Un salon de beauté pour reprendre confiance et se réinsérer
- L'association Emmaüs Solidarité et l'entreprise L'Oréal viennent d'inaugurer le 26 juin un salon socio-esthétique au Pré-Saint-Gervais, lancé avec le soutien financier du Département.
- Cet espace permettra aux personnes en situation de précarité et bénéficiaires du RSA de bénéficier de soins esthétiques individuels et collectifs.
- Objectif : reprendre confiance, afin de mieux se réinsérer socialement.
« J’ai bénéficié de plusieurs ateliers dans le centre beauté d’Emmaüs dans le 10ème arrondissement lorsque j’étais accueillie au Centre d’hébergement et de réinsertion sociale Lancry à Paris » confie Pauline Engome, administratrice bénévole et représentante des personnes hébergées chez Emmaüs Solidarité conviée à l’inauguration du salon gervaisien. « Même si je n’avais pas beaucoup de temps, ces rendez-vous m’ont fait un bien fou et m’ont aidée à rester debout dans les moments difficiles ».
La pimpante sexagénaire, largement applaudie par la cinquantaine d’invité∙e∙s a pu échanger et partager ses engagements avec le Président du Département Stéphane Troussel, le Directeur Général France du groupe L’Oréal Nicolas Hiéronimus et la Présidente d’Emmaüs Solidarité Marie-France Eprinchard qui ont salué l’extraordinaire dévouement de cette bénévole au service des familles précaires prises en charge dans les centres d’hébergement d’urgence d’Emmaüs Solidarité.
Une bulle de bien-être pour les publics fragiles
Avec ses intérieurs cosy de couleur pastel équipés de canapés et de bibliothèques, le nouvel espace beauté d’Emmaüs Solidarité, financé par le Département, met tout de suite à l’aise les visiteur∙euse∙s invité∙e∙s à se poser quelques instants et « recharger les batteries ». Entouré par une résidence sociale et une pension de famille gérées par l’association, le centre proposera à compter du 3 juillet des soins du corps et des séances de coiffure aux personnes précaires et aux bénéficiaires du RSA orientés par les circonscriptions de service social de la Seine-Saint-Denis, les CCAS des Villes du territoire…
La socio-esthéticienne Michèle Loquet et les socio-coiffeuses Anne Chanard et Vanessa Perez, qui « tournent » aussi dans les deux autres centres de beauté parisiens d’Emmaüs, offriront des soins des mains ou des pieds, des fardages ou de nouvelles coupes, mais surtout l’opportunité de « prendre un temps pour soi » dans un environnement bienveillant et à l’écoute.
« Les personnes touchées par la précarité sont quasiment 24h/24 en mode survie et ne se regardent souvent plus » explique Michèle Loquet qui est également conseillère en image. « Pour les inciter au lâcher-prise, j’aime bien commencer par un massage du visage pour les aider à se réapproprier leur corps et à se trouver beau dans le miroir ». L’empathie des professionnelles entraîne la grande majorité des visiteur∙euse∙s à se confier, « mettre des mots sur leurs maux » et peut-être les dépasser plus facilement…
Les usager∙ère∙s, qui ont droit à une séance beauté tous les trois mois peuvent repartir du salon avec trois produits donnés gratuitement par la gamme L’Oréal qu’ils∙elles peuvent choisir librement dans l’espace boutique.
L’estime de soi, une première marche vers l’insertion
Étienne*, qui a profité d’une coupe de cheveux dans le salon de beauté Emmaüs du 18ème arrondissement reconnaît avoir « profité de chaque nanoseconde de la séance » tout en retrouvant une certaine confiance. « La professionnelle m’a incité à prendre davantage soin de moi et garder la tête haute quelles que soient les circonstances » sourit-il. « Contrairement à ce que je croyais, c’est très important d’avoir un point de vue positif sur soi pour aller plus facilement vers les autres ».
Comme dans le centre du 10ème arrondissement, les usager∙ère∙s séquano-dionysien∙ne∙s vont disposer d’ateliers de beauté collectifs mais aussi de l’accompagnement d’une conseillère d’insertion socio-professionnelle. Celle-ci les préparera à des séances de recrutement et les conseillera sur la rédaction de CV dans les espaces numériques situés au rez-de-chaussée de la résidence.
« Cet accompagnement s’inscrit dans un programme global de 35 partenariats tissés entre le Département et ses partenaires pour remobiliser les publics fragiles, dans le cadre du doublement des crédits alloués à l’insertion » déclare Sayna Shahryari, cheffe adjointe du Bureau Expertise sociale et partenariat de la collectivité. « Nous allons communiquer en interne auprès des travailleur∙euse∙s sociaux∙ale∙s afin que le maximum de nos usager∙ère∙s puissent en bénéficier. »
Le dispositif basé sur le volontariat s’inscrit généralement dans la durée avec des visiteur∙euse∙s qui honorent des rendez-vous, rencontrent de nouvelles personnes… et reviennent retrouver l’ambiance apaisante de l’espace beauté et bien-être. La preuve que ces hommes et ces femmes « le valent bien », pour paraphraser la baseline ultra-connue de la pépite française numéro une mondiale de l’industrie cosmétique.
*Le prénom a été modifié.
Crédit-photo : Jérémy Piot
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