La compagnie « La Sticomiss » crée une pièce dénonçant les LGBT-phobies

La compagnie « La Sticomiss » crée une pièce dénonçant les LGBT-phobies
Anti-discriminations
  • Cette compagnie de théâtre pantinoise a créé avec le soutien du Département « Cette fois, tout va bien aller » avec 6 jeunes LGBT.
  • Née d’une résidence d’écriture de trois semaines, cette pièce inventive et touchante dénonce les LGBT-phobies et la détresse qu’elles peuvent engendrer.
  • Un documentaire restituant le projet sera diffusé le 24 mai à L’Ecran de Saint-Denis.

« Cette fois, tout va bien aller » Quand résonnent ces mots au cœur de la pièce créée par La Sticomiss, compagnie théâtrale installée à Pantin, on se prend à espérer avec chacun des personnages que « oui, cette fois, tout va bien aller ».

Héloïse, Eugene, Clarence ou encore Joséphine – au total 6 jeunes – ont livré une pièce touchante, qui alterne entre légèreté et moments d’intimité poignante.

Pourtant, pour la plupart, c’était une première sur scène. Tous et toutes, ils avaient répondu à une proposition de la compagnie théâtrale La Sticomiss : trois semaines de résidence d’écriture pour des jeunes LGBT, en situation de précarité ou de rupture familiale. A Pantin et à Pavillons-sous-Bois, ces six-là se sont retrouvés pour écrire, partager ou dénoncer avant de monter sur scène.

« Etre nous-mêmes »

« Ces trois semaines de résidence, c’était jubilatoire. Et c’était un espace « safe »: un moment où on sentait qu’on pouvait être nous-mêmes et se lâcher vraiment », raconte Eugene, 24 ans, suivi par l’association Le Refuge.

« Dans cette résidence, on n’était que des personnes queer, donc il y avait une vraie solidarité. On pouvait partager notre vécu sans jugement, juste avec des personnes à l’écoute », complète Clarence, 21 ans.

Sur scène, ce sont leurs histoires qui résonnent, ou tout au moins une partie d’entre elles. Il y est question de rejet familial, de détresse, mais aussi d’affirmation, d’amour et de liberté.

« Certains textes que nous avions écrits étaient très légers et d’autres intimes. Dans la mise en scène, on s’est donc attaché à mélanger les expériences et les vécus, à dire des textes qui n’étaient pas les nôtres pour les rendre universels », explique encore Clarence, par ailleurs étudiant en 3e année de licence en théâtre.

Pour les guider, Anaïs Seghier et Valérian Lecourt, responsables de La Sticomiss, auront aussi mis leur patte, mais toujours en respectant le matériau de départ et les envies des 6 participants.

« A travers ce genre de résidences, notre but est double : on veut à la fois créer un espace d’expression pour les participants, aussi pour leur faire retrouver une certaine confiance, et susciter la réflexion auprès d’un public peut-être moins sensibilisé », explique Anaïs Seghier, la co-metteuse en scène.

Celle qui a déjà créé TW, sur les violences faites aux femmes, ou Erreur 404, qui parle de genre et sexualité sur internet, a fondé La Sticomiss en 2015, au sortir de la fac de théâtre. « Comme je ne me retrouvais pas forcément dans les spectacles que je voyais, j’ai décidé de me lancer. Personnellement, je voulais des spectacles féministes, avec un ancrage fort sur les thématiques d’actualité, particulièrement militants et politiques, et c’est ce qu’on s’attache à faire à la Sticomiss. »

« Pas plus de LGBT-phobie en banlieue qu’ailleurs »

Coutumiers des interventions en milieu scolaire, Anaïs Seghier et Valérian Lecourt se servent aussi des planches comme d’une arme de réflexion massive. « Evidemment, on entend parfois des propos très durs sur l’homosexualité ou la transidentité. Mais on pense que ce genre de pièces peut en amener certains à évoluer. Par exemple, dans un collège de Saint-Denis, certains lycéens ont fait spontanément des parallèles entre violences policières et LGBT-phobies. Ça voulait dire qu’ils avaient compris qu’il faut lutter contre toutes les discriminations, parce que toutes sont graves et blessantes. »

A l’issue de « Cette fois, tout va bien aller », pièce là aussi suivi d’échanges avec la salle, pas de remarques discriminantes ou provocantes. Juste de l’écoute et du respect. « Certains spectateurs voulaient savoir comment on s’y était pris pour faire le tri dans nos témoignages et si ce qu’on disait était autobiographique ou emprunté à d’autres », se souvient Clarence qui poursuit : « d’ailleurs, je ne pense pas qu’il y ait plus de LGBT-phobie en banlieue qu’ailleurs. C’est juste que dans les milieux bourgeois, ça peut prendre des formes plus insidieuses. » Un documentaire sur l’ensemble du projet, signé Nathanaëlle Glatigny, va d’ailleurs être diffusé le 24 mai prochain au cinéma L’Ecran de Saint-Denis.

La suite, ces jeunes la voient peut-être plus positivement grâce à cette résidence théâtrale. Eugene, accro à l’écriture depuis son plus jeune âge, se verrait bien refaire une résidence du même genre. Clarence, lui, va poursuivre ses études de théâtre pour, pourquoi pas, travailler dans la médiation culturelle. C’est sûr, cette fois, tout va bien aller.

Christophe Lehousse

Photos: ©Nicolas Moulard

Pour voir le documentaire sur « Cette fois, tout va bien aller », rendez-vous :

– le vendredi 24 mai au cinéma L’Ecran à Saint-Denis, suivi d’une rencontre avec l’équipe du film
– le mardi 28 mai, au Centre LGBT de Paris-Île-de-France, suivi d’une rencontre avec l’équipe du film et d’une scène ouverte

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