Imad El Goumri, membre de la « génération dorée » de l’AS Pierrefitte

Imad El Goumri, membre de la « génération dorée » de l’AS Pierrefitte
Athlétisme

Le 12 mars, ce jeune homme a été sacré champion de France juniors de cross sous le maillot vert et rouge de l’AS Pierrefitte. Sa deuxième victoire de rang sur cette même épreuve, lui qui l’avait déjà emporté en 2022 sans pouvoir être titré, n’étant alors pas encore français. A seulement 18 ans, cet habitant d’Epinay se projette déjà sur les JO de Los Angeles où il rêve de disputer le 5000m. Portrait.

Une plaque posée sur la tribune du stade Roger-Fréville de Pierrefitte annonce la couleur : « Ici, le 7 mai 1994, les athlètes de l’AS Pierrefitte ont battu en 5h 16’ 07’’ le record du monde du 100 x 1000m. » On ne met pas les pieds n’importe où : voilà des décennies que les maillots vert et rouge de l’AS Pierrefitte sont connus pour leurs performances en fond et demi-fond.


Le jeune homme qui nous attend juché sur sa trottinette noire à l’entrée du stade s’inscrit à la perfection dans cette longue tradition : le 12 mars, Imad El Goumri Jebbouri a fait un festival à Carhaix, devenant champion de France juniors de cross sur ce parcours ultra-exigeant. En réalité, il s’agit même d’un doublé puisque le dragster des labours l’avait déjà emporté en 2022 aux Mureaux. « Mais à l’époque, je n’avais pas encore la nationalité française, je ne l’ai obtenue que le 14 décembre 2022. J’étais content quand même évidemment, mais là je suis encore plus fier », savoure ce jeune homme né en Espagne de deux parents marocains.

Fasciné par Ronaldo

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En termes de souffle, celui qui est étudiant en première année de STAPS à Bobigny a de qui tenir : son père, lui aussi athlète sur 3000m, est originaire de Berkane, ville d’un certain Hicham El Guerrouj. Dans sa jeunesse, le paternel s’entraînait d’ailleurs avec le double champion olympique marocain avant d’émigrer pour l’Espagne.
C’est là, à San Javier, dans la région de Murcie, qu’Imad a vu le jour et passera ses 6 premières années. Après 4 autres années au Maroc, à Berkane justement, sa petite famille arrive en France, à Livry-Gargan.
« Au début, ma passion c’était plutôt le foot. L’athlé, ce n’est venu que progressivement », explique celui qui voue une véritable admiration à Cristiano Ronaldo, dont il a d’ailleurs imité la célébration lors de son passage victorieux de la ligne d’arrivée à Carhaix.


L’athlé, le jeune latéral droit du FC Livry-Gargan n’y vient au départ que par défi, persuadé qu’il peut battre les athlètes qu’il voit tourner autour du stade à la fin de ses matches de foot. Ce qui est effectivement le cas : un mois après ses débuts, en 2015, il est déjà champion départemental de cross.


Et quand la famille déménage à Epinay-sur-Seine à ses 13 ans, l’idée d’une « reconversion » à la piste fait tout doucement son chemin. « J’ai fait des recherches sur Google et vu qu’il y avait à Pierrefitte un très bon club pour le fond. En septembre 2017, en faisait un tour sur le stade, je suis tombé sur Hermann Timba, le président de l As Pierrefitte athlé, qui m’a dit de les rejoindre. Une semaine plus tard, Yliès Mihoubi (devenu en 2022 champion de France et recordman du 5km route) y signait aussi. En une semaine, les gars, ils ont fait le mercato Mbappé-Neymar… », lance avec humour le jeune homme, adepte des vidéos accrocheuses sur TikTok où il cumule près de 50 000 abonnés.

Les « petits hommes verts » de Pierrefitte

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Imad El Goumri et son entraîneur Slim Ghomrasni

Imad El Goumri, Yliès Mihoubi, Gabriel Timba : voilà le nouveau trio magique du club, que le club se plaît à appeler sa « génération dorée ». « Ces trois-là se sont bien trouvés, sourit Slim Ghomrasni, leur entraîneur. Chacun apporte à l’autre. Passé la rivalité, bien normale dans une discipline individuelle comme l’athlé, ils ont compris qu’en s’appuyant les uns sur les autres, ça permettait de franchir des étapes et de casser certaines barrières », explique leur coach.
« Plus que tout, on tient à notre réputation de club formateur, poursuit cet enfant de Pierrefitte, qui avait déjà contribué avec Mehdi Akaouch et Lahcène Salhi à forger la tradition des « petits hommes verts », référence à la couleur de leur maillot ou à leurs performances stratosphériques. On est sur un territoire assez pauvre, on n’a pas des moyens exponentiels, mais on a un savoir-faire qui nous permet de tirer au plus haut niveau les talents du territoire. »
El Goumri, Mihoubi, Timba, trois athlètes prometteurs pour trois profils différents : Imad le fondeur, amoureux des longues distances et des courses hivernales, Yliès Mihoubi le demi-fondeur, et Gabriel le finisher (possédant la plus grosse pointe de vitesse des trois).
« Ils sont différents tous les trois, mais ce sont tous des graines de champion, abonde Guy Jouvenelle, figure historique du club et président d’honneur. Ce qui me frappe chez Imad, c’est sa passion pour la discipline du cross. Depuis 1977 que je suis au club, je n’ai jamais vu un gamin aimer autant les distances longues qu’Imad. »


Et de fait, avant même les Jeux de Los Angeles 2028, qu’Imad vise sur 5000m, le jeune homme nous parle des championnats d’Europe de cross, programmés fin 2023 en Belgique. « L’année dernière, j’étais dégoûté parce que je n’avais pas pu les faire, n’étant pas encore français. Et cela, alors que quelques mois plus tard, je battais dans un match international un Anglais qui y avait terminé 4e… », bouillonne-t-il.


Qu’on se rassure : sur piste, le jeune homme sait aussi se défendre, lui qui a signé fin janvier à Lyon la meilleure performance juniors de tous les temps sur 3000m indoor : 8’10’’39. De quoi voir venir avec sérénité l’été et la saison sur le tartan, avec les championnats d’Europe juniors à Jérusalem. Si Imad y performait, on peut être sûr qu’il nous gratifierait d’une autre célébration, façon Ronaldo style.

Christophe Lehousse
Photos : ©Sylvain Hitau

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