Avec Alicia Gonzalez, Auber prend l’accent espagnol

- Cette coureuse de l’équipe cycliste professionnelle St Michel Preference Home – Auber 93 s’est fait remarquer par ses 9e et 12e places lors de deux étapes du dernier Tour de France.
- A 30 ans, celle qui a fait ses gammes dans l’équipe espagnole réputée Movistar dit maintenant être intéressée par la transmission et avoir trouvé chez Auber 93 « une petite famille ».
Deux jours après le début du Tour de France, alors que chez St Michel, il fallait trouver une solution aux abandons coup sur coup de la leader d’équipe Ségolène Thomas et de la sprinteuse attitrée Lucie Fityus, plus d’une coureuse aurait regardé le plafond en sifflotant. Pas Alicia Gonzalez Blanco. Cette coureuse espagnole d’expérience, dont c’était pourtant le premier Tour de France, a tenté crânement d’exister dans les deux sprints massifs suivants. Arrachant avec succès une 12e place à Angers puis un Top10 – 9e – à Poitiers. Toute seule, comme une grande.
S’exprimant posément dans un excellent français, cette Asturienne n’en tire pourtant aucune gloriole. « Il fallait tenter et ça a marché. Je ne suis pas la plus rapide, mais je sais me faufiler dans un peloton. Je dirais que c’est ma qualité première. La petite bosse qu’il y avait dans les derniers kilomètres à Poitiers m’a en plus facilité la tâche. Au total, je suis contente de ce premier Tour pour moi et pour l’équipe. »
Celle qui compte dans son palmarès une 3e place aux championnats d’Espagne en 2015 ainsi qu’un titre national de cyclo-cross en 2017 a ainsi mis une expérience de plus dans sa besace : la participation à un Tour de France femmes qui n’existe que depuis 2022.
C’est cette perspective de disputer la Grande Boucle qui l’a fait signer chez Auber l’année dernière. « Ça, et le fait que Roxane Fournier, avec qui j’avais couru chez Movistar et qui est maintenant dans le staff de St-Michel, m’en avait dit le plus grand bien », complète la sprinteuse-puncheuse.
« A 30 ans, après avoir appris beaucoup de choses au côté de top coureuses, comme Annemiek van Vleuten, j’avais envie de transmettre à mon tour. Et c’est ce que j’essaie de faire dans une équipe comme St-Michel. Ici, on est comme une petite famille », explique Alicia.
Envie de transmettre
Pour celle qui a roulé sa bosse chez Movistar pendant 6 ans, puis dans une équipe anglaise, Lifeplus Wahoo, ce changement ne paraissait pas relever du défi. Mais la native des Asturies- de Viella, un petit village à 10 km d’Oviedo – redoutait tout de même une chose : « J’avais un peu peur avec la langue et de ne pas m’intégrer suffisamment vite » Crainte nulle et non avenue puisque l’Espagnole maîtrise parfaitement la langue de Molière et de Jeannie Longo.
C’est justement dans son petit village, plus exactement à l’école primaire, que la jeune femme a découvert le vélo. « Ma grande sœur Lucia, qui a 5 ans de plus que moi, en faisait aussi et ça m’a décidée. J’ai aussi fait de la natation jusqu’à mes 15 ans mais finalement, c’est l’envie de cyclisme qui a été la plus forte.»
Qu’on ne croie pas cependant que la jeune femme ait délaissé les études pour autant : elle a poussé jusqu’à un diplôme en biotechnologies et un master en sécurité alimentaire… « Chez les cyclistes de mon âge c’est assez courant car finalement, ce n’est que depuis très peu de temps qu’on peut gagner sa vie en ne faisant que du vélo », souligne-t-elle modestement.
Elle qui vit à Bilbao et verra prochainement passer la Vuelta hommes sous ses fenêtres se félicite en tout cas de l’évolution du cyclisme féminin ces 10 dernières années. « Que ce soit en Espagne ou en France, il s’est vraiment développé avec des courses de haut niveau qui ont émergé : la Vuelta, la Vuelta a Burgos, la Semana Valenciana en Espagne, Paris-Roubaix, le Tour de France, ça fait du bien ! »
Avec une première année française aussi dense, on pourrait penser que la jeune femme en a terminé avec sa saison. Mais non, il lui reste encore 4 courses au programme de 2025 : la Kreiz-Breizh, le Grand Prix de Plouay, et le Grand-Prix de Wallonie… Qui sait, peut-être va-t-elle devoir s’embarquer dans une nouvelle interview tout en français ? Elle semble en tout cas armée pour ça.
Christophe Lehousse
Photos: ©Aymeric Lassak / St-Michel Auber- Preference Home 93