Une délégation palestinienne en Seine-Saint-Denis

Une délégation palestinienne en Seine-Saint-Denis
International
  • Deux maires et le représentant de l'association Réseau de coopération décentralisée pour la Palestine ont été invités à assister aux Jeux paralympiques.
  • Ils ont témoigné auprès des élu⸱e⸱s de Seine-Saint-Denis de la réalité du terrain en Cisjordanie et des destructions massives subies par leur population.
  • Ces rencontres ont aussi renforcé les liens de coopération autour de projets sur le sport inclusif, les violences faites aux femmes, l'assainissement et la culture...

Mustapha Salah, le maire de Qalqilya, a eu de la chance de faire partie des membres de la délégation palestinienne accueillie pendant une semaine dans les villes du territoire et sur certains sites olympiques. A quelques minutes près, le premier magistrat de cette ville de 50 000 habitant·e·s aurait pu être bloqué avec sa famille dans le cadre d’une opération militaire israélienne au nord de la Cisjordanie.

Accueilli par le Président du Département Stéphane Troussel, les vice-présidents Pascal Labbé et Belaïde Bedreddine, la responsable de l’Observatoire des violences faites aux femmes Ernestine Ronai et le maire de Bobigny, l’élu palestinien s’est extrait quelques jours d’un quotidien violent en assistant notamment à des épreuves paralympiques, une balade sur les Olympiades culturelles

Accompagnés par des membres de la Direction Europe et International (DEI), Ryad Awad, le maire de Tulkarem et lui  en ont profité pour décrire le bilan humain et matériel tragique du conflit post 7 octobre, faisant près de 220 mort·e·s dans ces deux communes et 185 à Jénine.

Des besoins humanitaires colossaux

« Le camp de Tulkarem s’apparente à un mini-Gaza. L’eau, l’électricité sont interrompues, ce qui est catastrophique pour les réfugiés. Toutes les rues ont été retournées par les bulldozers de Tsahal et des dizaines de maisons ont été démolies », détaille Riyad Awad. « Dans la ville, la destruction est partielle, concentrée à certains quartiers ».  Le maire de Jénine, dont une grande partie du centre-ville est en ruine, a quant à lui préféré annuler sa venue face à la tragédie. 

Yaser Abdel, le chargé de mission du Réseau de coopération décentralisée pour la Palestine (RCDP) confirme l’ampleur des besoins de la population en Cisjordanie. « La situation est extrêmement tendue avec des frappes aériennes détruisant de nombreuses infrastructures routières, des habitations, des réseaux électriques et d’eau », explique-t-il. Les réparations effectuées par les collectivités locales sont en effet souvent réduites à néant par de nouvelles destructions lors des affrontements entre les militant·e·s palestinien·ne·s et l’armée israélienne. 

Le Département de la Seine-Saint-Denis, sensible au sort de toutes les victimes de ce conflit, va abonder à hauteur de 15 000 euros le Fonds de solidarité pour les populations civiles à Gaza mis en place par l’association Cités Unies France et le RCDP. Une autre enveloppe d’urgence de 15 000 euros a été débloquée pour faire face aux problématiques d’alimentation et d’accès aux soins pour les familles.

Agir pour la paix sur le long terme

Partenaire des trois villes depuis 1999, la collectivité s’est engagée, par la voix du vice-président chargé de l’écologie urbaine Belaïde Bedreddine, à mobiliser des ressources en faveur de la réhabilitation et la reconstruction des infrastructures liées à l’eau. Ces actions se feront dans le prolongement de projets plus anciens menés avec le Syndicat interdépartemental pour l’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP) et le Département du Val-de-Marne.

« Nous avons lancé en 2022 un centre d’hébergement pour les femmes victimes de violences à Jénine qui a été réhabilité dans le cadre d’un partenariat entre autres avec l’Agence française de développement », indique Ernestine Ronai, la responsable de l’Observatoire des violences faites aux femmes en Seine-Saint-Denis. « Cet espace offre désormais des activités culturelles, du soutien psychologique au profit des femmes et des enfants qui y trouvent un peu de répit et la possibilité pour certaines d’organiser du commerce communautaire ». 

Le Département participe aussi à plusieurs projets visant à informer sur la situation et proposer des connaissances ou des clés de compréhension dans des dynamiques de réseaux. Le programme JER’Est vise ainsi à soutenir les actions d’un centre culturel à Jérusalem Est en proposant aux jeunes des formations qualifiantes. Côté Seine-Saint-Denis, la collectivité, la Ville de Bagnolet et l’Institut de recherches et d’études Méditerranée Moyen-Orient (IReMMO) organisent à compter de la mi-septembre à travers le programme Muftah/la Clé des rencontres et des échanges avec les habitant·e·s autour des enjeux dans la région. 

« La guerre à Gaza qui a suivi les attaques terroristes du Hamas a engendré des pertes humaines effroyables (NDLR : au moins 40 500 morts selon l’ONU) et de grandes souffrances pour les populations » a déclaré Stéphane Troussel. « Par notre action, nous espérons apporter notre pierre pour une paix juste et durable au Proche-Orient (…) permettant la coexistence entre Israël et la Palestine, ce qui est tout le sens de notre partenariat ».

 

Crédit-photo : Paul Audibert

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