Allan Petre, Mission Apollo 93

Allan Petre, Mission Apollo 93
Réussite
  • A seulement 24 ans, cet ingénieur aérospatial de Villemomble est actuellement à Los Angeles, où il a été recruté par la NASA.
  • Un brillant parcours qu’il doit avant tout à sa propre force de travail, mais aussi à des professeurs qui ont su le guider vers une passion.
  • « Ne vous auto-limitez jamais », conseille-t-il à des collégiens, qu’il va régulièrement voir pour partager avec eux son parcours.

Entrer à la NASA, vous en rêviez depuis tout petit. Ca fait quoi de réaliser son rêve ?

Je crois que je vais réaliser petit à petit. Je suis fier, forcément. Petit à petit, les souvenirs de tout ce que j’ai fait pour y arriver remontent, ça fait drôle. Le centre ici est immense, il doit y avoir quelque chose comme 6000 ou 7000 salariés, dont 5 ou 6 Français.

Qu’allez-vous faire pendant les 6 mois que dure votre contrat ?

Je vais travailler au Laboratoire de propulsion spatiale dont le nom est un peu réducteur car il réunit en fait beaucoup d’autres choses au-delà des seuls lancements d’engins. Il comprend en fait tout le spectre des sciences liées au spatial : de l’ingénierie spatiale pour concevoir des sondes, des satellites, des rovers… Moi je vais faire de la mécanique des fluides atmosphériques et étudier en particulier la planète Vénus. Ce n’est pas moi qui ai choisi ce sujet, mais c’est celui que la NASA et la chercheuse que j’avais contactée m’ont proposé, et ça me convient très bien.

Il va travailler sur la planète Vénus

Quel a été votre parcours pour en arriver là ?

J’ai fait une scolarité tout ce qu’il y a de plus normal à Villemomble. Depuis mes 9 ans et une sortie scolaire organisée avec mon école pour aller voir les étoiles, je rêvais de travailler dans ce domaine. Après mon collège et lycée, je n’ai pas forcément été bien orienté : j’ai fait un an de DUT Gestion des entreprises qui ne me plaisait pas. C’est là que j’ai décidé de prendre un risque pour revenir vers mon envie première : j’ai fait un autre DUT Génie Thermique et Energie à Ville d’Avray. Ce n’était pas évident, j’ai dû m’accrocher parce que pour financer mes études, j’ai alors dû prendre un boulot à côté les week-ends comme vendeur. Les longs déplacements entre la Seine-et-Marne où on avait déménagé et Ville d’Avray n’ont pas été fatigants eux aussi. Mais ça en valait la peine : j’ai fait une école d’ingénieur au Conservatoire des Arts et Métiers et à l’ENSMA de Poitiers, avec une alternance effectuée chez Ariane Group.

« Grandir en Seine-Saint-Denis a été une force »

Est-ce qu’à un moment, le fait d’avoir grandi en Seine-Saint-Denis a été un frein pour vous ?

Non, jamais. Je dirais au contraire que ça a été une force. Quand on vient d’un département qui est parfois mal considéré et que dans sa famille, on n’a pas forcément les contacts – ce qui est mon cas : personne dans ma famille ne travaille dans l’aérospatial – on a doublement l’envie de réussir. Non vraiment je n’ai pas senti de frein si ce n’est le fait que j’ai été mal orienté à la sortie de mon lycée. Des profs ont voulu me dissuader de devenir ingénieur aérospatial, pensant que c’était un choix ultra-sélectif, mais je ne leur en veux pas.

S’il y avait une chose à changer dans l’orientation, ce serait quoi alors ?

Je dirais d’écouter davantage les élèves. Evidemment il ne s’agit pas de faire de choix incohérents. On ne va pas s’engager dans un métier hyper technique si on a des mauvais résultats en maths. Mais je pense que le plus important, c’est de trouver une passion. Une fois qu’on l’a, il vaut mieux tenter pour ne pas avoir de regrets plutôt que de s’engager dans une voie qui au final ne nous plaira pas.

C’est ce que vous dites aux nombreux collégiens que vous êtes allés voir pour partager votre parcours ?

Oui, et aussi qu’il ne faut jamais s’auto-limiter. Evidemment qu’on peut échouer, mais si on essaie pas, lors là c’est sûr : il n’y a aucune chance d’y parvenir. Quand je vais voir des classes, et ça m’arrive souvent, je leur dis aussi qu’il ne faut pas me voir comme une exception. A l’école, j’avais de bonnes notes, mais pas non plus exceptionnelles. C’est ma motivation qui m’a mené là où je suis, et le fait d’aller oser frapper aux portes comme quand j’ai contacté cette chercheuse de la NASA dont je suivais les recherches.

Et maintenant, vous voulez être le prochain Thomas Pesquet ?

Pourquoi pas. Je vais en tout cas essayer de marcher dans les pas de Thomas Pesquet et Sophie Adenot. Les pré-requis sont d’avoir 27 ans minimum et un Bac+5 scientifique. La prochaine campagne de recrutement pour devenir astronaute devrait être en 2030, j’aurai alors 30 ans et de l’expérience en plus. Je tenterai, comme j’ai l’habitude de le faire, et tant mieux si ça marche. Sinon, je serai déjà très content comme ingénieur parce que tout ce que je veux, c’est contribuer aux prochaines avancées spatiales.

Propos recueillis par Christophe Lehousse

Crédit photo : Hamilton de Oliveira

Allan Petre en 3 lieux :

Le Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget :

« Je l’ai découvert en primaire. J’ai un peu grandi avec parce que j’y allais aussi pour les Salons du Bourget. Des lieux comme ça font rêver. Il faut y emmener les élèves pour qu’ils y découvrent des choses qu’on ne voit pas forcément à l’école »

Le Stade de France :

« Parce que j’aime beaucoup le foot. J’y ai aussi vu des concerts comme The Weeknd. »

Le parc des Coteaux d’Avron à Neuilly-Plaisance :

« J’y allais beaucoup quand j’étais en seconde, il est juste au-dessus de chez moi. De là, on a une belle vue sur Noisy-le-Grand et Neuilly-sur-Marne.»

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