« Jeunes contre le racisme et l’antisémitisme » poursuit son chemin

« Jeunes contre le racisme et l’antisémitisme » poursuit son chemin
Société
  • 18 classes de 4e et 3e de collèges de Seine-Saint-Denis se sont fait mutuellement découvrir le fruit de leur travail issu du dispositif "Jeunes contre le racisme et l’antisémitisme " jeudi 2 mai à La Marbrerie de Montreuil.
  • Pour la 3e année consécutive, le Département a organisé ces sessions de travail entre des élèves et des artistes, sur le thème de la lutte contre le racisme et de l'antisémitisme.
  • Sous forme de récits écrits, chants, vidéos... les jeunes ont fait part de leur expérience, de leur volonté de lutter contre ces fléaux.

D’ordinaire, ce sont les soirs de concerts que la Marbrerie connaît une telle affluence, une telle ambiance ! Mais ce jeudi 2 mai, dès 9 heures, une nuée de collégien·ne·s prenait possession des lieux. Tous et toutes sont venu·e·s accompagné·e·s de leur professeur·e et des artistes qui les ont accompagné·e·s durant leur projet « Jeunes contre le racisme et l’antisémitisme », un dispositif pensé et mis en place par le Département. Car les jeunes n’échappent pas au racisme, qu’ils et elles en soient victimes ou bien qu’ils et elles soient vecteurs, cibles vulnérables d’idées nauséabondes diffusées sur les réseaux sociaux.

L’Observatoire Départemental des Discriminations et de l’Egalité (ODDE), s’est inspiré du modèle de « Jeunes contre le sexisme » autre dispositif départemental qui fait preuve de son efficacité depuis de nombreuses années. Au sein des classes sont organisées des discussions pour sensibiliser sur le sujet, puis sous la conduite d’une dizaine d’artistes naît un support artistique dénonçant le racisme.

Apprendre l’art contre le racisme

Sur la mezzanine de la Marbrerie, chaque classe tient un stand et présente sa production artistique aux autres jeunes. Maria, en 3e au collège Joliot-Curie de Stains, explique : « Nous avons travaillé sur l’histoire d’un couple de Stanois, Jacques et Majta Berestestky, qui ont été déportés dans un camp de concentration parce qu’ils étaient juifs. Nous avons fait des recherches aux Archives Nationales de Pierrefitte, et nous avons trouvé leur certificat de mariage, d’autres documents qui nous ont permis de les connaître un peu mieux. » Petit à petit, les Berestestky deviennent des personnes, et non plus deux anonymes parmi les millions de morts de la Shoah. « Sur une carte, reprend Maria, nous avons tracé leur parcours, depuis leur naissance en Lituanie, leur traversée de l’Europe jusqu’en France pour échapper aux pogroms, puis leur arrestation et leur déportation à Auschwitz. Nous avons aussi rencontré des descendants de leur famille, c’était très touchant. » De tout cela, les jeunes ont écrit un récit, sous la direction de l’écrivaine Selma Guettaf : « Je les ai guidés pour écrire cette biographie à la première personne, pour remplir les espaces blancs laissés par la Shoah. Ensuite il a fallu apprendre à le lire à voix haute, à respecter le rythme, placer le souffle… »

Un peu plus loin, le stand du collège Pablo-Neruda de Stains est en effervescence : les collègien·ne·s présentent avec enthousiasme leur travail : des mèmes, images hyper connues d’Internet, détournées pour présenter des slogans anti-racistes, percutants et pleins d’humour. Sous la direction de la plasticienne Cécile Hadj-Hassan, ils ont imaginé, scénarisé, tourné, joué, monté une série de vidéos où le racisme est mis à mal, souvent avec un max d’humour !

Dans le sous-sol de la Marbrerie, les jeunes pouvaient rencontrer et engager la discussion avec une douzaine d’associations engagées contre le racisme et les autres formes de discrimination. Ligue des Droits de l’homme, Amnesty International, mais aussi le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles), ravi de voir que les garçons aussi s’arrêtaient pour poser des questions. Que ce soit sur le stand de la Grosse Asso (contre la grossophobie), celui de la Voix des Roms, ou de la Pride des banlieues, ça discute ! Parmi les jeunes, quelques préjugés persistent tout de même… immédiatement mis à mal par leurs camarades, avec des arguments bien sentis et dans la bonne humeur !

La matinée s’est terminée avec un échange entre les jeunes et Oriane Filhol, conseillère départementale déléguée à la lutte contre les discriminations et le président du Département,  Stéphane Troussel. Celui-ci leur a déclaré : « Avec « Jeunes contre le racisme et l’antisémitisme  » nous voulons vous aider à comprendre les mécanismes du racisme, non pas de façon théorique, mais en s’appuyant sur la réalité que vous vivez peut-être. Nous voulons vous donner des outils pour lutter contre le racisme, et les meilleurs sont l’art et la culture. Avec vos professeurs, les artistes qui vous ont accompagnés, vous nous l’avez montré avec toutes vos belles réalisations ! « 

Photos : Patricia Leconte

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