Allan Petre, 5 mois à la NASA

Allan Petre, 5 mois à la NASA
Interview
  • En janvier, cet ingénieur aérospatial, originaire de Villemomble, a été recruté par la NASA, où il fait partie des rares Français à avoir décroché un contrat.
  • Travail sur l’atmosphère de Vénus, échanges avec ses collègues : il nous raconte ses premiers mois sur le campus de Los Angeles où il fait partie des 5 000 employé·e·s de l’agence spatiale américaine.
  • Le jeune homme attachant de 24 ans entend, par son témoignage, inspirer d’autres jeunes.

5 mois après votre arrivée, êtes-vous satisfait de votre intégration à la NASA ?

Oui, j’ai été tellement bien accueilli! Ça se passe très bien. Dans le département « Propulsion thermique et matériaux » où j’ai été recruté, on me demande des choses qui sont vraiment en lien avec ce que j’ai étudié en école d’ingénieur et en DUT (Génie Thermique et Energie à Ville d’Avray). Donc j’ai pu très vite m’acclimater et être efficace.

En quoi consiste une journée-type pour vous ?

En gros, j’ai des horaires de bureau, ce qui m’a vraiment étonné. Je pensais faire du non-stop, mais l’atmosphère est plutôt détente. On bosse bien, mais on n’est pas non plus sur les rotules. J’ai mon bureau à moi. 80 à 90 % du temps, je vais travailler sur des simulations numériques par ordinateur. Notre mission consiste à fabriquer un « rover », un robot volant, qu’on va envoyer sur Vénus. Moi je travaille en ingénierie systèmes, sur la partie interne du « rover ». J’ai donc beaucoup d’échanges avec des collègues en électronique, robotique pour accumuler des données. Mais parfois on a aussi des essais et ça me permet d’avoir une approche plus pratique. Par exemple, dans les mois qui viennent, je vais travailler sur la construction d’une chambre qui va simuler l’atmosphère de Vénus, comme une grosse bonbonne de gaz si vous voulez.

Pourquoi Vénus ? Elle est vue comme la nouvelle planète à conquérir ?

Ce qui intéresse sur Vénus, c’est que c’est une planète qui ressemble beaucoup à la Terre : elle fait environ 12 000 km de diamètre, c’est une planète rocheuse comme la Terre, avec à peu près la même énergie thermique. Mais à côté de ces similitudes, il y a aussi d’énormes différences : Vénus possède une température de surface de 480°C, sa pression atmosphérique est 92 fois plus élevée que celle de la Terre et on sait que cette planète est remplie d’effets de serre. On veut donc comprendre si la Terre pourrait connaître les mêmes conditions que Vénus dans des millions d’années.

Y a-t-il d’autres Français qui travaillent avec vous ?

Avec moi directement non. On doit être une vingtaine de Français sur le campus, sur 5 000 personnes environ. Il y a aussi des Anglais et quelques Italiens. Mais à 95 %, ce sont quand même des Américains.

Dans quelques mois, l’Amérique élit un nouveau président. Ressentez-vous ça dans l’atmosphère du pays ?

Pas du tout. Personne ne parle de politique ici, les Américains sont très réservés là-dessus. Ils réservent ça à leur sphère privée.

Profitez-vous de votre temps libre pour visiter Los Angeles, voyager ?

Oui. J’adore Los Angeles qui est selon moi une ville beaucoup plus sympa que les retours que j’en avais eu. C’est vrai qu’elle est très étendue et qu’on a besoin d’une voiture, mais les habitants ont vraiment une bonne mentalité, très « good vibes », à la californienne. Sinon, j’en profite aussi pour découvrir les parcs nationaux alentours, car c’est ma première fois sur la côte Ouest. Mais je tiens à vous rassurer, je travaille aussi…

Vos anciennes écoles de Villemomble se sont-elles manifestées pour que vous reveniez témoigner chez eux ?

Oui. Je devrais prochainement participer à deux conférences, à Strasbourg et à Aix. A cette occasion, je vais sans doute aussi passer dans mon collège Louis-Pasteur à Villemomble et mon école primaire Saint-Exupéry. Je veux pouvoir continuer à inspirer d’autres jeunes comme moi, qui ne doivent rien s’interdire. Et je n’oublie pas que c’est avec mon école primaire que j’ai effectué ma première sortie pour observer les étoiles.

Propos recueillis par Christophe Lehousse

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