Au Stade de France, la construction durable au centre du jeu
Se donner les moyens de construire en préservant la planète, c’était l’objectif du Comité de filière Construction Durable, organisé vendredi 21 avril dans le cadre de la « Rencontre Fournisseurs » au Stade de France. Acteurs et actrices de l’économie circulaire et de l’écoconstruction y ont formulé des solutions innovantes pour la construction de bâtiments départementaux.
À quelques mètres du gazon le plus célèbre de l’Hexagone, il s’agissait, ce vendredi 21 avril d’inviter un panel de spécialistes de la construction à sortir de leur pré carré d’une construction gloutonne en énergie carbone. Tel était l’objectif principal, ce jour-là, du « Comité de filière construction durable » co-organisé par le Département de la Seine-Saint-Denis et la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire Ile-de-France (Cress). « Ce que nous ambitionnons, à travers ce rendez-vous, c’est de réfléchir ensemble et concrètement à la manière dont le Département peut concevoir des opérations de construction capables de présenter un meilleur bilan carbone », insistait Robin Monnier, directeur général adjoint du Pôle Citoyenneté, en guise d’introduction.
Décarbonation et construction, même combat…
Sacré challenge, rappelait de son côté Véronique Pappe, directrice de l’association Ekopolis, Pôle de ressources francilien pour la construction et l’aménagement durables, car « le secteur du bâtiment dans l’Hexagone représente chaque année l’équivalent de 120 millions de tonnes de CO2 rejetées dans l’atmosphère. Ce qui veut dire que la décarbonation (1) de la planète passera forcément par celle du secteur de la construction. »
Facile à constater, mais moins évident à enclencher ou déjà à imaginer… Sauf lorsqu’on se met en « mode hackathon », soit deux heures top-chrono pour esquisser des solutions innovantes pour la construction d’un collège, d’une crèche ou encore d’une pouponnière au sein d’un foyer départemental.
Alors, dans le salon Victoire du Stade de France, les ateliers se sont formés, prêts à phosphorer sur des sujets de marché public. Autour d’une des tables où l’on s’active sur le cas de la pouponnière du foyer de Villepinte, les idées fusent vite sous l’œil et l’écoute
vigilante de Paul Schalchli, chargé de mission au sein de la délégation à la Transition écologique et organisateur du Comité de filière en charge des thématiques de la construction et de l’aménagement durable. D’emblée, Kevin Berger à la tête des Grands Moyens Construction, entreprise coopérative qui aspire à changer les pratiques dans le secteur du BTP, pose une piste d’action pour mieux faire pousser la pouponnière villepintoise : « Une étude de sol permettrait déjà de savoir si on peut excaver des terres dans une démarche vertueuse afin de les réutiliser pour créer des briques en terre crue à travers des ateliers participatifs. C’est un chantier sur lequel on pourrait introduire de « l’intensité sociale », c’est-à-dire mettre plus d’humain et moins de machines dans la construction”, explique ce militant de la généralisation des constructions à base de terre crue et de paille.
Exigences environnementales très poussées
Une proposition qui en déclenche d’autres : « Et pourquoi pas, installer des toitures vertes ou faire appel à un écologue qui permettra d’améliorer la biodiversité du site de construction, ce qui participera au bien-être des enfants de la pouponnière », propose Estelle Rabis, directrice du pôle assistance à maîtrise d’ouvrage d’Alterea Ingénierie, spécialiste, entre autres, de l’amélioration de la performance énergétique dans le secteur de la construction. En fait, ajoute-t-elle, on peut pousser le curseur très loin en matière d’exigence environnementale et ce que propose la Seine-Saint-Denis à travers ce comité de filière est très stimulant… »
Exactement les attendus de cet hackathon : « L’enjeu, c’est vraiment de confronter les exigences environnementales du Département aux compétences existantes des entreprises, en identifiant les bons prestataires », rappelle Lucas Vionnet, chargé de développement économique au sein de la Cress.
Un message largement entendu par Sofiane Hamidi du côté de l’atelier dédié à la construction d’un collège. Gérant de l’entreprise d’insertion Travail et vie, ce dernier intervient régulièrement sur des travaux de démolition et de curage où les déchets sont valorisés et propose également de la rénovation en peinture : « On a toujours besoin de se faire connaître et je suis aussi là pour ça, sourit-il. Mais, ça me permet aussi de constater, pour avoir pratiqué ce genre d’exercice avec la Ville de Paris, que la Seine-Saint-Denis est beaucoup plus avancée en matière d’organisation de ses exigences environnementales sur ses chantiers de construction. C’est une bonne chose parce qu’on ne pourra construire et rénover de manière plus écologique et solidaire que si un maximum d’acteurs publics ou privés pousse sur ce créneau. »
Au Stade de France, c’est, en tout cas, déjà toute une filière qui a continué de se constituer avec près d’une cinquantaine d’acteurs de l’écoconstruction engagés pour poser une nouvelle pierre de ce chantier d’avenir…
Des refuges contre le réchauffement climatique
Parmi les pistes d’action évoquées lors de la réunion de ce Comité de filière de Construction Durable : faire de certains bâtiments s du Départent des refuges dans la perspective de canicules récurrentes liées au phénomènes du réchauffement climatique. » On doit pouvoir sortir du mono-usage de nos bâtiments comme on le fait en créant de plus en plus de cours Oasis dans nos collèges », explique Ari Brodach, directeur de la Délégation à la transition écologique de la Seine-Saint-Denis. Cela signifie que donc qu’il faut aussi réfléchir à créer des bâtiments qui soient de véritables objet urbains avec différentes fonctions et donc différentes manières de s’ouvrir sur leurs quartiers d’implantations »
Dix cours Osasis ont été réalisées depuis 2019 dans les collèges du 93 et six nouveaux projets seront livrés cette année.