On a vécu Australie-Géorgie avec des collégien·nes
- Samedi 9 septembre, une cinquantaine d’élèves du collège Pierre-Sémard de Bobigny ont eu la chance d’assister à Australie-Géorgie, au Stade de France, dans le cadre de la Coupe du monde de rugby.
- Pour beaucoup d'entre eux, c'était leur première fois dans l'enceinte dionysienne.
- Au total, le Département a distribué 4000 billets à des habitants du territoire, pour leur faire vivre l’événement.
« Euh hello ! » Dans la file d’attente devant les grilles du stade de France, Nour surmonte sa timidité pour aller parler à Joady et Douglas, un couple australien venu tout exprès de Canberra pour vivre la Coupe du Monde. « Ouah, c’est la première fois que je parle à des Australiens », sourit la jeune fille, en 4e section rugby. Ce samedi est un jour de grandes premières pour la plupart des chanceux du collège Pierre-Sémard de Bobigny. Première linguistique donc pour Nour, première fois au Stade de France pour la plupart.
Le temps de gravir les marches qui mènent au bloc N de l’enceinte dionysienne, et l’effet Waow ne se fait pas attendre. « C’est grand, et y a vachement de monde ! », souffle Siham.
Ce jour-là, ils sont 51 élèves du collège Pierre-Sémard à s’installer dans les gradins, des sections sportives rugby – des classes qui ont des horaires renforcés rugby – mais aussi d’autres élèves. Au total, ce sont 4000 billets que la collectivité a achetés sur l’ensemble de la Coupe du monde pour associer un maximum de jeunes à l’événement.
Les hymnes passés, les Australiens démarrent pied au plancher. 5-0, puis 18-3, les essais s’empilent. Fatoumata, sacrée vice championne de France UNSS avec la section sportive de Pierre Sémard l’année dernière, apprécie en connaisseuse : « L’Australie est largement au dessus, j’aime bien leurs trois-quarts », juge celle qui est désormais en seconde rugby au lycée Voillaume d’Aulnay et rêve de porter un jour les couleurs de l’équipe de France.
Plaquages et Ola
Sur le gradin du dessous, Marouan, Khadim et Bouna, en 4e, en sont encore à l’étape d’avant, ce qui ne les empêche pas de profiter du spectacle. « T’as vu, ils plaquent à hauteur d’épaule, alors que nous, on n’a que le droit de plaquer aux hanches », fait remarquer Marouan, demi de mêlée en section rugby et à l’AC Bobigny 93, le club de la ville.
21-3 à la mi-temps, la Géorgie passe à côté de son match. Devant l’écart entre les deux équipes, le public décide de passer le temps en déclenchant une ola. « C’est beau, notre tour revient vite », se réjouit Abamoub.
Au retour des vestiaires, changement d’atmosphère, les Géorgiens sont davantage à leur affaire. Malheureusement, à la 70e, une erreur d’un joueur des Lelos (le surnom des Géorgiens) condamne définitivement son camp. « C’est fini, hein, ils reviendront plus là », analyse très justement Karish, 3 ans d’Ovalie derrière lui. « Moi ce qui me plaît dans le rugby, c’est l’esprit d’équipe, l’amitié », commente le jeune garçon, dont c’est aussi la première au stade de France.
Alors qu’on joue les 5 dernières minutes, le speaker annonce 75 770 spectateurs au stade. En redescendant les marches, Aaliyah-Shanaëlle retourne encore le chiffre dans sa tête. « J’ai été impressionnée par le monde, j’aimerais revivre ça », confie-t-elle.
Sous sa casquette, Alexandre Gau a lui aussi le sourire. « Des expériences comme ça, les gamins s’en souviennent souvent toute leur vie », se réjouit le responsable de la section sportive du collège. Et de continuer : « Le rugby, c’est vraiment un super outil. Il nous sert bien sûr pour mettre les enfants au sport, mais pas que. A travers lui, on transmet de la confiance, on sensibilise à l’égalité filles-garçons… Pour certains, il change carrément des trajectoires de vie. Quand on voit le sourire sur le visage de ces gamins, ça n’a pas de prix. »
Christophe Lehousse
Photos: ©Sylvain Hitau