Bastien Valensi, fondateur de Cabaïa : « venir du 93 est une force ! »

Bastien Valensi, fondateur de Cabaïa : « venir du 93 est une force ! »
Succès story
  • Sa marque Cabaïa s’est imposée dans le paysage quotidien.
  •  Partie de zéro en 2015, Cabaïa a désormais des perspectives de développement à l’international.
  •  Bastien Valensi, son créateur, qui a grandi à Aulnay-sous-Bois, porte en lui et depuis toujours de grandes ambitions.

« Petit, je voulais gagner Roland-Garros… Quand j’ai vu arriver un Rafael Nadal et que j’ai compris que je ne serais jamais un grand joueur, j’ai laissé tomber le tennis et créé mon entreprise, qui était mon plan B ». Gagner Roland-Garros ou rien. Cette sentence définitive résume bien la personnalité de Bastien Valensi, entrepreneur de 36 ans, père de deux jeunes enfants, et qui est à l’origine de la « success story » de Cabaïa, la marque d’accessoires et de bagagerie (dont les sacs à dos personnalisables avec des pochettes interchangeables sont le produit phare). Si cette nouvelle référence peut faire rêver tout·e chef.fe d’entreprise en devenir, la réussite de Bastien Valensi ne s’est pas faite en un jour.

Après avoir pris le goût de vendre des vêtements sur Ebay pendant ses études en IUT de gestion, (au point de devenir l’un des plus gros vendeurs du site), il créé à 18 ans son site de vente en ligne, c-mod.com. D’abord dans sa chambre, puis dans le garage de ses parents. Il installe ensuite ses bureaux dans un entrepôt de la zone franche de Clichy-sous-Bois où il engage ses premiers employés dont son magasinier qui habite le secteur. Sentant arriver la concurrence des géants comme Zalando, il ouvre une boutique physique à Paris 15ème pour se diversifier mais qui se révèle être sa pire expérience professionnelle. Cette aventure se termine par la vente de son fonds de commerce pour éponger ses dettes. Paradoxalement « cette période où je rate tout, cette descente aux enfers », comme il la nomme, correspond aussi au moment de sa vie où il apprend le plus et sera finalement très formatrice.

En 2015, alors âgé de 28 ans, il repart de zéro et fonde Cabaïa. Son rêve ? Créer une marque durable qui traverse le temps, les tendances et les époques comme Havaïana, Levi’s, Converse ou Birkenstock. L’inverse du phénomène « de mode », mode à laquelle il avoue ne rien connaître. Il réfléchit à un concept et a l’idée d’un bar à bonnets personnalisables. Il installe un stand éphémère (pop up store) au centre commercial Velizy 2 dans le 78. Dès l’ouverture, le principe des pompons interchangeables cartonne. Il comprend immédiatement que Cabaïa va décoller. Et pour cause. 8 ans plus tard, Cabaïa compte 200 salarié·e·s, bientôt 100 millions de chiffres d’affaires, 30 boutiques et un réseau de 2.000 revendeurs. Sa marque se hisse en seconde position sur les ventes de sac à dos en France juste derrière le géant Eastpack, et devrait même bientôt le dépasser en France

Si le travail acharné a fini par payer (« les débuts de Cabaïa à Velizy c’était 7 jours sur 7 pendant 4 mois avec certaines nuits passées à dormir dans mon camion »), la fibre entrepreneuriale est aussi un héritage familial. Sa mère travaille comme assistante sociale, mais côté paternel, on est dans le commerce depuis trois générations, avec un grand-père qui s’est installé comme épicier à Belleville, à son arrivée de Tunisie, quand le père de Bastien n’avait que quelques années. D’ailleurs, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, Bastien Valensi a toujours aimé commercer. « A 6 ans j’ai lancé ma première « affaire » de livres imprimés. Je recopiais quelques pages sur un ordinateur, les imprimais, en faisais des « livres » et sortais les vendre dans ma rue du quartier Nonneville. Ce fut aussi ma première leçon : toujours revendre plus cher que l’on achète ! Bien sûr je vendais tout car voir un gamin de 6 ans faire du porte à porte avec ses livres à 2 francs, je suppose que les voisin·e·s devaient trouver ça mignon mais mon père m’a expliqué que je vendais à perte… Le prix de ventes ne couvrait même pas les dépenses en cartouches d’encre. » A 14 ans, il tente un nouveau business, profitable celui-ci. Alors en sport-études tennis dans une académie à La Plaine Saint-Denis, il propose de corder des raquettes pour 8 euros contre 12 euros chez Decathlon. Il passe ¾ d’heure par raquette mais commence à gagner de l’argent grâce à ce travail. Car s’il se souvient d’une enfance heureuse « et n’avoir jamais manqué de rien », ne pas recevoir d’argent poche fut pour lui une leçon de vie et d’indépendance. La parabole d’apprendre à pêcher plutôt que donner du poisson fait partie intégrante de l’éducation reçue par Bastien. « Quand j’avais besoin de nouvelles baskets, mes parents m’achetaient celles de base pour jouer au tennis mais si je voulais celle qui coûtait 100 francs de plus parce que c’étaient des Nike, c’était à moi de me débrouiller pour payer la différence. Un été, j’ai travaillé avec mon père dans sa casse auto à Goussainville. Je gagnais 200 francs par semaine mais à l’époque ça me paraissait énorme ! Finalement j’ai toujours travaillé pendant mes études comme serveur ou autre. »

Lui qui est né aux Lilas et a vécu à Aulnay jusqu’à ses 20 ans reste toujours en lien avec son département notamment via Réseau Entreprendre 93 qui l’a aidé aux prémices de Cabaïa avec la somme de 30 000 euros et dont Cabaïa est maintenant un sponsor en soutenant à son tour ce réseau. Et s’il n’avait qu’un conseil à donner à celles et ceux issu·e·s de banlieue et qui souhaitent monter leur entreprise : « Ayez de l’ambition surtout ! C’est le plus important. Quand on vient de Seine-Saint-Denis, on ne nous voit pas arriver… Croyez-moi, venir du 93 est une force !».

Photo par Bruno Lévy.

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