Bakary Samaké, vainqueur à 20 ans
- Bakary Samaké, le jeune boxeur de Gagny, a franchi une étape jeudi 22 février en battant aux points l’expérimenté Ahmed El Mousaoui.
- A 20 ans, tous les espoirs sont permis pour ce frappeur déterminé à réussir.
- Avec une organisation Bakary production et de nombreux boxeurs et acteurs de cette soirée réussie au Zénith de Paris, la Seine-Saint-Denis montre encore qu’elle compte dans la boxe.
« Ah, tu es là aussi ! Tout le neuf-trois est là alors, sur le ring et autour, ça va être une belle soirée ! » Ali Oubaali m’accueille ainsi près de l’enceinte, au centre du Zénith de Paris. Pantalon noir, chemise bleue et nœud papillon, l’ex champion WBC Méditerranée et co-fondateur du Top Rank de Bagnolet est déjà prêt pour monter sur le ring, comme arbitre désormais. Juste à côté, John Dovi, formé au CSL Aulnay, vice-champion du monde amateur et ensuite entraîneur national de la fameuse Team solide française aux J.O. de Rio. Il ajuste son oreillette, prêt pour apporter son expertise au micro de RMC Sport. Tout au long de la soirée, la Seine-Saint-Denis sera représentée avec 4 boxeurs. C’est que la boxe, chez nous, on aime ça et on sait faire !
Pas moins de 5 combats professionnels, une salle de prestige avec le Zénith de Paris, une retransmission télévisée en direct, des invités de renom comme le champion de MMA Saladine Parnasse (natif d’Aubervilliers !)… pour sa troisième organisation Issa Samaké a fait les choses en grand ! Le père et entraîneur de Bakary veut lui faire monter un échelon : montrer au monde qu’à 20 ans, son fils compte désormais dans la boxe professionnelle, même face à des combattants plus expérimentés.
4 boxeurs de Seine-Saint-Denis
Premier combat, première victoire aux points pour le poids moyen Souleymane Mohamedi (13 victoires 0 défaites 2 fois champion WBC Youth) face à l’Argentin Emiliano Pucheta (19 V dont 8 KO, 8 D). Une victoire que le Français a construite en faisant respecter sa distance avec son bras avant, sa mobilité. Très courageux, Pucheta n’avait d’autre recours que de se jeter de loin mais se faisait contrer par un Mohamedi précis et efficace.
Déception pour Cédric Vitu (48 V, 19 KO, 5D), le champion d’Europe super welter 2017 s’est incliné aux points face au Géorgien Irakli Jeranashvili (16V, 8 KO, 15 D). A 38 ans, Titi n’a pas su trouver l’étincelle qui aurait pu mettre le feu à cette rencontre alors que Jeranashvili, sans briller véritablement, a constamment cherché à aller au charbon.
Le prochain duel oppose deux boxeurs licenciés dans des grands clubs de Seine-Saint-Denis, deux super moyens invaincus tous les deux. D’un côté le longiligne Mustapha Zaouche (12V, 4KO), 23 ans, du CSL Aulnay, coaché par l’inévitable Nasser Lalaoui. De l’autre le sculptural Idriss « Capitaine »Dogbedan (5V), âgé de 46 ans et élève d’Eric Tormos du Red Star Olympique de Saint-Ouen. Zaouche faisait jouer son allonge supérieure, dangereux en attaque comme en contre avec des uppercuts précis. Le Capitaine n’avait d’autre choix que de se jeter à l’abordage, mais était compté à la 2e, 3e reprise, avant d’être arrêté à la 7e par l’arbitre après un nouveau voyage au tapis.
Le Drancéen Milan Prat (23V, 17 KO, 1D) avait hâte de prouver que la perte de son titre européen des super-welters en octobre dernier face à l’Allemand Slawa Spomer était bien derrière lui. Pour cela, il affrontait l’Argentin Rodrigo Damian Coria (13V, 2 KO, 6 D). Milan « Natsuko » Prat livre une boxe appliquée, constamment au centre du ring. Le combat monte d’intensité lorsqu’à la 4e reprise, Coria refuse de reculer. Prat répond des deux mains, pivotant pour se protéger, sans reculer lui-même. Il l’emporte aux points sans avoir été réellement mis en danger.
Dans la salle, le public est déjà debout, le combat vedette s’annonce. Premier à monter sur le ring, Ahmed El Mousaoui, bientôt 34 ans et de l’expérience à revendre : ex-champion d’Europe, 34 victoires dont 8 KO, 6 défaites. Puis dans une mise en scène dans le pur style Vegas, vidéo et rapper au micro, Bakary Samaké fait son entrée. A tout juste 20 ans, beaucoup voient en lui l’avenir de la boxe française. Avec un physique impressionnant, un punch qui l’est encore plus, il est invaincu et compte avant le combat 14 victoires dont 8 par KO. El Mousaoui débute fort, tandis que contrairement à son habitude, Samaké s’appuie sur les cordes, laissant passer l’orage pour travailler en contre avec des coups puissants. Mais El Mousaoui a une garde très hermétique, les coups claquent fort dans ses gants. Peu à peu, Samaké occupe une plus grande place sur le ring et fait jouer son exceptionnelle vitesse de bras, notamment un doublé du bras avant crochet/uppercut de toute beauté. Malheureusement, le combat est constamment haché par de nombreux accrochages, à la limite de la régularité. Au fil des rounds de ce combat en 10 reprises, Samaké faisait valoir sa vista, mais prudent, n’enchaînait pas plus de 2 à 3 coups.
A la fin du 10e round et avant la décision, Brahim Asloum, champion du monde et champion olympique donnait son sentiment sur ce combat : « C’est très serré. Ce n’est pas la rencontre la plus technique qu’on ait vue, mais parfois l’intensité seule suffit à faire un beau combat. Ça a joué des coudes, il y a eu beaucoup d’accrochages. Victoire à Bakary ou victoire à Ahmed, les deux décisions ne seraient pas choquantes. Mais par contre, je serais déçu s’il y avait beaucoup d’écart au pointage. Ça mériterait une revanche. »
Les juges n’ont pas été du même avis que le champion, puisqu’ils ont donné Bakary Samaké largement vainqueur à l’unanimité : 97-93, 96-94, 100-90. Une victoire importante pour le jeune boxeur, aux allures de passage de témoin.
Photos : Jeremy Nicodex