnes qui en grande partie résident sur le territoire présenteront des tenues colorées et ultra-festives réalisées par des femmes en insertion à l’atelier de Jean-Luc François à Pantin. Pour que la fête soit complète, certaines réaliseront des animations de danses urbaines (voguing, breakdance…), des performances musicales et sportives incluant le football ou le roller, présenteront des masques incroyables… » s’enthousiasme Paul Levrez, fondateur de Flash Mode Paris, présent sur la Pride. Les artistes vous donnent rendez-vous !

Stéphane Troussel, le Président du Département et la conseillère départementale Elodie Girardet ont grossi les rangs de la Pride des Banlieues.
Crédit-photo : Bruno Lévy