Semaine olympique aux couleurs du Japon au collège Corot
En mars, 26 élèves de cet établissement embarquaient pour Tokyo, soutenus par le dispositif Odyssée Jeunes. Une expérience unique qu’ils ont mis en mots et en images pour la Semaine Olympique et Paralympique. Visite guidée.
Pénétrer dans la salle d’exposition du collège Jean-Baptiste Corot au Raincy est une invitation au voyage. En passant une simple porte, vous vous retrouvez transporté au Japon et plus précisément à Tokyo… Une capitale japonaise sillonnée en long et en large, en mars dernier, par 26 élèves de 3e et 4e de l’établissement.
Parmi lesquelles, Cassandre, Noémie, Amandine, Lana, toutes en troisième, qui jouent les guides de leur exposition le temps d’une journée évènementielle organisée, le 6 avril, dans le cadre de La Semaine olympique et paralympique. Six jours du 3 au 8 avril, sous l’égide de l’Education Nationale et du mouvement sportif français, où les élèves de l’Hexagone mettent un peu plus de sport et de para-sport dans leur quotidien. Derrière une carte du métro de Tokyo et au milieu d’une collection de mangas en japonais dans le texte, le quatuor raconte donc les coulisses de son voyage sous le regard d’Emmanuel Constant, vice-président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis en charge des collèges et des Jeux Olympiques et Paralympiques et d’Élodie Girardet, conseillère départementale déléguée du projet éducatif.
Boutons dorés et médailles d’or…
Une aventure d’abord très sportive pour boucler le budget -un peu plus de 54 000 euros- du voyage : « On a organisé une course à pied, monté un Festival de mangas, un marché de Noël, une tombola , résument les jeunes guides membres des clubs Manga et J-pop -de la pop japonaise- du collège. Mais, ça valait le coup de s’investir, le Japon c’était magique, une expérience extraordinaire… »
Également soutenu financièrement par les dispositifs Odyssée Jeunes -notre encadré- et « 130 pays – 130 collèges » par le biais duquel le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis propose aux 130 collèges du territoire de s’intéresser à un pays sur la carte des Jeux, ce voyage nippon avait aussi plusieurs objectifs pédagogiques. Car, à Tokyo, les élèves de Corot n’ont pas seulement visité le parc d’attractions futuriste Joypolis, ils ont aussi étudié l’architecture sportive et l’impact du sport sur l’urbanisme. Et, avant de rallier la mégapole asiatique, tous se sont évidemment initiés au japonais. De quoi nouer une correspondance avec des collégiens tokyoïtes et même décrocher leurs propres médailles d’or, en l’occurrence quelques-uns des boutons dorés des uniformes des élèves japonais du collège Gyosei offerts en cadeau-souvenir.
« Et puis, sourit, Emilie Guitter, la professeure documentaliste qui a coordonné le voyage, c’était aussi très sportif sur place. On a bien marché 120 kilomètres pendant dix jours pour sillonner la région de Tokyo ! »
Avec une première étape d’un périple qui a mené la troupe des séquano-dionysiens au Japan Olympic Museum. Situé en face du Stade Olympique, hôte des derniers JOP de Tokyo en 2021, le lieu fait évidemment la part belle au judo, sport national. Ce qui fait d’ailleurs mettre un -léger- bémol à Cassandre à propos de cette expérience muséale : « Il n’y avait pas grand-chose sur l’escalade, c’est dommage parce que les Japonais sont très bons dans cette discipline », regrette la jeune licenciée du Vertige, le club d’escalade de Montfermeil.
Le sport, vecteur de pédagogie
Même ambiance sans chaussons et baudrier, mais plutôt pieds nus et en kimonos dans le gymnase de Corot pour une démonstration de para-judo orchestrée par l’Entente gabinienne de judo. Sous la direction de Ruddy, jeune coach du club de Gagny, les collégiens expérimentent l’art de la chute avec les yeux bandés. Une manière de mettre en jeu la question de l’inclusion par le sport, thème au cœur de l’édition 2023 de la Semaine Olympique et Paralympique.
Tout un univers handisport découvert par les élèves de 5e du collège qui ont habillé les murs de leur gymnase d’une exposition sur les champions de l’équipe de France paralympique. « Ça m’a permis de découvrir des disciplines handisports avec des règles très différentes et adaptées mais qui permettent à toutes et à tous d’être sur le terrain, explique Lucien, promu porte-parole des 5e de Corot. Et, comme je joue déjà au hand, ça m’a aussi donné envie de découvrir le para-handball lors des Jeux paralympiques de 2024. »
Une envie largement partagée par sa professeure d’histoire et d’enseignement moral et civique, Delphine Jolif, pas mécontente de glisser un peu de sport dans ses enseignements : « Tout le travail que nous avons fait autour des athlètes paralympiques avec les professeurs d’EPS permet de rendre concret nos enseignements sur le respect de l’autre et le vivre ensemble. Pour nous, le sport est un vrai vecteur de pédagogie. »
Un concerto en « ping » majeur
Et, c’est bien l’un des objectifs affichés de la Semaine Olympique et Paralympique. « Ces moments dans les collèges sont une partie de la réussite des Jeux, rappelle le vice-président Emmanuel Constant au fil de sa matinée sportive passée à Corot. Les JOP ne seront réussis que si les habitants et les habitantes de la Seine-Saint-Denis se sentent concernés. Les Jeux de 2024 ne doivent pas être simplement un évènement vu à la télé et c’est pour ça que le Département multiplie les initiatives et les évènements qui font que chacun se sentira un peu dépositaire d’une partie de la future réussite de 2024. »
En tout cas à Corot, les collégiens et collégiennes ont su faire vivre la petite musique olympique. Plutôt deux fois qu’une d’ailleurs, en concluant leur journée en Jeux par un concert insolite où l’on a appris que les lames d’un xylophone pouvaient aussi être actionnées par des balles de « ping ». Une expérimentation travaillée en cours de musique et inspirée par Andy Akiko. Un musicien américano-japonais, créateur d’un « Ping-pong concerto » …
Sous le sceau d’Odyssée Jeunes…
Depuis 2009, Odyssée Jeunes, un programme créé par la Fondation BNP Paribas, le Département de la Seine-Saint-Denis et la Direction des services départementaux de l’Éducation Nationale, permet aux collégiens du 93 de partir en voyages scolaires en France et à l’international. Soit, jusqu’à aujourd’hui, près de 55 000 collégiens bénéficiaires d’un dispositif qui soutient jusqu’à 15 000 euros (la somme allouée aux collégiens du Raincy pour aller au Japon) des « voyages à objectifs pédagogiques tout en s’inscrivant dans un lien étroit avec les programmes scolaires. »
Crédit photo : Nicolas Moulard
Auteur : Frédéric Haxo