Louise Lengagne : une modiste et chapelière tout en nuance
- Louise Lengagne redefinit l’art du chapeau traditionnel pour les particuliers.
- Sur son site Nuance Chapeaux Paris, elle dévoile un style où les techniques héritées du passé fusionnent avec un design très actuel. Dans son atelier installé à L’Île-Saint-Denis, elle ouvre régulièrement ses portes au public pour proposer des visites sur les chapeaux de feutre et de paille et pour des workshops d'initiation à la chapellerie.
- Ingénieure et architecte de formation, elle s’est reconvertie vers l’âge de 30 ans dans l’artisanat d’art en fondant cet atelier proposant aussi de la confection et du prototypage pour des comédien·ne·s, des marques de mode etc. Parallèlement enseignante en arts plastiques dans un collège à Stains, elle milite pour une création made In Seine-Saint-Denis et son atelier a récemment reçu le label Artisan du tourisme. Portrait.
Son atelier lumineux, cosy et tout en bois dénote avec le cube massif du centre commercial voisin, Marques avenue situé sur le même quai de la Seine à L’Île-Saint-Denis. Rempli de couvre-chefs aussi divers par leurs formes, matières et coloris, il regorge aussi de tissus, de moules, et du matériel nécessaire à son artisanat. Louise Lengagne fait partie des 50 derniers modistes chapeliers indépendants en activité en France.
Sa passion a émergé pas à pas dans son parcours de vie. Bonne élève, ses parents, et ses professeur·e·s surtout, la poussent vers des études scientifiques « plus sûres » en termes de débouchés professionnels qu’une filière artistique. Mais son temps libre est entièrement tourné vers l’art. Dessin, théâtre, cinéma, elle suit dès son enfance, comme un cursus parallèle, pour nourrir sa créativité. Diplômée en ingénierie et architecture, Louise travaille comme cheffe de projet dans le BTP mais comprend très vite qu’elle n’est pas faite pour la routine de bureau même si l’expérience lui sert aujourd’hui pour structurer et organiser Nuance chapeaux Paris. Toujours sur deux fronts à la fois, elle fait les beaux-arts en cours de soir mais l’attrait du chapeau est déjà là. D’ailleurs, elle choisit ne pas faire de ses dessins porteurs de ses expressions intimes et personnelles son gagne-pain quotidien, l’artisanat d’art correspondant plus à ses aspirations.
Aussi loin qu’elle s’en souvienne, le chapeau a toujours fait partie de sa vie. Elle le portait déjà dans les années 90 pour son côté décalé et se démarquer, elle qui fréquentait des milieux artistiques. Puis en rencontrant des chapelières chez qui elle fait de petites formations par plaisir, elle comprend qu’elle a trouvé une vocation.
Elle se lance alors dans un CAP chapellerie, puis de broderie d’art en cours du soir encore et toujours en parallèle de son job dans le BTP, connaissant des années de dur labeur. Sûre de son destin dans la création de chapeaux, elle quitte définitivement la PME qui l’emploie en passant un CAPES pour devenir professeure d’arts plastiques et assouvir aussi un désir de transmission via sa profession. Cela se concrétisera quelques années après son CAPES, quand elle amènera certain·e·s de ses élèves au 19M à Aubervilliers pour leur faire toucher du doigt les métiers d’art, et pourquoi pas, susciter des vocations…
Sa première affectation comme titulaire intervient au collège Sisley à l’Île-Saint-Denis où elle gère toutes les classes, étant la seule professeure d’art plastique dans l’établissement. Une autre année difficile mais qui la forge. Aujourd’hui, elle est épanouie dans son métier d’enseignante à temps partiel qui la fait vivre, la « maintient dans le réel » et dont les interactions avec les jeunes plein d’énergie la boostent au quotidien. Cette hyperactive jonglant avec sa vie de maman (son fils est né en 2023) et de prof a pour objectif de transformer son atelier en espace de création viable. Vivre et non survivre de son artisanat, conserver le savoir-faire traditionnel, valoriser les autres métiers artisanaux qui y sont associés (comme celui des formiers qui créent les formes en bois des moules avec qui elle est en cocréation de ses modèles, les plumassiers etc.) la motivent.
Ancrage en Seine-Saint-Denis
Née en 1986 dans le Nord, Louise a grandi en Bourgogne, étudié à Besançon et évolue depuis plus d’une dizaine d’années en Seine-Saint-Denis. Après un passage par Paris ou Montreuil, elle a posé ses valises dans le nord du département où son « triangle d’or » à elle relie Saint-Denis où elle réside, Stains où elle enseigne et l’île-Saint-Denis où elle façonne ses créations. « Et puis c’est à Mains d’œuvres à Saint-Ouen que j’ai fait mon premier marché expo-vente !« précise-t-elle pour boucler cette boucle séquano-dionysienne.
Sa marque, Nuance chapeaux Paris, est née en 2019 et nommée ainsi car Louise revendique la subtilité et la nuance dans ses créations « même pour une pièce audacieuse comme un chapeau de mariage dont je vais lancer une collection l’an prochain ». En 2020, elle reçoit le titre de Jeune talent des métiers d’art mais la crise Covid la prive de son stand au Carrousel du Louvre, récompense du prix, ralentissant le décollage de Nuance chapeaux. Elle privilégie le réemploi pour les rubans, tissus… Louise travaille aussi avec des matières naturelles (de préférence française) comme le feutre et la paille avec des moules anciens rénovés, le nombre de chaque modèle dépendant de la quantité de tissu récupéré, générant souvent des séries limitées notamment pour les accessoires et les garnitures des chapeaux.
Le prix oscille entre 120 et 200 euros la pièce car la matière première est coûteuse avec des heures de travail. « Le tarif reste raisonnable pour un chapeau entièrement fait main » justifie-t-elle. Et techniquement, contre toute attente, « le feutre est plus simple à travailler que la paille » dont elle n’arrive pas à se fournir en France, la paille venant surtout d’Asie où il est difficile d’avoir une traçabilité sur le produit (mode de production, respect des travailleurs et travailleuses…), critère très important pour elle.
En décembre 2023, elle fait partie des 21 créateurs et créatrices labellisé·e·s Artisan du Tourisme. Initié par le Département, la Chambre des Métiers d’île-de-France et Seine-Saint-Denis Tourisme, ce label met en lumière l’excellence des métiers d’art et des métiers de bouche locaux, offrant ainsi une expérience unique aux riveraine·s et aux touristes.
Louise Lengagne est aussi ambassadrice de la marque territoriale In Seine-Saint-Denis.
Pleins de beaux projets, de défis, et de collaborations à venir, Nuance chapeaux Paris et sa créatrice ne demandent qu’à prendre leur envol final.
Crédit photo : Bruno Lévy et Nuance chapeaux Paris
Pour en découvrir plus
Louise Lengagne participe régulièrement à des salons métiers d’art et des marchés de créateurs. Ses créations sont aussi disponibles dans une boutique partagée (située 21 rue de Turenne à Paris) jusqu’à fin septembre.
Les dates des prochaines visites de son atelier sont à retrouver sur Explore Paris. Et ses prochains workshops seront disponibles sur le site et réseaux sociaux de Nuance chapeaux Paris comme celui du 18 mai :
Instagram : instagram.com/nuance.paris/
Facebook : facebook.com/nuance.chapeaux
Site web : www.nuance-chapeaux.paris
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