Heureux comme un arbre en ville

Heureux comme un arbre en ville
Seine-Saint-Denis

Le Département s’est engagé, dans le cadre du Plan Canopée, à porter la surface arborée de la Seine-Saint-Denis à 20% d’ici 2030, en transplantant 30 000 arbres supplémentaires. Pour ce faire, ses équipes multiplient les plantations innovantes d’arbres d’alignement le long des routes départementales.

Majestueux témoins du temps, les arbres installés en milieu urbain nous offrent de précieux services en nous protégeant de la pollution de l’air, en luttant contre les îlots de chaleur ou en protégeant la biodiversité. Ces « puits de carbone » sont aussi bons pour notre santé physique et mentale : diminution du stress et de certaines maladies cardiovasculaires… Attachée à la nature en ville, la collectivité vient d’achever de nouvelles plantations d’espèces adaptées et la désimperméabilisation* de pieds d’arbres sur différents axes routiers du territoire.

Expérimenter de nouvelles pratiques

« Les prestataires du Département ont planté fin décembre rue Robespierre à Bagnolet une dizaine d’arbres dans des fosses favorisant l’infiltration des eaux pluviales » explique Cécile Rauscher, chargée d’opérations du Plan Canopée sur la RD39 et la RD928. Une demi-douzaine d’aulnes glutineux « Laciniata » résistant aux inondations et à la sécheresse grâce à leur épais feuillage ont été transplantés sur les abords de la départementale.


Par ailleurs, les professionnel·le·s ont favorisé des fosses novatrices (dont les fosses de Stockholm), capables de récupérer les eaux de pluie et les restituer aux racines par un système de mèches de capillarité obligeant l’arbre à plonger ses racines profondément dans le sol. « Une façon de réduire l’arrosage et de développer la biodiversité des sols » ajoute Cécile, attentive à conserver une terre fertile et riche en nutriments. « Nous avons aussi agi pour la désimperméabilisation des pieds de platane situés sur la route de Saint-Leu à Épinay-sur-Seine ».
Conscient·e·s de la nécessité de s’adapter au changement climatique, les agent·e·s collaborent avec le laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains de l’École des Ponts Paris Tech. Grâce à un ensemble de capteurs, les scientifiques pourront étudier pendant deux ans l’irrigation des arbres et leur pouvoir rafraîchissant.

Créer des boulevards arborés

Des zones plantées d’une surface de 1000m2 vont être achevées vers la mi-mars sur les à-côtés du boulevard de Paris aux Pavillons-sous-Bois. « Un prestataire a enlevé le bitume pour creuser des terrassements d’une profondeur allant de 60 centimètres à 1 mètre 30 » déclare Clément Detey, conducteur de travaux de l’entreprise d’espace verts. « Nos ouvriers ont ensuite rempli les terre-pleins d’eau, de cailloux et de terre avant d’y planter les arbustes enfoncés dans des cuvettes et de recouvrir l’ensemble de paillage ».


En concertation avec la Ville de Pavillons-sous-Bois, une quarantaine d’ormes, de charmes, de pommiers, de cerisiers… apporteront ainsi dans quelques années ombre et fraîcheur sur les abords de cette route départementale, en améliorant le cadre de vie des riverain·e·s. « Les pieds des arbres d’alignement seront entourés au printemps de plans de fleurs vivaces : géraniums, anémones, acanthes… semées par des paysagistes » ajoute Camille Piot-Baste, chargée de l’opération Plan Canopée sur la RD 78, qui a travaillé en étroite collaboration avec les services techniques de la commune.

En sus de l’ensemble des aménagements arborés le long des départementales, les amoureux·euse·s des espaces boisés profiteront prochainement d’une base de données en open data (ouverte à tous·te·s) recensant les différentes espèces remarquables de la Seine-Saint-Denis. Une façon, pour paraphraser Yannick Noah dans sa chanson « Aux arbres citoyens ! », de « faire changer les choses en proposant un autre monde pour demain ».

*La désimperméabilisation vise à remplacer des surfaces imperméables par des surfaces plus perméables en promouvant une bonne gestion des eaux pluviales sur les parcelles (capacité d’infiltration des eaux, échange sol-atmosphère, biodiversité…).

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Crédit-photo : Nicolas Moulard

Carine Arassus

Tous les commentaires2

  • Boujeant

    Je me permets de vous contacter à propos de la taille des arbres.

    J’ai la chance d’évoluer dans un environnement universitaire. Je côtoie des spécialistes et notamment des chercheurs dans le domaine du Développement durable et de l’environnement. Après avoir échangé avec plusieurs d’entre eux, il apparaît qu’un arbre contraint par une taille sévère ne sera pas fragilisé par une taille plus douce et plus libre si cela est progressif.

    Nous sommes nombreux à nous interroger sur la coupe, dîtes en rideau, des arbres de différentes rues (avenue de la résistance, boulevard Rouget de l’isle…). Nous ne comprenons pas que le département ne fasse pas le choix d’une taille libre. Effectivement, l’intensité et les périodes de canicule s’accentuant, beaucoup d’entre nous dont les appartements sont ouverts sur l’ouest et le sud souffrent de cette exposition. Or les arbres ont plusieurs vertus rafraichissantes qui ici ne sont pas exploitées. Ainsi taillés, ils protègent les habitants des 1ers étages, mais pas plus.

    Nous demandons _ à l’instar de la rue Paul Doumert_ que les arbres cessent d’être taillés en rideau afin de protéger les habitants des effets délétères du réchauffement climatique.

    En vous remerciant par avance,
    Dorothee Boujeant

    • Axelle Perrot

      Bonjour Mme Boujeant,

      Nous sommes conscients des enjeux climatiques et de la problématique des îlots de chaleurs urbains. Il faut savoir qu’en 2020, le Département de Seine-Saint-Denis a adopté son « Plan Canopée » (en PJ et lien du site https://seinesaintdenis.fr/Plan-Canopee-2020-2030 ) ayant pour but la revalorisation de l’arbre en ville dont un des objectifs est justement de limiter la taille des arbres et de privilégier la taille en port libre.

      Cependant, c’est un travail qui prend du temps. Nous avons un patrimoine arboré vieillissant qui a subit nos anciennes pratiques d’entretien. Notamment, comme vous l’avez abordé de nombreux axes taillés en « rideau ». Ces arbres se sont développés d’année en année en fonction de ces tailles. Changer de type de taille doit se faire progressivement et demande un suivi, une garantie sur l’enjeu sécuritaire ainsi qu’un engagement financier conséquent. A noter que nous avons déjà commencé ce travail de reconversion sur certains axes de Montreuil : la RD43 avenue Victor Hugo et la RD37 boulevard de Chanzy.

      Enfin, parfois nous avons sur certains axes la volonté de garder une taille architecturée soit parce que le contexte urbain ne permet pas le développement en port libre du-dit arbre soit car nous avons un objectif paysager le justifiant. Sachez qu’au final, dans le renouvellement de notre patrimoine arboré nous avons dans le choix des essences et dans l’emplacement des fosses d’arbre pour objectif l’augmentation de la part du développement en port libre.

      En espérant avoir répondu à vos questions.

      Bien cordialement,

      Direction de la Nature, des Paysages et de la Biodiversité

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