Le Pantin Volley et le collège Joliot-Curie montent au filet

Le Pantin Volley et le collège Joliot-Curie montent au filet
Résidences sportives
  • Pour la 5e année consécutive, le Département déploie dans ses collèges les "résidences sportives".
  • Ce programme éducatif et inclusif se veut une approche complémentaire des cours d’EPS et des associations sportives (AS).
  • Reportage au gymnase Maurice-Baquet, à Pantin, où les élèves du collège Joliot-Curie avaient rendez-vous avec le club Pantin Volley pour un atelier axé sur le mentorat.

En ce jeudi matin de novembre, Louise Heddache-Tanoh, prof d’EPS au collège Joliot-Curie de Pantin, a rendez-vous avec ses élèves au gymnase Maurice-Baquet, situé à un jet de pierre. Au programme : deux heures de volley. Rien de très original, en apparence. En apparence seulement, car cette séance se déroule dans le cadre des « résidences sportives », un dispositif que le Département déploie dans ses collèges depuis 2021, et qui va bien au-delà de la « simple » séance d’éducation physique. Expérimenté dans quatre établissements la première année, le projet s’étend aujourd’hui sur vingt collèges, parmi lesquels Joliot-Curie. Le principe de cette approche complémentaire de l’offre sportive traditionnelle et dont l’appellation fait volontairement écho aux résidences artistiques ? Créer un partenariat, d’une durée d’un an renouvelable, entre un collège, son équipe éducative – les profs d’EPS mais aussi leurs collègues enseignant d’autres matières -, et un club (ou comité départemental) sportif autour d’un programme d’actions diverses et variées en lien avec l’actualité et la culture sportives.

Les objectifs ? Faire découvrir aux élèves les différents métiers du sport, les sensibiliser à l’engagement associatif (le bénévolat, par exemple), lutter contre les discriminations, développer et promouvoir l’offre de pratique sportive existante sur le territoire – à l’heure où un élève sur six de 6e ne pratique aucun sport, que ce soit en club ou dans le cercle familial et amical -, ou encore favoriser les échanges entre le club résident et les élèves, voire entre les élèves eux-mêmes. Dans le gymnase, Louise Heddache-Tanoh a ainsi fait exprès de réunir sur un même créneau horaire des élèves de 6e et de 4e qui, entre leur écart d’âge et des intérêts qui divergent, se côtoient assez peu dans l’enceinte du collège. « Lors de cette séance, on a demandé aux 4e de parrainer et marrainer leurs camarades de 6e pour favoriser les liens entre ces deux générations, qu’ils fassent l’effort d’apprendre à se connaître, responsabiliser les plus grands et rassurer les plus jeunes », détaille la prof d’EPS. La transmission est ici une notion importante : dans quelques mois, ce seront les élèves de 6e qui auront la charge de veiller sur ceux de CM2 de l’école Joliot-Curie voisine.

De l’EPS, mais aussi de la physique, des maths et des arts plastiques

Dans le gymnase, les ballons fusent et les trois filets de volley dressés pour l’occasion ne sont pas de trop pour occuper la quarantaine d’élèves présents. En accord avec son binôme Thomas Saussey, chargé de développement au Pantin Volley, Louise Heddache-Tanoh entame la séance par un « challenge ». Un temps durant lequel les 4e vont jouer aux éducateurs sportifs auprès des 6e en leur lançant une série de défis (ne pas faire tomber le ballon par terre, viser des cibles, construire une attaque, etc.). Chaque défi réussi donne droit à un indice qui mène à une phrase mystère. « Ils vont en profiter pour leur distiller quelques conseils, les encourager et montrer les bons gestes, si besoin, explique la prof. Ils sont prêts, ce cours a été préparé en amont. » Les 6e ont finalement su relever le challenge et découvert la phrase mystère : « Les 4e sont les meilleurs ». Les profs lèvent les yeux au ciel. Hilares, les 4e rappellent quant à eux que certains réflexes ne se perdent pas…

