Nouvelle saison, nouvelles ambitions pour le FC 93

- Après un exercice 2024-2025 particulièrement accompli et quelques semaines de vacances bien méritées, les joueurs du FC 93 ont repris l’entraînement le 7 juillet au stade Auguste-Delaune de Bobigny.
- Mais avec un effectif largement redessiné, des moyens limités et évoluant dans un championnat, le National 2, où tout le monde a ses chances, le club repart dans l’inconnu.
- Situation actuelle, objectifs, entrée possible de nouveaux investisseurs dans le capital… On fait le point.
Depuis le 7 juillet, après quelques semaines d’interruption, les frappes de balle accompagnées de quelques vannes bien placées se font de nouveau entendre au stade Auguste Delaune de Bobigny. Le FC 93, qui unit les clubs de Bobigny, Bagnolet et Gagny, a repris le chemin de l’entraînement avec un groupe dont les contours sont encore loin d’être dessinés mais avec un appétit intact. À un mois du début du championnat de National 2 (4e division), le 16 août, le club a conscience qu’il sera difficile de faire aussi bien que l’an passé mais, s’appuyant sur sa grinta, qui a toujours fait sa force, se dit prêt à relever les nouveaux défis qui s’offrent à lui.
Une saison 2024-2025 de haut vol
Un championnat démarré en boulet de canon (12 victoires lors des 15 premières journées), une deuxième place, fait nouveau pour ce club à ce niveau de compétition, derrière l’insubmersible Fleury, et une élimination sur le fil contre Angers, club de Ligue 1, en 32e de finale de coupe de France, n’en jetez plus ! Le FC 93 a réussi l’an passé la saison de sa vie. « En cinq ans, le bilan comptable est excellent : nous avons fini deux fois 4e, deux fois 3e et une fois 2e, constate Siné Danioko, le directeur sportif du FC 93. Pour la première place, nous n’avons pas encore réussi à briser le plafond de verre mais on progresse d’année en année. La saison dernière, nous avons par exemple battu Fleury deux fois, à l’aller et au retour, alors que cette équipe nous est supérieure sur le papier. » Seul bémol : le trou d’air en février-mars au cours duquel le club a perdu la tête du championnat et qui a coûté son poste d’entraîneur à Mohamed Coulibaly, arrivé un an plus tôt et remplacé par Walid Aïchour. « On a longtemps été en surrégime et on a fini par exploser car entre la coupe de France et les matches en retard, on a eu moins de temps que les autres équipes pour souffler durant la trêve hivernale, analyse Reda Keddouri, le capitaine emblématique du club. Quelques joueurs dont moi ont connu des pépins physiques et comme notre effectif n’est pas pléthorique, ces absences se sont fait ressentir sur le terrain. »
National 2 ou National ?
Aujourd’hui, il faudrait un miracle pour que le FC 93, deuxième de sa poule de National 2 la saison dernière, évolue un étage plus haut, en National. Mais la question s’est posée, l’espace de quelques semaines, après la rétrogradation administrative de Martigues en Régionale 1. Deuxième dans l’ordre des repêchages, derrière Châteauroux, le sort des Séquanodionysiens dépendait de l’avis de la DNCG, le gendarme financier du football français, chargée de statuer sur la situation des Castelroussins. Mais ces derniers ont réussi leur examen de passage et obtenu le droit de continuer l’aventure en National. « Nous n’avons aucun regret. Notre accession en National, nous allons essayer de la décrocher sur le terrain, à la régulière, lâche sans ambages Siné Danioko. On a terminé 2e derrière Fleury donc notre place est en N2 [un championnat où seul monte le premier] et cela nous va très bien. » Dont acte.
Un exercice 2025-2026 avec quel effectif ?
Dans le foot amateur en particulier, la pause estivale sert souvent à rebâtir un effectif qui reste toujours à l’affût d’offres meilleures. Le FC 93, en sa qualité de club modeste (800 000 euros de budget annuel quand d’autres concurrents du même niveau affichent des sommes quatre fois plus élevées) et formateur, n’échappe pas à la règle. À l’intersaison, 70 % des joueurs de l’équipe première sont partis sous d’autres cieux. « Actuellement, nous avons à l’entraînement beaucoup de joueurs à l’essai ou issus de nos catégories jeunes, affirme le coach, Walid Aïchour. On a réussi à conserver six cadres mais pas Farid Beziouen qui, à 39 ans et après quatre années extraordinaires, a décidé de rejoindre le club de Tremblay (Régionale 2) pour préparer sa reconversion professionnelle. Il va énormément nous manquer mais nous préparons un nouveau cycle, il fallait tourner la page. » Autre départ important, celui du gardien de but titulaire et très expérimenté, Oumar Sissoko. En fin de carrière, il est retourné jouer au Montreuil FC, son club de cœur. À l’instar des années précédentes, on va aller chercher des joueurs à fort potentiel dans des divisions inférieures, susceptibles de s’inscrire dans notre projet », précise Siné Danioko.
Rachat du club en vue ?
Depuis quelques mois, le FC 93 discute avec des investisseurs étrangers (britanniques et turcs, dixit les dirigeants) pour entrer dans le capital ou en vue d’un rachat. Mais rien n’est fait et au regard « de ce qui se passe dans d’autres clubs en France qui se font berner par des projets bidons, les négociations risquent de durer encore un certain temps, explique le directeur sportif. C’est un sujet délicat, on ne veut surtout pas se précipiter. Il n’y pas que l’aspect financier qui compte dans cette affaire, l’autre enjeu consiste à conserver notre ADN : rester un club ancré sur son territoire et tourné vers la jeunesse des quartiers et des villes environnantes. » Actuellement, le club vit grâce aux subventions des trois collectivités dont il dépend, à l’argent de partenaires privés et, depuis un an, au soutien financier d’Odsonne Édouard, joueur de Crystal Palace (Premier League, championnat d’Angleterre) et originaire du quartier de l’Abreuvoir à Bobigny, devenu actionnaire de son club formateur. « Odsonne est un partenaire capital car, en dehors de sa contribution financière, il apporte aussi son carnet d’adresses et son expertise, précise Siné. Il est très rare de voir un joueur encore en exercice s’investir à ce point dans un club comme le nôtre, il faut le souligner et nous lui en serons toujours reconnaissants. »
Grégoire Remund
Photos: ©Bruno Lévy