Debout les reines !

Debout les reines !
Exposition photo
  • Jusqu’au 31 décembre, des portraits de femmes victimes de violence, posant en reines, sont à découvrir sur les grilles du jardin de la Basilique Cathédrale de Saint-Denis.
  • L’exposition est issue du projet Debout les Reines !, mené à la Maison des femmes.
  • La photographe Louise Oligny nous raconte ce projet.

Pourquoi avoir choisi de représenter ces femmes en reines ?

Louise Oligny : C’est une façon de respecter ces femmes qui ont été victimes de violence, d’affirmer qu’elles sont des reines, qu’elles sont belles, qu’elles sont fortes. C’est aussi une façon symbolique de dire que les femmes reprennent le pouvoir alors qu’on leur a plusieurs fois retiré le trône dans l’histoire de France. En amont, une réflexion sur le genre de reine qu’elles souhaitaient incarner a été menée. Certaines ont choisi d’être conquérantes, d’autres douces. Quelques-unes ont aussi souhaité poser avec des objets symboliques pour elles. Cela fait vraiment écho à leur histoire.

Comment est né ce projet ?

L.O. : J’avais réalisé un premier travail artistique sur la peau des femmes victimes de violence et, depuis six ans, j’anime avec Clémentine du Pontavice [autrice-illustratrice] l’atelier « Réparer l’intime » à la Maison des femmes. Marie Leroy, la chargée de mission Droits des femmes à la mairie de Saint-Denis, a eu l’idée d’exposer les portraits réalisés mais le projet n’avait pas été prévu ainsi. Nous avons donc proposé d’en monter un nouveau en parallèle. Serge Santos, l’administrateur de la Basilique Cathédrale, a été enthousiaste. Certaines femmes aussi. D’autres sont venues ensuite, après avoir vu les premières photos.

En quoi les deux projets diffèrent ?

L.O. : « Réparer l’intime » est au service des femmes, à l’écoute de leurs besoins. Les femmes y créent des bijoux, je les prends en photo avec, puis elles se dessinent à partir de la photo. Elles se rendent compte ainsi qu’elles peuvent encore créer, se voir, se dessiner, s’apprécier. L’atelier fait partie du parcours de soins et ce sont d’ailleurs les médecins qui le proposent aux femmes, selon leurs besoins et leur fragilité. Se confronter à son image, se regarder, être regardée peut en effet être assez ébranlant. Il faut que les femmes soient prêtes. Les Reines est lui un travail artistique. Même si cela reste bienveillant, ce sont les femmes qui entrent dans mon espace psychique. Leur histoire, leur force nourrissent ma création.

Comment ces femmes ont-elles réagi en découvrant leur portrait devant la Basilique ?

L.O. : Je leur avais montré les photos auparavant et elles étaient donc préparées mais, le soir du vernissage, elles étaient vraiment émues et très fières d’avoir eu ce courage. Pour certaines, ça a même été libérateur. Nous avons d’ailleurs reçu un très beau message d’un médecin de la Maison des femmes. Nous ne pouvons toutes qu’être fières de ce que nous avons accompli.

Exposition en libre accès jusqu’au 31 décembre sur les grilles du jardin de la Basilique Cathédrale, allée des 6 Chapelles (Saint-Denis). Plus d’informations sur le site de la Basilique.

 

La Maison des femmes

Créée en juillet 2016 par la docteure Ghada Hatem et rattachée à l’hôpital Delafontaine, la Maison des femmes de Saint-Denis est un lieu de prise en charge pluridisciplinaire des femmes en difficulté ou victimes de violences. Au sein de quatre unités de soins spécialisées (santé sexuelle et IVG, mutilations sexuelles, violences conjugales et intrafamiliales, agressions sexuelles et viols), les femmes sont accompagnées vers la guérison et l’autonomie par des professionnels de la santé, du droit, de la justice, des thérapeutes, mais aussi des artistes, comme Louise Oligny et Clémentine du Pontavice, et des sportifs.

Pour en savoir plus : https://www.lamaisondesfemmes.fr/

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