L’Union Drancy Saint-Denis monte au 4e échelon français

L’Union Drancy Saint-Denis monte au 4e échelon français
Rugby
  • Ils l'ont fait ! Menés de 15 points après le quart de finale aller de Fédérale 1 à Bagnères-de-Bigorre, les joueurs de Drancy/Saint-Denis Rugby 93 ont renversé la vapeur, dimanche, pour l'emporter 34-10 !
  • Une victoire qui les fait non seulement accéder aux demi-finales mais surtout à la Nationale 2 puisque les 4 demi-finalistes du championnat montent à l'échelon supérieur.
  • Un vrai succès pour cette union formée il y a seulement 2 ans, avec un fighting spirit représentatif du 93.

Dimanche, vers 16h30, le petit stade Guy-Môquet de Drancy a connu un envahissement de terrain généralisé. 1000 spectateurs ont fondu sur leurs héros du jour, les joueurs de l’Union Drancy Saint-Denis, auteurs d’une remontada magistrale.

Menés de 15 points après leur quart de finale aller face à Bagnères-de-Bigorre, Nouha Dabo, auteur d’un essai, and co ont trouvé en eux les ressources pour l’emporter de 24 points au retour (34-10). Se catapultant par là-même en Nationale 2, l’équivalent de la 4e division française. Jamais encore ces deux clubs (Saint-Denis et Drancy) n’avaient évolué à pareil niveau.

40 minutes auparavant, l’ambiance était pourtant beaucoup plus timide: « A la mi-temps, on est menés 7 à 10. Même si on jouait alors contre le vent et que le ballon glissait beaucoup, on ne pouvait s’en satisfaire. Dans le vestiaire, à la mi-temps, pendant 10 minutes, on n’a entendu personne. En 30 ans de rugby je n’avais jamais vu ça. Et pourtant, je n’ai pas interprété ça de manière négative: j’y ai plutôt vu des soldats hyper concentrés. 40 minutes plus tard, on avait scoré 27 points et eux 0… », résume Vincent Gassie, le manager général du club.

Le secret de cette équipe, meilleure marqueuse d’essais de sa poule cette année ? « L’expérience de l’année passée », lâche Demba Kane, son capitaine. Née d’une fusion entre deux gros clubs de Seine-Saint-Denis, le Saint-Denis Rugby 93 et le Rugby Drancy, l’Union, après une première année en dents de scie, a trouvé la bonne carburation. « Après une première année où on était sans doute trop nombreux, le groupe s’est resserré et tire dans le même sens », développe Kane, élégant demi de mêlée qui a débuté le rugby à l’ASPTT Pantin.

Dix joueurs de Seine-Saint-Denis

Alexis Teytaut, entraîneur des avants, voit lui une autre raison : « C’est un groupe qui tire sa force de sa diversité. Joueurs franciliens dont une dizaine de Seine-Saint-Denis, recrues étrangères, profs de sport montés du Sud, il y a de tout chez nous, c’est le 93 quoi. Mais entre tous ces joueurs, l’esprit du jeu est un langage commun. Ce qui nous anime, c’est un rugby offensif ».

Et les Ciel et jaune joignent le geste à la parole puisque personne ne fait mieux que ses 7 bonus offensifs dont un bon nombre acquis à l’extérieur. En mêlée aussi, c’est du costaud, avec grosso modo la première ligne de l’équipe du Sénégal, entraînée par un spécialiste de la mêlée, Guillaume Leleu, coach à Suresnes et intervenant ponctuel à l’Union.

Multiethnique et jovial, le collectif fait penser à celui des Louves de Bobigny, qui évoluent elles encore plus haut, en Elite. « C’est un groupe de potes, ultra motivé par le rugby et aussi très attaché au territoire du 93 », souligne Lilian Djomboue, talonneur qui, avec un vécu à Aurillac en Pro D2, pourrait prétendre à jouer plus haut. « Mais quand on m’a proposé ce projet, j’ai dit oui, parce que c’est la maison quoi… », complète celui qui a grandi à Noisy-le-Sec et est actuellement surveillant dans un collège de Drancy.

Aucun joueur pro

Car oui, aucun des joueurs n’est professionnel, tous travaillent à côté : le capitaine Demba Kane est gestionnaire à l’hôpital Delafontaine, Corentin Leboulanger, 2e ligne, est instituteur à Drancy, Florent Pernet, centre, coache l’équipe universitaire de Paris 13-Bobigny… « D’où seulement trois entraînements par semaine parce qu’on veut que toute l’équipe fonctionne sur le même rythme et pas former un groupe de pros et de non-pros. Ça, ça ne marche pas», explique le longiligne Vincent Gassie. Pas de professionnalisme donc dans les faits, mais de la minutie et du goût du travail bien fait, comme en témoigne aussi l’engagement des bénévoles, Stéphanie Castagna et Jeff Demery, qui ne quittent pas l’entraînement des yeux.

Le rêve de tous ces encadrants, bien souvent profs de sport en plus de leur activité en club ? Faire venir un maximum de jeunes au rugby, et ainsi développer un potentiel en Seine-Saint-Denis qui pourrait être fort, s’il n’y avait l’omniprésence du foot. « C’est sûr qu’ici, ce n’est pas comme dans le sud où tout le monde vient par réflexe au rugby. Mais sans doute qu’avec un beau parcours de l’équipe fanion comme on l’a cette année, combiné aux brillants résultats de l’équipe de France, on pourrait faire venir encore plus de monde en école de rugby », espère Bastien Darrieumerlou.

Reste maintenant à bien finir l’aventure pour l’équipe première. Pour la demi-finale, la formule change quelque peu: ce sera sur un seul match, en terrain neutre, contre l’Isle-Jourdain, un club du Gers, premier lui aussi de la saison régulière. Pour le 8 juin, date de la demie, le club est déjà en train d’organiser le déplacement d’un car de supporters. Vincent Gassie, originaire du Sud, se souvient: « ce genre de matches, petits, ça nous faisait frissonner. Les grosses chaleurs, les chants des supporters, l’odeur des merguez en tribunes, on vivait pour ça… » Et cette fois, c’est son club qui sera l’un des acteurs principaux.

Christophe Lehousse

Photos: ©BJRUGBYPHOTO (les 2 premières)

©Sylvain Hitau

Tous les commentaires2

  • Davezac Éric

    bonjour l’Isle Jourdain « un club du Gers » mais pas que. Son histoire (qui débute en même temps que le stade toulousain en 1907, son apport au niveau national (joueurs, entraineurs) et international (entraineur, sélectionneur, joueurs français et italiens) sa longévité, ses supporters, sa formation: 180 enfants de l’école de rugby, quatre équipes de jeunes (juniors et cadets) son quart de finale avec les espoirs cette année, (deux titres 2008 et 2009) en fédérale B entre autre; Il y a aussi sa position géographique avec 3 clubs de fédérale 1, deux en fédérale deux, un en pro D2 dans un rayon de 25 km, n’en font pas qu’un club du Gers, mais peut être un peu plus…

    • Christophe Lehousse

      Bonjour,
      Déjà merci pour votre message. Et oui bien sûr l’US L’Isloise est més que un club! Le Gers, avec Fouroux, Broncan, Alldritt, Jelonch et Super Dupont, est terre de rugby, personne ne le conteste. Mais vous verrez que le 93 aussi! Bon match à Guéret.

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