Une hockeyeuse de Seine-Saint-Denis aux J.O. !

« La patinoire de Neuilly, c’est ma deuxième maison ! Ma famille habite à 2 minutes à pied. J’y ai commencé par le patinage de vitesse à 4 ans, et à 7 ans je me suis mise au hockey comme mon frère. » Elle ne quittera dès lors plus son casque, sa crosse, ses épaulières, ses gants, ses genouillères, ses coudières… Au point d’intégrer la section sportive du collège Balzac avec des horaires aménagés pour plus d’entraînements au sein du Hockey Club Neuilly-sur-Marne 93, club conventionné avec le Département pour la promotion du hockey sur le territoire. Mais à cette époque, pas d’équipe filles chez les jeunes. Margot joue donc avec les garçons jusqu’à ses 17 ans. Malgré sa taille (1m58), elle a un physique solide et une belle détermination. Au point qu’elle joue en défense, allant au contact contre les garçons. Même lors des « mises en échec » où au hockey on percute l’adversaire en le percutant contre la balustrade. Ouch !

Une bisonne tricolore

Rapidement repérée par les entraîneurs nationaux, Margot porte le maillot des Bleues depuis ses 15 ans, chez les jeunes, puis dès ses 17 ans chez les seniors. C’est à ce moment que l’entraîneur national décide de la faire jouer en attaque. Pas de problème, Margot s’adapte ! Mais il lui reste de ses années de défenseure un goût particulier pour les passes décisives. « J’aime marquer bien sûr, mais emmener la défense, gardien compris pour offrir le palet à une coéquipière devant une cage vide, c’est propre ! »

Départ pour la Suisse

Tout va changer l’été de ses 18 ans, en 2018. « D’habitude, l’été, je fais une coupure avec le hockey, pour changer d’air. Mais cette année, avec mon frère, nous nous sommes inscrits dans un stage en Suisse. Et un entraîneur me repère et me propose de jouer au HC Université de Neufchâtel. Moi à ce moment-là, je ne savais pas ce que j’allais faire, alors j’ai dit oui ! » Après 5 saisons en championnat Élite féminin avec Neuilly, Margot joue pour la première fois à l’étranger. Pas encore un contrat pro, elle travaille alors comme jeune fille au pair pour poursuivre son rêve sur les patins.

Hockeyeuse voyageuse

Après 2 ans en Suisse, Margot Huot-Marchand part pour un vrai pays de hockey, la Suède, à Göteborg avec un championnat Elite très relevé. Elle y restera deux ans, puis deux autres années à Fallu, un autre club suédois, avant d’être contactée par Rögle. Ce club de la ville d’Ängelholm au sud du pays est un pilier du championnat Elite masculin et a même gagné la Ligue des champions en 2022. Il venait alors de créer une équipe féminine, avec de grandes ambitions. Cette année, les Vertes et Blanches sont encore en D2, mais avec l’ambition de monter. Et cela s’annonce bien car après 8 journées, les hockeyeuses de Rögle comptent 8 victoires en 8 matches et sont en tête. Margot y joue son rôle, avec de jolies statistiques, 9 buts et 10 assistances.

Depuis 5 saisons, les speakers suédois apprennent à prononcer « Margot Huot-Marchand « .

Margot fait sa place en Suède

« A Rögle, nous avons la chance de jouer devant 1800 spectateurs, c’est rare pour du hockey féminin ! Ici, j’ai un vrai contrat, et si je travaille encore à côté, c’est parce que je n’aime pas rester chez moi à attendre les entraînements. Je préfère être active. Le suédois, je m’y mets un peu, mais je connais surtout les gros mots ! (rires) Les entraînements sont en anglais, maintenant ça va, mais lorsque je suis venue pour la première fois en Suède, je ne comprenais pas grand-chose… » Mais Margot s’est accrochée, malgré l’éloignement de ses proches. « Cela fait maintenant huit ans que je suis partie, j’aimerais rentrer plus souvent, mais on s’habitue. Lorsque je reviens à Neuilly, je passe toujours par la patinoire, j’entraîne les petits. Je suis en train de passer mon DEJEPS pour continuer à entraîner. C’est vraiment un rêve de pouvoir vivre de sa passion. Lorsque j’ai commencé, je n’imaginais pas un instant que ce serait possible ! »

Désormais attaquante, Huot-Marchand sait rappeler à ses adversaires qu’elle a commencé en défense contre les garçons.

Rêve olympique

Et l’aventure gagne encore en intensité puisqu’en février 2026, Margot Huot-Marchand participera avec l’équipe de France aux Jeux olympiques d’hiver de Milan-Cortina. « C’est génial ! Je suis pressée d’y être ! Pour notre premier match le 5 février, nous allons jouer les Italiennes, chez elles à Milan. Elles vont être remontées à bloc, mais nous encore plus…. J’aime ça, les matches à gros enjeu, grosse tension. C’est la première fois que l’équipe de France féminine est aux JO. Si on pouvait atteindre les quarts de finale, ce serait top ! On aurait en face soit le Canada, soit les USA… Et jouer les grosses équipes, c’est super ! » Il n’y a plus qu’à souhaiter à Margot le même succès qu’à Sébastien Foucras, le dernier sportif de Seine-Saint-Denis à avoir disputé des Jeux Olympiques d’hiver. Cet habitant de Noisy-le-Grand avait remporté la médaille d’argent du ski acrobatique en 1998 à Nagano. « Noisy-le-Grand ? reprend Margot avec un grand sourire,  mais c’est là où je suis née ! Alors… »