Marion Bunel roule vers l’Avenir
- A seulement 19 ans et pour sa première année pro, la cycliste de St Michel Auber 93 a déjà remporté le Tour de l’Avenir et terminé 17e de son premier Tour de France.
- Celle qui incarne l’avenir du cyclisme français va boucler sa fabuleuse année 2024 par une sélection aux Championnats du monde sur route, ce samedi à Zurich.
« Le circuit des Championnats du monde est dur. Il y a deux ascensions sur la boucle, ce ne sont pas des cols, mais ça peut me convenir. » Quand elle nous parle au téléphone, Marion Bunel n’est pas encore à Zurich, en Suisse, où se déroulera ce week-end la course Elite femmes des championnats du monde, mais en esprit, c’est comme si elle y était déjà.
Samedi, la coureuse de 19 ans mettra par cette sélection aux côtés des Juliette Labous et autres Pauline Ferrand-Prévôt le point final à une saison magistrale… sa première chez les pros.
« C’est vrai que 2024 a été exceptionnelle, du début à la fin pour moi. Je l’ai abordée sans pression particulière, comme une année d’apprentissage et le résultat a été au-delà de mes espérances. »
Victoire au général du Tour de l’Avenir, succès sur l’Alpes Grésivaudan Classic, 2e place au Tour de l’Ardèche… bien vu Charlotte Bravard, la directrice sportive de St Michel Auber, d‘être allée chercher cette pépite !
« Déjà quand je courais chez les amateures, venir à St Michel était dans un coin de ma tête : je voyais sur les courses la bonne ambiance qu’il pouvait y avoir et quand en juillet 2023, Charlotte m’a proposé d’y commencer comme stagiaire, j’ai vu ça comme une super opportunité. La suite ne m’a pas déçue », raconte Marion Bunel, ravie d’avoir pu faire ses premières armes professionnelles aux côtés de Roxane Fournier, Marion Borras ou Victorie Guilman…
« Avec toutes ces filles – il faut y ajouter Dilyxine (Miermont), Célia (Le Mouel) – on est devenues un peu plus que des coéquipières, on forme un bande de copines et je pense que ça se ressent en course », témoigne la benjamine dont on ne sait pas encore si elle restera chez St Michel l’année prochaine.
Ses arrière grands-parents tenaient une boutique de cycles
Et de citer un événement révélateur pour elle de la solidarité qui règne chez les Madeleines : « au Tour de l’Avenir de 2023, quand j’étais encore stagiaire, je chute et casse mon vélo dans les Alpes. Charlotte Bravard, qui n’était pas sur cette course (puisqu’elle se court par équipes nationales), a alors fait la route de nuit depuis Paris pour m’apporter un autre vélo », n’oublie pas la Normande, native de Bernay, dans l’Eure.
Devenir professionnelle, cette grimpeuse d’exception y pensait depuis quelques temps, elle qui a multiplié les titres de championne de Normandie amateurs avant ça. Il faut dire qu’avec une famille qui baigne dans le vélo depuis toujours, elle a un sacré pedigree. « Mes arrière grands-parents tenaient une boutique de cycles à Livarot, mon grand-père et ma grand-mère aussi étaient coureurs, tout comme mon père », narre celle qui a commencé au VC Bernay avant d’enchaîner au VC Lisieux, terre de vélo s’il en est.
Pétrie de talent, la jeune pousse n’arrive cependant pas en pays conquis. Elle est même pleine de reconnaissance pour ces anciennes qui ont défriché le terrain avant elle. « Avant ma génération, faire le Tour ou d’autres courses ne pouvait pas être un objectif pour les filles vu que ces courses n’existaient pas. Là, depuis quelques années, ça devient possible et je mesure la chance que j’ai », se félicite celle qui a pour source d’inspiration la Néerlandaise Marianne Vos et l’Italienne Elisa Longo Borghini, qu’elle s’est même payé le luxe de battre cette année.
Au journal Ouest France, Marion confiait récemment avoir « pour rêve ultime de gagner un jour les championnats du monde ». On lui souhaiterait presque que ça ne soit pas déjà pour samedi, sur le circuit exigeant de Zurich. Car si on a déjà réalisé tous ses rêves à 19 ans, où va-t-on ?
Christophe Lehousse
Photos: ©Auguste Devaire