La résidence d’artistes contemporains Artagon vient d’ouvrir au sein d’un ancien collège situé quartier des Quatre-Chemins à Pantin. Elle accueille une première promotion d’une cinquantaine de résident·e·s (peintres, vidéastes, éditeur·rice·s, porteur·euse·s de projets culturels…) et proposera régulièrement au public des rencontres ou des ateliers créatifs.
Après deux premiers locaux ouverts à Marseille et dans le Loiret, l’association Artagon, lauréate de l’Appel à agir In Seine-Saint-Denis du Département, a organisé un week-end portes ouvertes les 15 et 16 octobre dans l’ancien collège Jean-Lolive de Pantin. Plusieurs centaines d’habitant·e·s ont pu découvrir les oeuvres des résident·e·s, interagir avec eux·elles et profiter pour l’occasion d’animations festives, concerts, performances, projections…
Un espace collectif de production et d’apprentissage
Déployé sur plus de 4500 m2, ce lieu héberge des ateliers d’artistes dans les salles de classe et ouvre l’atrium et l’espace de restauration au public. « Les jeunes gens sortis des écoles d’art ont parfois du mal à se faire connaître des professionnels : galeristes, commissaires d’expositions, critiques… » , explique Anna Labouze, co-fondatrice d’Artagon et directrice artistique des Magasins généraux de Pantin. « Nous avons voulu réunir des créateurs de toutes les disciplines avec une dominante d’art plastique mais aussi avec de la danse, du cinéma, de la photographie, de l’architecture, des chercheurs, des artisans… ».
La structure, coordonnée par quatre professionnel·le·s, propose une vaste palette de ressources et de programmes destinés à la communauté et aux habitant·e·s : organisation de formations (sur les questions de droits d’auteur, réalisation de port-folios, contrats…) et de rencontres publiques sur des thématiques liées à l’art…
Les résident·e·s, souvent originaires de Seine-Saint-Denis, bénéficient aussi d’espaces de co-working (ancienne salle des professeurs…) pour se faire connaître des institutions artistiques d’Île-de-France. « Une façon de les aider à se créer un réseau et à se projeter dans un parcours professionnel » , ajoute Jeanne Turpault, responsable d’Artagon Pantin.
Une « ruche » ouverte sur la vie du quartier
Les artistes organiseront également des activités créatives avec les habitant·e·s ou les enfants des centres de loisirs ou des établissements scolaires environnants. Parmi ces jeunes talents, le vidéaste et sculpteur pantinois Ismail Alaoui Fdili s’intéresse à la pollution et au travail socialement dévalorisé dans les pays du tiers-monde. « J’ai monté des vidéos expérimentales composées d’images de décharges à Manille et au Sénégal pour questionner le spectateur sur la gestion de la pollution et la misère des chiffonniers qui se nourrissent de ce que nous rejetons » déclare-t-il.
La rédactrice Constanza Spina a de son côté créé le média en ligne Manifesto.XXI pour donner la parole aux personnes LGBT et féministes en fournissant une vision plus inclusive de l’actualité. Les dix journalistes de cette jeune rédaction se réuniront régulièrement dans les espaces de co-working pour définir le sommaire de leur web journal.
« Nous avons voulu démocratiser au maximum l’art contemporain en favorisant le brassage des populations » affirme Ségolène Souloy, responsable des publics d’Artagon Pantin. Pour ce faire, le tiers-lieu, subventionné par le Département, accueille l’espace de restauration Pas si loin qui propose aux habitant·e·s des plats bio ou en circuit court à prix réduit.
Une ludothèque ouvrira également ses portes dans ces locaux en novembre. L’association L’outil en main s’’installera et permettra à des artisans à la retraite de former des jeunes aux métiers manuels. Une façon de convaincre dès le plus jeune âge les Séquano-Dionysien·ne·s que l’art s’adresse à tous·te·s les citoyen·ne·s et pas uniquement à une élite autocentrée.
Les prochaines rencontres d’Artagon Pantin
Alexis Fournol et Simon Rolin, deux avocats au barreau de Paris exploreront l’environnement juridique des projets culturels vendredi 28 octobre de 9h30 à 12h30 (30 places). (Inscription ici)
Camille Bardin, critique d’art indépendante, commissaire d’expositions et fondatrice du podcast « Présent.e » s’interrogera lundi 31 octobre, de 17h à 19h sur la place des artistes dans les grandes foires d’art contemporain (30 places). (Inscription ici).