Le badminton prend son envol en Seine-Saint-Denis
- Souvent étiqueté comme un sport de plage, peu médiatisé, le badminton connaît un nouvel essor dans les clubs du département.
- Facilement accessible, ludique et profitant cette année d’un probable effet Jeux olympiques et paralympiques, il attire un nombre croissant d’adhérents.
- Zoom sur les clubs d’Aulnay-sous-Bois, Bondy, Montreuil, Noisy-le-Grand et Vaujours, des structures aux moyens et aux objectifs différents mais toutes animées par la même passion de transmettre.
En Seine-Saint-Denis, le badminton est en plein boom. Après avoir atteint au cours de la saison 2022-2023 un nombre de licenciés record (2579 précisément, soit une croissance de 8 % par rapport à l’année précédente, d’après le comité départemental de badminton), le département a vu ses effectifs gonfler encore l’année suivante avec 2763 inscrits, soit 7% d’augmentation, ce qui le situe actuellement en deuxième position régionale. Boostés par des Jeux olympiques et paralympiques organisés en grande partie en Seine-Saint-Denis, ces chiffres seront probablement encore à la hausse cette saison. « La Seine-Saint-Denis revient de loin mais a aujourd’hui largement rattrapé son retard sur les autres départements », souligne Carl Sainton, agent de développement au comité départemental.
Symbole de cette réussite, le Club de Badminton d’Aulnay-sous-Bois, véritable usine à talents et à trophées. Si elles ne jouent pas dans la même catégorie question résultats, d’autres écuries comme Montreuil, Bondy, Noisy-le-Grand ou Vaujours ont pris leur envol ces dernières années, enregistrant toujours plus d’adhérents attirés par un sport de raquette accessible techniquement, physiquement et… financièrement. « Une raquette de mini-bad [5-6 ans] coûte la bagatelle de 5 euros. Pour les adultes, les premiers prix commencent à 20 euros », détaille Carl Sainton. D’autre part, le badminton est aujourd’hui un des sports les plus pratiqués dans le cadre scolaire, ce qui a contribué à le populariser et à conquérir de nouveaux publics.
« Cela fait trois ans que le comité travaille très dur pour développer le badminton en Seine-Saint-Denis, analyse l’agent de développement. On participe à de nombreux événements, les Olympiades de la Solidarité, notamment, on intervient en milieu carcéral, on organise des animations dans les hôpitaux… En diversifiant nos actions, on a non seulement une utilité sociale mais on donne aussi de la visibilité à un sport fun et facile d’accès. » Le comité départemental consacre également beaucoup d’énergie à développer le para-badminton. Les 7 et 8 septembre derniers, en marge des Jeux paralympiques, deux journées de sensibilisation au centre commercial Westfield Rosny 2 ont permis de faire découvrir cette discipline handisport. En parallèle, le comité a formé huit éducateurs appelés à devenir les référents handisport de leur club (au Blanc-Mesnil, Aulnay-sous-Bois, Bondy, Rosny-sous-Bois) et des personnes-ressources lors d’organisations d’événements.
Club de Badminton d’Aulnay-sous-Bois
Question résultats, il est le boss incontesté du département. Après trois participations consécutives aux play-offs du Top 12, la 1ère division nationale, les « Ducks » avaient terminé vice-champions de France par équipe en 2019. La consécration pour un club créé quarante ans plus tôt. Aujourd’hui, les Aulnaysiens ont sacrifié le très haut niveau (ils évoluent en Nationale 3, le dernier échelon national) sur l’autel de la formation et de l’accompagnement des jeunes jusqu’à leur éclosion. « Nous nous sommes longtemps appuyés sur des joueurs étrangers qui ne restaient jamais très longtemps chez nous. Désormais, et même si cela nous a fait descendre de quelques divisions, nous préférons porter notre attention sur les jeunes du cru », explique Yannick Senjean, président du club depuis 2019. Cette nouvelle politique avait été mise en place quelques années avant l’arrivée du dirigeant qui s’évertue à la perpétuer en y ajoutant quelques touches, tel le recrutement de cinq salariés dédiés à la formation (un coordinateur technique et quatre éducateurs diplômés d’État). « On a lancé une campagne de détection de jeunes talents à qui on propose des séances d’entraînement supplémentaires en fonction de leur motivation et de leur envie », précise Yannick Senjean. Cette année, 3 jeunes du club ont été intégrés au Pôle Espoirs d’Île-de-France implanté à Chatenay-Malabry : Mathilde Pinna, Gabriel Cossac et Mady Sow. Vice-champion d’Europe individuel et champion d’Europe en double (U15) en 2024, après avoir trusté tous les podiums internationaux ces trois dernières années, ce dernier est la nouvelle pépite du club. Malgré cette culture de l’excellence, le Club de Badminton d’Aulnay-sous-Bois n’est pas fermé. De débutants à confirmés, tout le monde est le bienvenu. Un club de l’élite, oui, mais pas élitiste pour un sou.
