Mathilde Héraut, cœur d’Arti/Chô

Mathilde Héraut, cœur d’Arti/Chô
Écologie
  • Mathilde Héraut est spécialiste du design urbain.
  • Elle travaille le plus souvent à Noisy-le-Sec au sein de l’Usine des transitions, l’ex-site industriel des batteries Saft reconverti en ateliers où artistes.
  • Sa philosophie humaniste, elle aimerait à l’avenir élargir à celles et ceux qui sont relégués aux franges de la ville : les migrants et les réfugiés.

Mathilde Héraut est tombée toute petite dans la « marmite » qui la fait bouillonner aujourd’hui… Une manière comme une autre de commencer ce portrait par le début en vous racontant que cette spécialiste du design urbain est née, il y a 28 ans, à Tremblay-en-France, où ses parents enseignent alors dans un collège de Seine-Saint-Denis. Et puis, le couple de professeurs de sciences quitte l’Ile-de-France pour poser ses valises dans un village entre Lyon et Grenoble. C’est là que la jeune Mathilde grandit en humant les bonnes odeurs du chantier mené par son père pour édifier la maison familiale avec une ossature en bois.
Une vingtaine d’années plus tard, ces deux « héritages » géographique et olfactif forment une bonne part de l’ADN actuel de la titulaire du diplôme supérieur d’arts appliqués « Alternatives urbaines » : « La Seine-Saint-Denis, j’y suis née, j’y suis revenue pour y travailler et je m’y sens bien. Presque toute ma vie est dans le 93 désormais, un territoire qui se transforme, hyper-intéressant où il y a des choses à faire avec et pour les les habitant.e.s des quartiers », expose la jeune femme qui réside aujourd’hui à Aubervilliers.

Des jardins en partage

Et travaille le plus souvent à Noisy-le-Sec au sein de l’Usine des transitions, l’ex-site industriel des batteries Saft reconverti en ateliers où artistes, designers et artisans développent les principes d’une économie sociale et solidaire.
Dans un grand atelier qui fleure bon les copeaux de bois, Mathilde Héraut retrouve les odeurs de son enfance. Autour du grand établi -en bois évidemment- qui pose les bases de leur repaire solidaire, elle est l’une des six membres du collectif Arti-Chô constitué par le noyau dur de ses ex-collègues du diplôme supérieur d’arts appliqués « Alternatives urbaines » de Vitry-sur-Seine.
Avec eux, l’aventure professionnelle a commencé en 2019 en Seine-Saint-Denis toujours, aux Lilas où ils aménagent un jardin partagé au pied d’une cité. Un autre suivra à Aubervilliers au bord du canal Saint-Denis où dans le cadre de l’appel à projets Parisculteurs 3, l’association Terre Terre a fait naître une ferme urbaine. Et tout récemment encore, les « artisans ultra-chauds », la version longue d’Arti/Chô, ont livré un autre jardin partagé pour une association de Noisy-le-Sec, Les Tranquilles.

Tendre la main…

A chaque fois, récup’ et chantiers participatifs président à l’engagement du collectif. « Notre premier principe de travail, détaille Mathilde Héraut, c’est d’abord de comprendre ce que veulent les personnes qui résident dans ces différents quartiers. Nous n’arrivons jamais avec nos projets tout faits. Donc, nous partons toujours des besoins locaux pour créer des aménagements sur mesure. » Que ce soit pour des jardins partagés, l’aménagement de tiers-lieux ou de lieux publics ou encore la création de mobilier urbain.
Une philosophie humaniste que la jeune femme, également diplômée d’un BTS design d’espace, aimerait à l’avenir élargir à celles et ceux qui sont relégués aux franges de la ville : les migrants et les réfugiés. Auteure d’un mémoire de Masters sur le sujet en 2017, la jeune femme a en effet pour projet de travailler sur les « espaces abandonnés de la ville et comment on peut y recréer une vie afin que les migrants investissent les lieux. Souvent, ce sont des artisans avec une vraie compétence, des savoir-faire qu’ils ne peuvent pas exploiter, mettre en valeur parce que personne ou presque ne leur tend la main », regrette-t-elle.
Une manière de construire « la ville de demain plus solidaire et plus humaine » qui est au cœur d’Arti/Chô.

Frédéric Haxo

Crédit photo : Bruno Lévy

 

A l’œuvre sur le Bel été solidaire et olympique

C’est également au sein de l’Usine des transitions à Noisy-le-Sec que le collectif de constructeurs et designers Arti/Chô a conçu les totems d’accueil des stations de l’édition 2023 du Bel été solidaire et olympique. Des créations originales et pyramidales -conçues avec du bois servant au coffrage du béton- qui sont programmées pour durer plus que le temps d’un été.
En 2021, dans la même veine du recyclage, Arti/Chô était également lauréat du premier concours In-design et réemploi en Seine-Saint-Denis grâce à sa lampe Zamio, assemblée à partir de chutes de bois et de cordages récupérés sur des chantiers de construction.

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