Des collèges plus attractifs en Seine-Saint-Denis

- Le Département et l'Education nationale ont lancé un "plan d'attractivité" pour lutter contre l'évitement de certains collèges publics de Seine-Saint-Denis.
- Depuis 2024, ces deux institutions agissent sur tous les fronts : instauration d'options d'excellence, embellissement des établissements...
- Coup de projecteur sur les mesures ambitieuses et les projets innovants mis en place au sein des établissements.
La Seine-Saint-Denis qui connaît des transformations urbaines massives, souffre toujours d’un phénomène de ségrégation sociale et scolaire qui la dessert. En octobre 2022, la mise en ligne des Indices de Position Sociale (IPS) des écoles élémentaires, collèges et lycées avait permis de cartographier la « captation » par des établissements privés sous contrat des élèves des catégories socioprofessionnelles favorisées. A l’inverse, ceux du public restent populaires du fait des pratiques d’« évitement scolaire », les parents préférant parfois inscrire leurs enfants dans le privé ou demander une dérogation.
Face à ces défis, le Conseil départemental et l’Académie de Créteil ont annoncé en 2024 un plan conjoint pour favoriser l’attractivité des collèges publics du territoire et développer la mixité sociale et scolaire. Pour ce faire, un programme multi-factoriel a été engagé, visant à rendre ces établissements plus désirables aux yeux des familles, en instaurant entre autres des options d’excellence, en améliorant le bâti ou en contrant les fausses rumeurs qui peuvent entacher la réputation de certains lieux…
Intervenir sur différents leviers
11 collèges ont déjà été ciblés en 2024, 14 supplémentaires ont été accompagnés en 2024-2025 et vont profiter de premières mesures à partir de cette rentrée. Par ailleurs, 15 établissements de plus bénéficieront du dispositif dès cet automne pour de premières actions auprès des élèves prévues à compter de septembre 2026. Pour ces quarante établissements, l’Education nationale a débloqué 2 500 heures de cours afin que le dispositif monte en puissance dans les prochaines années. « Des options attractives ont été instaurées sous forme notamment de classes à horaires aménagés (CHAM) en danse ou en musique, de sections linguistiques, sportives, d’apprentissage du grec et du latin… » détaille Jonathan Buck, responsable du pôle sectorisation et démographie scolaire du Département. Une section internationale anglo-américaine a été mise en place au collège Joséphine Baker de Saint-Ouen. Les élèves d’autres établissements profiteront dès la rentrée notamment de sections linguistiques internationales, de sections d’excellence en mathématiques, d’options Langues et Cultures de l’Antiquité…
Le Conseil départemental a de son côté investi plus de 5 millions d’euros pour embellir les locaux, créer des salles innovantes, améliorer la sécurité… et en moyenne 40 000 euros par collège pour les projets éducatifs autour de la culture, des sciences ou du bien-être des élèves. Enfin, un effort important a été réalisé afin de mieux informer les familles sur les options, répondre aux rumeurs… Sur le plan de la communication, des Journées portes ouvertes et des rencontres ont été organisées auprès des parents d’élèves d’écoles primaires pour présenter les actions engagées et des livrets papiers ou sites web sont disponibles pour les informer.
L’Observatoire de l’attractivité et de la mixité sociale et scolaire de Seine-Saint-Denis a été créé l’an dernier afin d’analyser l’effet du plan d’attractivité sur les phénomènes d’évitement et apporter un éclairage scientifique sur la stratégie adaptée pour chaque établissement puis sur son bilan. Composée d’un comité d’experts spécialistes des questions scolaires (sociologues, acteurs de l’Education nationale) et de membres de la communauté éducative, cette structure contribuera à trouver les bons leviers afin que toutes les familles refassent à nouveau confiance aux collèges publics de leur secteur.
Des collèges plus désirables
Comme une dizaine d’autres établissements, le collège Jean de Beaumont de Villemomble bénéficie d’efforts particuliers dans le domaine scientifique. « Cette année, les élèves se sont appropriés la méthodologie de recherche scientifique en travaillant avec des laboratoires en didactique des mathématiques » explique le professeur Baptiste Gobard. Les collégien·nes ont pu présenter le fruit de leur travail dans les locaux de la faculté de médecine Paris-Descartes. Les adolescent·es ont également participé à une pièce de théâtre filmée inspirée par cette restitution avec certains élèves à besoins spécifiques.
L’établissement profite aussi d’une salle informatique dédiée aux sciences avec du matériel expérimental (paillasses, microscopes…), des jeux de société liés aux mathématiques, du mobilier mobile pour travailler en groupes. « Les 14 collégien·nes souffrant par exemple de TDAH ou de troubles du comportement ont aussi bénéficié d’un financement pour acheter du matériel adapté facilitant leur apprentissage comme des casques anti-bruit ou des paravents de concentration » indique Cindy Leroy, enseignante et coordinatrice Ulis de l’établissement.
Le Département s’engage pour que les collèges inclus dans le Plan Attractivité, les plus « évités » soient priorisés en matière de financement de projets ou de matériels. Une façon d’agir pour plus de mixité scolaire et changer par l’excellence de l’offre de formation le regard des parents sur une quarantaine de collèges de secteur.

Installée au collège Jean-Lolive de Pantin, la Maison académique des Mathématiques vise à faire rayonner cette discipline dans les écoles, collèges et lycées du Département.
Crédit-photo : Bruno Levy