Miser sur « l’intelligence collective » avec L’Assemblée des 100 Voix
- La première séance de l’Assemblée des 100 Voix, notre conseil citoyen, s'est déroulée samedi 29 novembre.
- 51 femmes et 49 hommes habitant·es de toute la Seine-Saint-Denis, vont se réunir pendant les 2 années qui viennent pour proposer des politiques publiques en direction de la jeunesse et des personnes âgées.
- Au programme de cette séance : les questions d’aidance, autrement dit aux situations de la vie – handicap, grand âge – qui obligent des proches à devenir « aidants ».
« Pour une première, c’était réussi. On sent que tout le monde veut apporter et travailler ensemble. » Ruben, retraité et habitant de Noisy-le-Sec, a le sourire au moment de sortir de la délibération de l’Assemblée des 100 Voix. Ce conseil citoyen, voulu par le Département, se réunissait pour la toute première fois samedi 29 novembre dans les locaux de l’ancien Institut de la Recherche pour le Développement à Bondy.
Ses 100 membres, choisis pour leur envie d’apporter leur expertise au débat public, ont donc fait connaissance, à la fois entre eux, et aussi avec le fonctionnement de cet outil, qui se veut une incarnation de la démocratie participative.
« Cette Assemblée des 100 voix était une promesse de notre campagne de 2021. Elle veut faire émerger des voix qui sont souvent invisibilisées : celles d’habitant·es de notre territoire qui ont leur vécu à apporter. Dans le département le plus jeune de France, il fallait que les jeunes soient fortement représentés. Ainsi que les voix étrangères, car ces habitant·es contribuent par leur travail, leur présence à la vie de ce territoire. Ensemble, je pense que leurs propositions vont contribuer à régénérer la vie démocratique du pays », expliquait ainsi Stéphane Troussel au moment de lancer la nouvelle instance.
Une Seine-Saint-Denis miniature
« Nous avons quelque part sous les yeux une Seine-Saint-Denis miniature », se réjouissait Mathieu Monot, conseiller départemental délégué à la démocratie participative, qui aura par ailleurs insisté pour que chaque membre de cette nouvelle instance soit indemnisé pour le temps consacré- 120 euros la journée.
La diversité se reflétait en effet bien dans ce « parlement du 93 » : Lætitia, 25 ans, venue du Blanc Mesnil, avait hâte de pouvoir apporter ses idées sur l’accès au logement, quand Alpha Amadou estimait pouvoir apporter son expérience de conseiller prévention sécurité pour la ville de Villepinte. Mountaga, 20 ans, en études de sciences de l’ingénieur à Paris-8 Saint-Denis, côtoyait Jacques, 67 ans, des Lilas, qui disait avoir postulé parce qu’il « croit fortement dans l’intelligence collective ».
Au total, sur les 100 membres de la nouvelle assemblée, on compte 51 femmes et 49 hommes, dont 30 % de nationalité autre que française.

La dessinatrice montreuilloise Claire Robert a croqué les membres de la nouvelle Assemblée des 100 Voix dans leurs travaux.
« Qui est né en Seine-Saint-Denis ? » « Qui y habite depuis 5 ans ? » La composition de l’assemblée donnait d’ailleurs lieu à un jeu amusant – un peu comme dans les mariages – où les membres concernés se levaient en fonction de la question posée.
Une fois la glace rompue, il était ensuite l’heure de se mettre au turbin, avec pour premier sujet, les « aidant·es », autrement dit ces quelque 12 millions de citoyen·nes qui en France viennent en aide sur le long terme à une personne en difficulté.
« Quand t’es aidant, ça vampirise ta vie. »
Répartis en 6 groupes de travail – principalement selon l’âge – les 100 Voix, croqués au passage par la dessinatrice montreuilloise Claire Robert, planchaient alors sur cette question qui, dans une France vieillissante, prend de plus en plus de poids. Peu découvraient le sujet, d’autres sans doute auraient aimé le connaître un peu moins.
« Quand t’es aidant, ça vampirise ta vie. Tu vois bien tout ce que tu faisais avant et que tu n’as plus le temps de faire. Et même si tu as choisi d’aider, t’as quand même le seum. Donc pour pas s’épuiser, il faut pouvoir faire intervenir des tiers. », estimait ainsi une jeune femme. « Malheureusement, les aidants meurent parfois plus vite que les personnes qu’ils aident », corroborait Faris, 18 ans.
Découvrez en vidéo notre reportage sur les 100 voix
La suggestion d’une « boîte à idées »
Pas encore le temps de proposer de réelles solutions ou de prendre connaissance de ce que les différentes collectivités – Centre Communal d’Action Sociale, Département ou associations proposent déjà – mais la prochaine séance a déjà prévu d’approfondir la question.
Deux heures passées à proposer une définition commune de l’aidance et il était déjà temps de prendre congé après un dernier bilan dans l’amphithéâtre du campus de l’ancien IRD de Bondy.
« J’ai bien aimé la qualité des échanges. Mais peut-être pourrait-il y avoir quelque part une boîte à idées pour soumettre des thèmes lors des prochaines séances ? », proposait Elise, de Saint-Denis. « Proposer des choses, c’est bien, c’est même essentiel, mais peut-être faudrait-il partir des dispositifs qui existent déjà, pour ne pas faire du sur-place », suggérait une autre participante, assez cartésienne semble-t-il.
« Je salue vraiment cette initiative du Département et j’espère que ça débouchera sur quelque chose, ponctuait Salah, 71 ans. Pour moi, c’est bien de travailler sur l’aidance, mais le cœur du problème, c’est la misère sociale. Elle s’appelle abandon chez les vieux et absence de perspectives chez les jeunes. On n’en fait pas assez pour les jeunes des quartiers populaires. Malgré toutes les bonnes volontés, on n’a fait que diminuer les dépenses sociales. Quand je vois qu’on ferme des colonies de vacances, ça me rend fou de rage… Je compte sur cette assemblée pour inverser un peu la tendance… », soufflait cet ancien éducateur d’un service jeunesse de Saint-Denis.
Beaucoup, la majorité, avaient déjà coché la date de la mi-janvier pour refaire entendre leur voix dans cette Assemblée des 100 Voix.
Christophe Lehousse
Photos : ©Bruno Lévy
Tous les commentaires2
Bonsoir chers tous, j’ai été heureuse d’être sélectionnée et faire partie de l’assemblée des 100 voix afin d’apporter mon expertise pour le bon déroulé de cette association.
Je constate que l’organisation de la première assemblée a été une réussite parfaite et j’y crois pour le futur. Merci et à très bientôt.
Bonjour, je me nomme Salah BEGGAS, je suis dans le 93 depuis 1966, j’ai apprécié l’initiative du Département en mettant en place cette ASSEMBLÉE CITOYENNE, j’ai apprécié le mixage des 100 voix, il serait utile sans « obligation d’achat » hihihi de la part des 100 voix d’envoyer un rapport à chaque rencontre/atelier/visite à 100voix@seinesaintdenis.fr pour y apporter idée, critique constructive pour évoluer et avancer ensemble. Bien cordialement Salah BEGGAS Agent de maintenance mutualisé au Département.