Protéger les jeunes filles

Protéger les jeunes filles
Contre les violences
  • Situé à Bagnolet, le LAO Pow’Her (Lieu d’Accueil et d’Orientation) est le seul lieu en France qui vient spécifiquement en aide jeunes filles âgées de 15 à 25 ans victimes de violences.
  • Un outil nécessaire pour un public fragile, à la fois première victime de violences et faisant le moins appel aux structures spécialisées.
  • En difficulté de financement, le LAO Pow’Her a lancé un appel aux dons.

Les jeunes filles et les jeunes adultes, âgées de 15 à 25 ans, sont d’après les études les premières victimes de violences, quelles soient intrafamiliales, conjugales, sexuelles. Pourtant, cette part de la population est sous-représentée dans les structures d’accueil et d’accompagnement. De même, elle ne représente que 11% des appels au 3919, le numéro national d’aide aux victimes de violences et seulement 10 % des bénéficiaires de structures spécialisées, selon une enquête du centre Hubertine-Auclert (centre francilien pour l’égalité Femmes-Hommes) publiée en 2016.

Amandine Maraval, directrice du LAO Pow’Her explique :« Les jeunes filles ne se retrouvent pas dans les structures destinées majoritairement à l’accueil d’adultes, elles qui bien souvent ont subi des violences de la part d’adultes, ont fugué… » C’est pour cela que cette structure unique a vu le jour en 2019, sous la direction de l’association FIT, Une Femme un toit et avec  soutien du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, de la Ville de Paris, la Ville de Bagnolet, la préfecture de la Seine-Saint-Denis, la région Île-de-France, et de dons ponctuels de fondations.

Ecouter, orienter, soutenir

Dans ce bâtiment discret, sans aucune plaque pour l’identifier pour plus de sécurité, 450 jeunes femmes ont été accueillies depuis la création du LAO. La première tâche de l’équipe accueillante est l’écoute. Alors, selon leurs besoins et à leur rythme, les jeunes femmes bénéficient d’un accompagnement pluridisciplinaire. Educatrices spécialisées, juriste, psychologue, gynécologue, conseillère familiale et conjugale… L’équipe du LAO compte neuf salariées et 20 intervenants. « La plupart des jeunes filles ont subi des violences dès l’enfance, reprend Amandine Maraval, directement ou indirectement en étant de témoin de violences dans le couple de leurs parents. Elles ont grandi avec ce modèle et ne savent pas ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Lorsqu’elles quittent le milieu familial, le fuient le plus souvent, elles ont de gros risques de rencontrer un auteur qui reproduira les mêmes violences. Il est alors nécessaire d’entamer un long travail sur la déconstruction du schéma de la violence, pour éviter que celle-ci ne revienne à nouveau. »

Lieu d’innovation

Pour Ernestine Ronai, responsable de l’observatoire départemental des violences envers les femmes, « Le LAO est un lieu indispensable, le seul qui soit spécifiquement adapté à l’accueil des jeunes filles. Il a vocation à servir de modèle de construction pour d’autres centres du même type en France.  Avec le LAO, nous construisons des outils comme la Roue de la protection, une porte d’entrée pour créer un dialogue entre jeunes et professionnel·le·s. »

Pourtant, le LAO connaît de grandes difficultés financières. Comme beaucoup d’associations, il reçoit ses financements en fin d’année. Jusqu’à présent l’association FIT une femme, un toit pouvait avancer cette somme destinée à financer les salaires, mais aujourd’hui elle doit aussi financer des travaux importants dans un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et un centre d’hébergement d’urgence (CHU).

Le LAO a donc lancé un appel aux dons, encore actif jusqu’à fin mai, pour le sortir de cette crise. « De nombreuses personnes nous soutiennent. Le plus touchant, ce sont certainement les dons, certes modestes,  de 4 jeunes filles qui tiennent à ce que « leur LAO » vive ! » Pour autant, cette situation précaire ne peut pas durer. Pascale Labbé, conseillère départementale déléguée à l’Egalité femmes-hommes et à l’Observatoire des violences faites aux femmes, déclare : « Si l’Etat veut lutter contre violences envers les femmes, il doit plus financer LAO Pow’Her. Il soutient, ce qui est une très bonne chose, le foyer d’hébergement des hommes violents, la Maison des femmes, nous attendons à ce qu’il apporte le même soutien aux jeunes filles et jeunes femmes victimes de violences. Avec le président Stéphane Troussel, nous avons adressé une lettre à cet objet à la ministre Aurore Bergé. »

Pour mémoire, en 2021, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes de l’époque, Élisabeth Moreno, avait promis la création de dix LAO en France pour 2022. Aujourd’hui, le LAO Pow’Her de Bagnolet fait tous les jours preuve de sa nécessité et de son efficacité, mais il est toujours seul, et en danger !

 

Découvrez les outils de l’observatoire des violences envers les femmes 

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