La boxe cubaine fait son show à Tremblay
Du 26 octobre au 12 novembre, la ville a accueilli 8 boxeurs juniors de l’équipe nationale de Cuba, venus prendre la température avant l’éventuelle arrivée de l’équipe seniors en amont des Jeux olympiques de Paris 2024. Au cours de cette quinzaine, les boxeurs auront notamment rencontré les habitants et des collégiens, impressionnés par la maestria cubaine.
Postés dans un coin du gymnase Jean-Guimier attenant à leur collège René-Descartes, Charlène, Amina et Othmane ouvrent de grands yeux devant l’entraînement de l’équipe juniors de boxe de Cuba. Il y a de quoi : après un échauffement et des exercices sur les sacs de frappe, les 8 boxeurs de la délégation passent aux choses sérieuses avec Santiago Suarez.
L’entraîneur principal de l’équipe juniors, un colosse, fait tourner ses élèves comme des toupies avant de leur faire travailler leurs esquives. L’objectif : simuler un KO debout pour les habituer à faire encore preuve de réflexes dans ces conditions.
L’équivalent du Brésil au foot !
« Impressionnant ! C’est une chance de pouvoir voir ça », souffle Othmane, en 3e, qui fait désormais de la boxe française à l’association sportive de son collège après avoir pratiqué la boxe anglaise. « Ou plutôt de la cubaine, plaisante Yasmine, en 4e, car ils nous ont expliqué qu’ils étaient la nation la plus médaillée en boxe dans l’histoire des Jeux ! »
En effet, il n’y a qu’à prendre le tableau des médailles des derniers Jeux de Tokyo : 4 or et un bronze chez les hommes… En matière de boxe, Cuba, c’est un peu l’équivalent du Brésil en foot !
« Par contre, ils nous ont aussi dit qu’ils n’avaient pas d’équipe nationale féminine. D’après ce que j’ai compris, il n’y a pas vraiment de raison. Je trouve ça dommage. », poursuit Yasmine qui, elle, en est déjà à sa quatrième année de boxe au sein du Tremblay Rouvres Boxe française.
Prendre leurs repères
En ce mercredi de début novembre, après des échanges en matinée avec les boxeurs, les collégien·ne·s ont eu le privilège d’assister à la séance d’entraînement du soir, la deuxième de la journée. Car les 8 boxeurs juniors – tous âgés de 18 ans – ne sont pas venus jouer les touristes, en dépit d’une visite sur les Champs-Élysées et d’un passage par la Tour Eiffel. Ils sont d’abord venus préparer les championnats du monde juniors (qui ont débuté mardi 15 novembre à La Nucia, près de Benidorm en Espagne) mais aussi prendre leurs repères à Tremblay, en vue d’une arrivée des « seniors » en amont des Jeux olympiques.
« Le savoir-faire tremblaysien »
« Voilà un certain temps déjà que Tremblay a des relations avec Cuba, grâce notamment au maire, François Asensi. Notre but est vraiment de s’inscrire dans une relation durable avec eux, pas juste de faire un « one shot ». En faisant venir les boxeurs cubains à Tremblay, on met déjà les habitants d’ici au contact des Jeux et nous aimerions aussi nous rendre là-bas dans le cadre d’un éventuel projet de partenariat », explique Michel Bodart, conseiller municipal de Tremblay en charge des Jeux olympiques 2024. Au programme notamment : exporter le savoir-faire tremblaysien en matière de rugby féminin, « en échange » de ces instants passés en compagnie des boxeurs cubains.
Footing à jeun
Pendant ce temps, les sacs de frappe continuent de résonner et les fronts de transpirer. Tous ces jeunes boxeurs se rêvent évidemment champions olympiques, et pourquoi pas à Paris… « C’est mon objectif, bien sûr, et je travaille dur pour ça. Tous les jours, nous nous levons à 4 h et demie du matin. Nous partons faire un footing à jeun puis nous nous entraînons jusqu’à 7h30. La deuxième séance d’entraînement a lieu de 9h30 à 11h30. Ensuite, l’après-midi, ce sont les cours : tous ici nous nous destinons à devenir profs d’éducation physique », détaille Ronny Alvarez Noa. A 18 ans, ce beau combattant en -86 kg a déjà un palmarès conséquent : or aux derniers Jeux panaméricains en Colombie et champion de Cuba cette année.
Plus léger (-67kg), mais pas moins méritant, Jorge Daniel Foncads raconte lui ses débuts en boxe, à l’âge de 8 ans : « J’y suis venu par mon père, qui était lui aussi boxeur. Il a commencé à m’entraîner et je me suis rendu compte que j’aimais ça. J’ai gravi les échelons et je suis désormais au centre d’entraînement juniors de La Havane, à quelque 500 km de chez moi puisque je suis de Camagüey (dans le centre du pays) ».
Mélange entre puissance et mobilité
Entre les boxeurs qui sautillent ou s’observent dans le grand miroir de la salle, un homme en survêtement blanc, prend ses informations. « Je viens voir pour m’inspirer, adapter mes entraînements, même si évidemment je connais tout ça par cœur », confie Luis Mariano Gonzalez, entraîneur de l’équipe de France seniors… et Cubain ! Un homme qui a aussi compté dans les liens tissés par les deux sélections. « La boxe cubaine, c’est un mélange entre la puissance de l’école soviétique, avec laquelle nous avons commencé et la mobilité que nous lui avons su lui ajouter. C’est ça qui fait sa force », témoigne l’homme qui avait emmené en avril dernier l’équipe de boxe française à Cuba. Quatre jeunes Français combattent d’ailleurs aussi aux championnats du monde de La Nucia et pourraient croiser la route d’un des 8 Cubains !
A la fin de l’entraînement, Amina, une collégienne de Tremblay, se disait bluffée. « Maintenant, j’aimerais bien aussi les voir au moment des Jeux ! », lance cette fan de sports de combat. La ville de Tremblay et le Département y travaillent, eux qui négocient actuellement avec Paris 2024 des places dans le cadre d’une billetterie sociale. Le 27 juillet 2024, les compétitions de boxe débuteront en tout cas à Villepinte, en Seine-Saint-Denis, et qui sait, peut-être que l’un des 8 Cubains de ce premier séjour en sera.
Photos : ©Nicolas Moulard et @service des sports de Tremblay
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