» Le badminton restera toujours un sport ludique, qu’on soit débutant ou aguerri »
Bondy Badminton Club 93
Ce jeune club – il a été créé en 2010 –, qui accueille une centaine d’adhérents chaque année, a toujours été fidèle à son credo : la compétition. Il a grandi avec ses jeunes qui lui sont restés fidèles et qui participent aujourd’hui à sa réussite. L’équipe première évolue en N3 et compte notamment dans ses rangs Caroline Cheng, la numéro 10 française, l’une des plus grandes smasheuses du badminton tricolore. Le BBC prépare aussi l’avenir, et celui-ci semble assurer : l’an passé, Ilyes Hassani et Alizée Grand ont respectivement terminé meilleur poussin et meilleure cadette du département. Mais depuis peu, le club bondynois voit plus loin, plus large. « Nous voulons couvrir d’autres terrains et nous travaillons désormais beaucoup autour de l’inclusion », témoigne Ashwyn Ramburuth, 32 ans, qui préside aux destinées du club depuis un an. Ainsi, le Bondy Badminton Club 93 est-il référencé dans le Handiguide des sports, une plateforme dédiée aux activités physiques et sportives pour les personnes en situation de handicap. Tandis que deux éducateurs, dont le président du club himself, viennent d’être formés par le comité départemental pour être en capacité d’organiser des activités handisport. Il y a deux ans, le BBC avait mis en place un créneau exclusivement féminin pour toucher un public nouveau, souvent éloigné de la pratique sportive. Depuis la rentrée, les cours d’essai font gymnase comble et les dossiers d’inscription affluent sur le bureau de la présidence. « Probablement l’héritage immatériel des JO », conclut Ashwyn Ramburuth.
Bad In Montreuil
Hébergée durant trente ans au sein du club omnisports Red Star Club Montreuil, la section badminton a décidé de voler de ses propres ailes en 2021 pour devenir le Bad In Montreuil. Cette année, grâce à la réorganisation de ses créneaux qui lui offre du temps de jeu supplémentaire, le BIM a battu son record d’adhérents. « On a dépassé la barre des 200 et on a encore plein de demandes en attente », fait remarquer Frédéric Piot, son président. Signe de son attractivité, le club vient d’enregistrer l’arrivée d’un membre prestigieux, Yohan Penel, président de la Fédération française de Badminton, qui n’est même pas montreuillois. « On espère profiter de son réseau et de son carnet d’adresses, une telle recrue constitue une vraie force de frappe pour un club », plaisante le dirigeant. Lequel se réjouit de voir que l’image de sport de plage accolée au badminton a vécu. « Depuis une dizaine d’années, les clubs ont grandement fait évoluer la pratique et l’engagement des joueurs est beaucoup plus prononcé. Cela ne veut pas dire qu’on ne s’amuse pas, le badminton restera toujours un sport ludique, qu’on soit débutant ou aguerri », relève Frédéric Piot. Au Bad In Montreuil, on ne fait aucun distinguo entre les catégories loisir et compétition, histoire de tirer tout le monde vers le haut. « Mélanger nos publics crée une émulation et permet de progresser plus vite », assure le président.
« Dans ce sport, les femmes font jeu égal avec les hommes »
Association Sportive Noiséenne de Badminton
L’ASNB aussi est une référence dans le département. Il n’y a qu’à en juger par le nombre d’adhérents : 390 cette saison, dont 130 enfants. Personne ne fait mieux en Seine-Saint-Denis. « Nous sommes un club particulièrement tourné vers la jeunesse. Dans les écoles, nous organisons toute l’année des initiations. Et nous avons signé des conventions de partenariat avec le collège Jacques-Prévert et le lycée Flora-Tristan pour la mise en place de sections sportives », relate Philippe Landeau, président d’un club qui a vu le jour il y a un peu plus de trente ans. Qui dit jeunesse, dit club formateur : dans le cadre d’un dispositif fédéral supervisé par le comité départemental, l’Association Sportive Noiséenne se fait fort de détecter les potentiels, de les faire monter à un certain niveau puis de les envoyer dans des structures plus huppées. « Des joueurs de l’équipe de France ont joué enfants dans notre club », déclare fièrement le président. Au club, on retrouve trois types de pratiquants : les débutants (de 7 à 77 ans), les intermédiaires (ceux qui jouent pour se faire plaisir, sans objectif de compétition) et les compétiteurs (qui sont une cinquantaine). Notons que près de la moitié des adhérents (48 %) sont des femmes, soit bien au-dessus de la moyenne nationale et départementale où leur taux d’adhésion ne dépasse pas 35 %. « Au badminton, on joue avec sa tête, son cœur et ses jambes, pas avec ses muscles. Dans ce sport, les femmes font jeu égal avec les hommes », tient à rappeler Philippe Landeau.
Vaujours Badminton Club des Étoiles
Fondé en 2010, le VBCE compte une cinquantaine d’adhérents, ce qui pour une ville de quelque 7500 âmes est plus que raisonnable. De taille modeste, reposant sur quatre encadrants bénévoles qui ne comptent pas leurs heures, le club propose exclusivement des créneaux loisirs à destination des ados et des adultes. La compétition ? De temps en temps, à condition qu’elle soit amicale. « On participe à PromoBad, une épreuve lancée par la Fédération française qui offre des rencontres conviviales axées sur la mixité (homme contre femme, jeune contre vétéran, etc.) », révèle Fabrice Tholmer, président du club. Pour fidéliser ses adhérents et renforcer l’ambiance familiale qui y a toujours régné, Vaujours Badminton organise des repas, des sorties ainsi qu’un rendez-vous devenu incontournable : le Blackminton, une version dans le noir du badminton avec lignes et maillots phosphorescents. Et dont la troisième édition se tiendra le 9 novembre de 18h à minuit au gymnase Roger-Grosmaire en présence d’autres clubs et d’habitants (moyennant 20 euros de l’heure) du département.
Grégoire Remund
Photos: ©Sylvain Hitau
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