La médaille du retour

La médaille du retour
Vice-champion d'Europe
  • Zelimkhan Khadjiev, du Club Bagnolet lutte 93, a remporté le 8 avril sa troisième médaille de vice-champion d’Europe de lutte libre (-79 kg).
  • Après 4 années d’arrêt, un retour sur le podium, fruit de sa volonté, son courage et l’amour de son sport.

« Je suis fatigué, mais content ! Franchement, après toutes ces années, sans entraînement, sans être libre de faire ce que j’aime, ça fait du bien ! » Zelimkhan peut être satisfait, en montant sur la deuxième marche des championnats d’Europe à Bratislava (Slovaquie), il vient de montrer qu’il a toujours sa place parmi les meilleurs lutteurs au monde. Et pourtant il revient de loin ! En 2019, alors qu’il était l’un des plus brillants espoirs de la lutte française, déjà deux fois vice-champion d’Europe en 2018 et 2019, Zelimkhan Khadjiev, mal conseillé, prend un médicament pour soulager un mal persistant à la jambe. Grave erreur, ce médicament contient une molécule inscrite sur le tableau des produits interdits, dont la présence est révélée lors d’un contrôle anti-dopage. La sanction est immédiate : 4 années de suspension, sans aucune compétition sportive ni possibilité de s’entraîner. De quoi sombrer, surtout pour quelqu’un qui a fait de la lutte son mode de vie.

Repartir au combat

Sa suspension terminée fin 2023, Zelimkhan se lance dans la poursuite de la sélection pour les Jeux olympiques de Paris. Mais pour un retour à la compétition, la marche est trop haute. Qu’importe, Zelim continue de « charbonner » à l’entraînement, ne baisse pas les bras. A son retour, il intègre le Club Bagnolet Lutte 93 : « Le meilleur de France ! Si on veut être champion, c’est à Bagnolet qu’il faut être. Et je m’entends bien avec Didier (Duceux, le président du club). Avec lui, c’est carré, il fait ce qu’il dit. »

A force de travail, le lutteur né au Daghestan, une province russe où la lutte est le sport roi, va se refaire une place dans le cercle des lutteurs d’élite. Déjà, en février il a remporté l’Open de Zagreb, une compétition qui fait partie des ranking series, déterminantes pour le classement mondial. Lorsqu’il arrive alors à Bratislava pour les championnats d’Europe, Zelimkhan est déterminé à avoir une médaille. Il passe les tours de qualification avec brio :  9-5 face à l’Azerbaïdjanais Orkhan Abasov , puis 4-0 contre le Slovaque Akhsarbek Gulaev (4-0), et survole ensuite sa demi-finale contre le Moldave Ion Marcu (7-0). Alors, lorsqu’il monte sur le tapis pour la finale, Khadjiev a le sourire. « Je me suis dit, tu es revenu parce que tu aimes ça. Tu aimes la lutte, tu aimes les finales, alors kiffe ton moment ! Tu as galéré, tu étais triste, en dépression, maintenant fais-toi plaisir ! »

Le lutteur de 30 ans retrouvait une fraîcheur qu’il avait un temps perdu. Et pourtant en face, il y avait du beau monde. Le Russe Akhmed Usmanov (28 ans), champion du monde 2023 et d’Europe 2024. « Je le connais, il est du même coin du Daghestan que moi, son entraîneur m’avait même enseigné avant que ne parte à 10 ans pour la France avec ma famille. C’est un bloc, mais après le premier contact, je me suis dit que je pouvais gagner. Mes points forts, ce sont les attaques, le cardio aussi. Mais il a très bien pensé sa lutte, il a attaqué avec la technique que j’attendais, mais de l’autre côté ! Il a marqué 4 points et après c’était trop difficile de revenir. » Le Bagnoletais a été obligé de prendre des risques pour revenir au score, se rendant vulnérable. Il s’incline finalement 1-9.

Retrouver confiance et sourire

Un temps déçu, le lendemain Khadjiev relativisait : « Je reviens de tellement loin ! Et c’est une troisième médaille d’argent européenne, pas mal tout de même ! » Didier Duceux, le président des Diables rouges, le surnom des lutteurs bagnoletais, est ravi : « C’est une vraie résurrection ! Revenir à ce niveau après 4 ans d’arrêt, peu de monde y serait parvenu, dans n’importe quel sport. C’est le fruit du courage, de l’abnégation. Zelim est toujours fond à l’entraînement, un exemple pour les jeunes. » Et il poursuit avec un sourire malin : « Et si cette année, suite aux blessures de nos 3 qualifiés olympiques (Mamadassa Sylla, Koumba Larroque, Améline Douarre), Bagnolet n’avait exceptionnellement qu’un seul sélectionné aux Europe, il ramène une belle médaille ! »

Photos : United World Wrestling

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