Grégory Poirier, coach du Red Star : «Faire grandir le club »

Comment se sont passés vos premiers pas dans votre nouveau club ?

Grégory Poirier : C’est avec beaucoup de joie et de sérénité que j’ai commencé début juillet ma nouvelle mission au Red Star. Un stage de cohésion [à la Baule, du 14 au 19 juillet] m’a permis de faire connaissance avec le staff et les joueurs mais aussi de mesurer ce qu’on était capable de faire, les axes sur lesquels qu’il fallait travailler et me faire une idée plus précise sur les forces et les faiblesses de chacun.

Pourquoi avez-vous préféré découvrir la L2 avec le Red Star plutôt qu’avec Martigues, également promu ?

De par son stade, son public, le contexte d’entraînement à Marville, avec un département performance qui pousse vers le haut, et son histoire, le Red Star m’attirait. C’est un club qui dégage quelque chose de particulier, de singulier. C’est aussi un choix de parcours. Avec Martigues, où j’ai connu deux montées en trois ans, j’avais largement atteint les objectifs fixés. Après toutes ces belles années, le moment était venu de prendre du recul, de ne pas rester sur l’affect mais d’être rationnel et de continuer à grandir. Si je suis venu à Saint-Ouen, c’est pour découvrir une autre façon de travailler et faire en sorte que le club continue de se développer.

Avez-vous aussi considéré que vous ne pouviez pas faire mieux à Martigues ?

Je ne m’étais fixé aucune limite sur les objectifs du club. J’ai juste estimé qu’après trois ans de bons et loyaux services, c’était pour moi le bon timing pour partir. Le foot étant rempli d’incertitudes, il faut savoir se quitter sur le meilleur et ne pas attendre que le moins bon arrive. Je suis très fier du travail accompli, c’était il y a quelques années quelque chose d’inespéré. Je tenais à m’en aller avec le sentiment du devoir accompli.

2024 est pour vous une très grosse année, entre la montée en Ligue 2 et l’obtention du BEPF (brevet d’entraîneur professionnel de football) qui vous permet de coacher où vous voulez désormais, vous avez dû être sacrément sollicité…  

C’est vrai, ma carrière connaît un nouveau tournant. Et si certains me voient comme un entraîneur à potentiel, d’avenir, mon plan de carrière reste inchangé : avancer tout en ayant une progression maîtrisée. Autrement dit, ne pas brûler les étapes et se croire plus beau qu’on n’est. Je suis ambitieux mais je veux franchir les paliers progressivement. En fin de saison dernière, j’ai été sollicité par d’autres clubs mais j’ai pris le temps de bien réfléchir. Le Red Star était pour moi le choix le plus sensé.

Venir au Red Star, où vous allez découvrir le monde professionnel, constitue quand même une mise en danger personnelle…

Effectivement, il va falloir repartir à zéro. Le capital crédit obtenu à Martigues est complètement effacé. J’ai conscience de tout ça. À moi de prouver que j’ai les compétences pour m’imposer ici. J’arrive dans un club avec des process, très structuré et conditionné pour grandir. J’ai analysé tout ça. Dans ma réflexion, c’était très important.

Continuer avec 90 % de l’effectif actuel

Cette patte Poirier avec un jeu porté vers l’offensive et loué par vos adversaires, c’est ce qu’on va retrouver cette année au Red Star ?

Après avoir analysé le Red Star comme adversaire la saison dernière, j’ai pu faire à mon arrivée un état des lieux approfondi. J’espère pouvoir rapidement mettre un trait d’union entre mon projet de jeu idéal et les capacités de l’équipe que je continue encore dé découvrir. Il faudra déjà répondre aux attentes de la L2, un championnat très exigeant avec des matches à haute intensité.

Vous venez de perdre le défenseur Rayane Doucouré sur blessure, qui jouait le tournoi olympique avec la sélection guinéenne. Connait-on la durée de son indisponibilité ? Songez-vous à recruter un joueur pour le remplacer ?

C’est un gros coup dur car il sera absent au minimum six à sept mois. Une réflexion est en cours pour savoir si on le remplace ou non. On va scruter toutes les éventualités qui s’offriront à nous.

Justement, avez-vous votre mot à dire sur le recrutement, avez-vous posé des exigences ?

Avec Reda Hammache, le directeur sportif du club, on travaille dans des conditions saines et en étroite collaboration, entre les besoins identifiés la saison dernière, le suivi des profils et mon projet de jeu. Nous avons eu un échange approfondi sur le cahier des charges à tenir et avons convenu de continuer avec 90 % de l’effectif actuel. Un effectif qui a performé la saison dernière, occupant les trois quarts du temps la tête du classement de National et dont nous sommes convaincus du potentiel. Pour encadrer ces jeunes, il nous faudrait quelques joueurs expérimentés qui connaissent le contexte Ligue 2 car le degré d’exigence ne sera évidemment pas le même. Mais l’arrivée de nouveaux joueurs impactera forcément sur les détails du projet de jeu. On devra être pertinent et ne pas se tromper pour avoir des recrues qui apportent une vraie plus-value.

Quel message avez-vous passé à vos joueurs durant la préparation ?

La première chose que j’ai faite a été d’insuffler une prise de conscience collective pour que chacun se rende compte de l’exigence du haut niveau. J’ai ensuite mis en place un projet de jeu et un projet de vie, qui passent par des valeurs qu’on va tenter de traduire dans nos matches et nos entraînements. L’autre gros enjeu a été de préparer sur un plan athlétique les joueurs à un championnat qui demande beaucoup d’endurance et qui propose chaque week-end des matches avec une grosse charge émotionnelle.

Comment voyez-vous cette saison ? Objectif maintien évidemment ?

On fait ce sport pour partager une aventure et des émotions. Le retour à Bauer en L2 était très important pour le territoire, les supporters, le club, l’équipe… On a ce devoir de tout donner à chaque match. En toute humilité, nous n’avons aucun objectif de classement, notre ambition est d’exister, de continuer à grandir. Et de proposer une qualité dans le jeu pour générer du plaisir et pour que le public en ait pour son argent. Dans un stade comme Bauer avec un kop qui met l’ambiance à chaque match, les joueurs vont avoir envie de se surpasser.

Propos recueillis par Grégoire Remund