La Cloche résonne solidaire !
- L'association La Cloche agit contre l'exclusion des personnes en grande précarité en organisant un réseau de commerçant·e·s solidaires à Pantin.
- La structure subventionnée par le Département incite les professionnel·le·s à leur proposer des services gratuits comme recharger son téléphone, bénéficier d'un repas ou d'une prestation...
- Ce projet intitulé « Le Carillon » permet à de nombreux sans-abris de trouver du réconfort et de changer le regard du public sur les plus vulnérables.
« C’est très important d’aider les gens dans le besoin et on le fait avec grand plaisir » affirme Nurcan, 51 ans, vendeuse pour une boutique de pâtisseries orientales pantinoise. « Le patron et moi, on est originaires de Turquie et chez nous, le sens de l’accueil est fondamental… ». Abordée par les membres de l’association La Cloche, l’avenante marchande mettra plusieurs böreks (feuilleté oriental salé) et des backlavas de côté pour les distribuer lors de l’arrivée des bénéficiaires du réseau de commerçant·e·s solidaires du Carillon.
Une implication « à la carte » des acteurs mobilisés
Toutes les semaines, Lucas Marguerite, coordinateur de l’antenne In Seine-Saint-Denis de la structure associative sillonne avec plusieurs bénévoles les rues commerçantes du territoire. Parmi eux·elles, Inès, 25 ans, médiatrice culturelle et Irène, 60 ans, retraitée de la fonction publique se sont mobilisées récemment pour faire du porte-à-porte afin de proposer aux marchand·e·s pantinois·e·s d’intégrer le réseau. « Nous leur proposons d’offrir de petits services réguliers aux personnes en grande précarité comme donner de la nourriture, les laisser utiliser les toilettes ou accéder au wifi, appeler les urgences si besoin…» détaille la jeune Inès.
Une activité chronophage mais humainement enrichissante qu’elle réalise depuis quatre ans en fonction de ses disponibilités avec les neuf autres bénévoles de l’association. « Je présente ces différents services à nos bénéficiaires lors des rencontres Repères que nous organisons régulièrement dans des cafés associatifs comme La Blague à Aubervilliers ou la Maison jaune à Saint-Denis » ajoute-elle. Ces rendez-vous, qui se font dans une ambiance conviviale, ont permis cette année aux membres de la Cloche de distribuer 412 bons aux plus démuni·e·s et de passer de bons moments en commun.
« J’ai toujours été sensible au sort des personnes en difficulté » confie Irène, qui assiste régulièrement à des ateliers participatifs (jardinage, cuisine, tricot…) et à des ciné-débats avec les bénéficiaires. « J’ai été agréablement surprise et même touchée par leur facilité à entrer en contact avec moi, me raconter tout un morceau de leur vie ou m’apprendre un tour de cartes… ».
Ces « militant·e·s » contre l’exclusion ont rallié à leur cause une vingtaine de commerçant·e·s (restaurateur·rice·s, épicier·ère·s, pharmacien·ne·s, opticien·ne·s…) installé·e·s à Pantin et à Saint-Denis, qui ont apposé à l’entrée de leur magasin un logo reconnaissable pour les bénéficiaires. Les services proposés gracieusement, qui vont de la boisson chaude à la retouche d’un vêtement voire à l’obtention d’une paire de lunettes, peuvent aussi être prises en charge financièrement par les client·e·s de ces magasins, dans le cadre de produits ou de services « suspendus ».
Changer de regard sur les personnes sans-abri
Suzanne, 47 ans, coiffeuse a voulu faire « de bonnes actions » et donner une partie de son temps aux plus vulnérables. Elle va offrir une nouvelle coupe à Thierry, hébergé dans la pension de famille d’une association de lutte contre l’exclusion, qui arbore depuis des années des cheveux longs et une imposante barbe poivre et sel. « Les gens ne vont plus me reconnaître, j’ai l’impression d’être une autre personne avec cet air glabre » sourit le quinquagénaire qui regrette l’indifférence de la société et la lenteur des administrations dans le cadre notamment de l’accès au logement.
Ces rencontres sur la base de services gracieux permettent aux commerçant∙e∙s mais aussi à leurs client∙e∙s de casser les préjugés sur les personnes en grande précarité et de restaurer leur confiance en elles. « J’ai déjà coiffé deux personnes par le biais du réseau solidaire. L’une d’elles m’a fait découvrir le henné qui lui a donné une coloration noire très naturelle, contrairement à ce que je croyais » confie la quadragénaire. « C’est valorisant de les voir requinqués et fiers de leur nouvelle tête à la sortie du salon ».
Au-delà du réseau Le Carillon, l’association La Cloche réalise de nombreuses initiatives pour réinsérer les personnes touchées par le sans-abrisme : « apérues » festifs dans des bars, formation des acteurs en contact avec ce public comme les directeurs de superettes, création d’une fresque pour sensibiliser le grand public… « Un de nos bénévoles a eu un petit parcours de rue et nous donne des conseils toujours très justes pour aider les personnes » ajoute Lucas, le coordinateur, fier de voir le concept « en open source » de l’association être repris par d’autres ONG à Blois, Saint-Nazaire…
La structure organise de très nombreux événements pour rendre la société plus inclusive. Si vous souhaitez en savoir plus, ne manquez pas le ciné-débat « Au clair de la rue » programmé mardi 23 janvier à 19h à la Maison de la Conversation présentant un documentaire sur la chorale de la Cloche assurée par des personnes sans-abri. Et ceux·celles qui préfèrent les échanges de visu sont invité·e·s dès février à des rencontres conviviales* avec les bénéficiaires pour faire plus ample connaissance…
*Les prochains ateliers de La Cloche
Ne ratez pas la projection du documentaire « Au clair de la rue » mardi 23 janvier à 19h à la Maison de la Conversation située au 10-12 rue Maurice-Grimaud à Paris. Ce film suivi par des débats avec des professionnel·le·s met en avant les chanteurs précaires de la chorale de l’association lors des répétitions et des concerts. Un témoignage bouleversant et plein d’espérance.
D’autres rencontres sont programmées à compter du mois de février avec
- un atelier cuisine samedi 3 février de 16h30 à 20h30 au Troisième Café, 16 rue de la Beauce dans le 3ème arrondissement de Paris
- une session jeux de société mercredi 7 février de 15h à 18h au Petit Ney, 10 avenue de la Porte Montmartre dans le 18ème arrondissement de Paris
- un échange sur le tricot mardi 13 février de 16h30 à 17h au 47 rue des Batignolles dans le 17ème arrondissement de Paris.
Les autres ateliers seront indiqués sur le site web de l’association.
Vous verrez que les personnes touchées par le sans-abrisme ont beaucoup à apporter aux habitant·e·s et que le chemin de leur insertion passe aussi essentiellement par le regard et la bienveillance de la société.
Vous êtes commerçant∙e∙s, situé∙e en Seine-Saint-Denis et vous souhaitez vous engager dans le réseau Le Carillon ?
N’hésitez pas à contacter l’association La Cloche au 06 44 78 97 24 ou sur seinesaintdenis@lacloche.org.