La deuxième partie de l’atelier, un tournoi entre élèves, est scruté de près par un nouvel invité : Mathieu Retailleau, professeur de physique-chimie de son état. À la fin de l’atelier, il proposera aux élèves de se filmer les uns les autres avec leur téléphone portable (une entorse au règlement évidemment exceptionnelle et décidée en accord avec la direction du collège) pour étudier à la loupe et à la faveur d’une appli téléchargée gratuitement chaque mouvement, chaque trajectoire du ballon, la vitesse de celui-ci, les déplacements sur le terrain… « Le but de ce travail est de relier les cours de physique avec des choses qui ont du sens dans le quotidien des élèves, souligne le prof. Pour beaucoup, la physique est une matière trop abstraite voire inutile. Ici, elle retrouve soudainement de l’intérêt à leurs yeux car ils se rendent compte qu’elle peut être utile dans de nombreuses situations. »

De fait, la force et la singularité des résidences sportives reposent sur leur caractère interdisciplinaire. Dans ce dispositif, les séances de volley ne sont pas l’apanage du prof d’EPS, ses confrères et consœurs sont invités à se les approprier. En plus du prof de physique-chimie, deux profs de maths et une prof d’arts plastiques se sont greffés au projet. Les maths pour étudier les statistiques et montrer combien elles sont utiles pour un coach et son staff dans leur façon d’aborder les matches et les entraînements, les arts plastiques pour travailler sur la notion de mouvement en recourant aux techniques du manga, un clin d’œil à « Haikyu », la BD nippone qui fait un tabac chez les ados et qui évoque inévitablement chez les quadragénaires le dessin animé « Jeanne et Serge ». Enfin, l’intervention d’autres professeurs permet aussi de soulager le porteur de projet, ici Louise Heddache-Tanoh, dont l’emploi du temps a été adapté de façon à accueillir cette résidence dans les meilleures conditions.

Les élèves ont assisté à un tournoi professionnel de volley

Durant l’année, les élèves du collège Joliot-Curie vont mener au moins huit actions, parmi lesquelles une participation à la journée « Trousseau sport » organisée par l’hôpital Trousseau (Paris 12e) autour du Handisport, une sortie à un forum des métiers pour connaître les métiers du sport et la création d’un tournoi en partenariat avec le collège Jean-Jaurès pour lutter contre les oppositions de quartiers avec des équipes mixtes et croisées. En septembre, ils ont été invités par le comité départemental de volley à assister au Tournoi pro féminin de Seine-Saint-Denis et découvrir ainsi le sport de haut niveau. Ils ont interviewé les joueuses, les coaches, les arbitres et les personnes responsables de la table de marque. Ils ont aussi filmé les échanges et le comportement des joueuses sur le terrain pour faire plus tard une étude comparative avec leurs gestes à eux. Et ils ont débattu sur les différences entre le jeu féminin et le jeu masculin et sur la façon dont elles sont perçues ou vécues par les femmes dans le sport. « C’est hyper complet, on apprend énormément de choses sur la manière de pratiquer un sport », analyse Louane, élève de 4e. « On ne s’attendait pas à ça, c’est très différent des cours d’EPS habituels mais c’est motivant », ajoute Eliott, qui est en 6e. La prochaine action est prévue courant décembre et portera sur la question de la mixité dans le sport.

Grégoire Remund

Photos: ©Marie Magnin

 

 

 

Pass Sport 5: l’aide du Département pour faire du sport

Tout élève qui entre en 5e dans un collège public de Seine-Saint-Denis peut prétendre, sans conditions de ressources, au « Pass Sport 5e ». Ce dispositif, créé par le Département en 2022 pour encourager la pratique sportive à un âge où s’opère trop souvent un décrochage, est une aide directe de 100 euros qui s’utilise comme une carte bleue physique ou comme une application de paiement sur le téléphone. Et qui sert à payer une adhésion dans un club sportif partenaire, une association réalisant des cours de sport ou à l’Association sportive (AS) du collège. À noter que ce subside peut être dépensé en plusieurs fois, 25€ par exemple pour l’AS du collège et 75€ pour un club. Cette année, le Pass Sport sera accepté jusqu’au 14 décembre.

G.R.

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