Festival des Repair Café : le bricolage contre le gaspillage

Festival des Repair Café : le bricolage contre le gaspillage
Reportage
  • Le 13 mai dernier, le Festival des "Repair café " rassemblait au Pré-Saint-Gervais les bricoleurs et bricoleuses de l'est parisien.
  • L'objectif : populariser l'idée de maintenir les objets en marche le plus longtemps possible en les réparant, plutôt que d'en changer à la première marque de faiblesse.
  • Retour sur cet événement, en attendant le prochain rendez-vous le 10 juin !

Boîtes à outils rutilantes ouvertes sur les stands installés, pieds de vélos dressés, casquettes jaunes vissées sur la tête… C’est le DJ « Prégardiste », qui, à onze heures tapantes, a donné le la du festival des « Repair café », en lançant ses galettes sur sa platine rechargeable aux rayons du soleil, dans la grande cour de l’école Brossolette, au Pré-Saint-Gervais. A l’origine de l’évènement, « Ecologie au Pré », une association qui existe depuis 2015 et qui propose notamment des ateliers gratuits de réparation d’objets, de jouets ou de vélo.

Une gervaisienne est dans les starting-blocks, les bras chargé d’une grande plaque recouverte de petits bitonios électroniques et de signes cabalistiques. Bien qu’elle soit ingénieure, elle bute sur la réparation de la carte électronique de son téléviseur. Derrière le stand, Philippe, un des fondateurs du Repair’café du Pré-Saint-Gervais, se charge de cette consultation.

On choisira d’en suivre une plus simple, juste à côté. Le grille pain d’Abdelouhab, un autre administré, fait sauter toute son installation électrique à chaque fois qu’il l’actionne. Avec à peine deux ans au compteur, il serait trop bête de s’en débarasser… mais l’engin n’est plus sous garantie. André et Bruno, réparateurs, se penchent sur la machine, la désossent vis par vis, l’auscultent, y plongent quelques pinces, hasta la victoria : un bout de pain coincé contre une résistance était responsable du pétage de plombs. Abdelouhab repart, ravi : à lui les tartines croquantes.

Coups de main et échange de savoirs-faire

Bruno est lilasien, s’il a accepté de descendre la côte qui sépare sa ville du Pré-Saint-Gervais aujourd’hui, c’est que le Repair Café du Pré a répondu présent lorsqu’il leur a demandé un coup de main pour animer les siens aux Lilas. « Cette année, l’idée est de passer un cap », en rassemblant les animateurs de repair café, ressourceries, recycleries et autres viviers de réparateur de l’est parisien. On fait des binômes des différentes structures pour se rencontrer, échanger nos savoirs-faire », continue Jean-Michel. Ainsi, on peut croiser dans la cour Bruno, mais aussi Caroline, salariée de la ressourcerie de La Noue à Bagnolet, et fondatrice de l’association « Les ressourcés », ou encore Jérôme, gervaisien mais animateur d’un lieu de réparation à Paris.

Réparer, recycler et créer du lien

Ce nom un peu bizarre provient du concept inventé à Amsterdam en 2009, et qui, depuis essaime :il existe désormais 2743 « Repair Café »dans le monde. « L’idée, c’est d’arrêter de cesser de balancer les objets à la poubelle à la première panne. On a aujourd’hui un problème : les objets coûtent très peu cher, et il est bien souvent moins cher de les racheter, plutôt que de les réparer en trouvant, par exemple, une pièce adéquate. Les autres finissent dans les poubelles du monde, en Asie, en Afrique. Alors on s’organise pour réparer ce qui peut l’être », résume Jean-Michel Sicot, le grand organisateur du festival. Nos réparateurs et réparatrices se concentrent donc sur les réparations très basiques. « Quand on a fondé l’association, avec Ecologie au Pré, quasi naturellement, les filles-dont moi- se sont chargées de l’accueil pendant que les garçons réparaient. A un moment, je m’en suis rendu compte, et ça m’a énervé : je suis très bricoleuse à la maison, et je sais changer des fusibles ou ressouder un fil. Depuis, je répare aussi », raconte Elizabeth.

Autre valeur chère au Repair Café : apprendre aux gens à faire eux-même, plutôt que de faire leurs réparations à leur place. Seuls 25 à 30% des objets cassés sont réparés par les bricoleurs et bricoleuses… « mais les gens ressortent toujours contents, parce qu’ils ont essayé », juge Bruno. Parfois, simplement trouver la panne, c’est déjà se sentir un peu moins handicapé par rapport aux tracas du quotidien. L’essentiel, dans le repair café, c’est de faire des choses ensemble et de redonner confiance aux gens . « J’aime bien bricoler, et je suis écolo dans l’âme. Il n’y a rien de plus gratifiant que de voir des personnes ravies de voir leur objet remarcher, alors qu’il suffisait d’un petit rien », estime André. Pas question, par contre, de marcher sur les plates bandes des commerces locaux : « Pour les vélos, qu’on pourrait tout à fait complètement réparer, on se contente de changer là une rustine, un câble, de regonfler les pneus. Pour les plus grosses réparations, on renvoie vers l’atelier qui vient d’ouvrir au Pré » explique Jean-Michel.

Jean-Michel Sicot organisateur du festival et membre de l'association
"On a aujourd'hui un problème : les objets coûtent très peu cher, et il est bien souvent moins cher de les racheter, plutôt que de les réparer"
Jean-Michel Sicot organisateur du festival et membre de l'association "Ecologie au Pré"

Si ça vous tente, le prochain « Repair vélo » aura lieu le 10 juin

au Pré-Saint-Gervais  74 avenue Jean-Jaurès-

En partenariat avec l’association « Les ressourcés »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *