Alyssia Poulange, bronze aux mondiaux juniors

Lorsqu’elle explique sa compétition, tout paraît simple ! « Au premier tour, je suis tombée sur une tête de série, l’Autrichienne Carina Klaus-Sternwieser. J’ai tenté une combinaison ko-uchi gari/sode tsurikomi goshi, (son « spécial » ndlr), mais j’ai relâché sa manche et elle est tombée sur le ventre. Ensuite je suis parvenue à la retourner et j’ai pu l’immobiliser et marquer un ippon. » Dit comme ça, ça a l’air facile, non ? Et pourtant, cela demande des milliers de répétitions de techniques de projection debout, de savoir les combiner ensemble, des milliers de répétitions de techniques au sol, pour retourner, immobiliser une adversaire qui elle aussi, sait faire du judo et fait tout pour gagner !

Mais Alyssia fait partie de ces sportives appliquées, travailleuses, attentives aux consignes qui savent tirer des leçons de tout, y compris de leurs rares échecs. Elle le démontre au deuxième tour, face à l’Azerbaïdjanaise Khadizha Gadashova. Une adversaire habituelle d’Alyssia, qui ne lui a pas laissé que des bons souvenirs. Deux victoires pour la judoka du 93, mais aussi deux défaites. L’une l’an dernier en finale des championnats du monde cadettes en août 2023, et une autre toute récente, le 5 septembre où Gadashova avait éliminé Alyssia Poulange au premier tour des championnats d’Europe. « Un très mauvais souvenir, explique-t-elle. Nous avons beaucoup travaillé sur son profil, son judo, l’avons étudié en vidéo, pour établir une stratégie. Elle attaque à gauche, alors il fallait absolument éviter qu’elle me saisisse la manche. Et au sol, j’ai réussi à la retourner. Ça fait 3-2 pour moi maintenant ! De toute façon, nous n’avons pas fini de nous rencontrer : nous avons le même âge, la même catégorie… Normalement nous sommes parties pour nous affronter des années ! »

En quart de finale, la judoka de Saint-Ouen avait en face d’elle la Japonaise Senju Nosho. « J’étais assez à l’aise, ça se passait bien, mais sur une reprise de garde, j’ai avancé ma jambe gauche alors que je suis droitière, elle m’a balayée et marqué waza-ari. Ensuite j’ai essayé de revenir, j’étais bien à l’aise, très offensive, mais ça n’a pas suffi. »

Dangereuse debout, redoutable au sol

En repêchage, Poulange se défait d’une autre gauchère, la Mongole Uranzaya Bayanmunkh, en la retournant au sol. Un bon signe des progrès d’Alyssia qui l’an dernier nous avait dit devoir encore travailler pour être à l’aise face aux gauchères. Eh bien le travail paye ! Pour obtenir la médaille de bronze, elle devait vaincre la Brésilienne Rafaela Rodrigues, certes encore cadette, mais vice-championne du monde en titre… « Mes entraîneurs m’avaient dit de me méfier car elle est très forte dans le combat au sol. Mais finalement, après une attaque debout, j’ai continué au sol et réussi à l’immobiliser, ippon ! »

Avec cette nouvelle médaille, plus l’argent avec l’équipe de France juniors mixte, Alyssia Poulange confirme sa régularité parmi les meilleures jeunes mondiales et montre sa volonté de toujours progresser. L’an dernier, alors qu’elle venait d’intégrer l’Insep et avait 17 ans, elle s’était classée 3^e des championnats de France seniors. « C’est mon prochain objectif, le 2 novembre prochain. J’ai eu le bronze l’an dernier, j’aimerais progresser encore… » Ce ne sera pas simple, car le judo français est l’un des meilleurs au monde, mais après tout… Amandine Buchard, la patronne tricolore des moins de 52 kilos, est originaire de Noisy-le-Sec. Alors pourquoi pas une autre judoka de Seine-Saint-Denis pour lui succéder ?

Photos : IJF (c) Kulumbegashvili Tamara