Comment agir contre les maltraitances intrafamiliales

En 2025, 56% des signalements de maltraitance concernaient des situations de maltraitance intrafamiliales à domicile et 13% impliquait des proches dans les établissements. Pour Magalie Thibault, élue au Département de la Seine-Saint-Denis « Ces chiffres soulignent l’importance d’agir. » Elle reconnaît que « les maltraitances intrafamiliales sont une forme de maltraitances particulièrement insidieuses car elles se déroulent souvent à huis-clos au sein même du foyer. Il est parfois difficile de les identifier, difficile de les exprimer notamment de la part des personnes qui en sont les principales victimes. Les liens affectifs et les systèmes de loyauté familiaux rendent les situations difficiles à repérer et à prendre en charge ».

En introduisant le colloque « Maltraitance intrafamiliale, comment repérer et agir pour protéger les personnes vulnérables, qu’elles soient âgées ou en situation de handicap » le 16 juin à la Bourse du travail de Bobigny, l’élue départementale précise que « La Seine-Saint-Denis n’a pas attendu que le cadre législatif évolue pour prendre en charge cette politique publique qu’on juge aujourd’hui prioritaire ».

Le Département a en effet mis en place un dispositif départemental de prévention qui inclut des cellules de traitement des situations, des actions d’accompagnement comme le soutien psychologique à domicile et la médiation, ainsi que des protocoles avec les service de la justice pour améliorer le suivi des situations signalées. Une politique départementale reconnue à l’échelle nationale.

Quelles sont les conséquences de cette maltraitance ?

« Les conséquences de cette maltraitance peuvent aller des troubles psy et psychotrauma, des troubles de l’attachement, des difficultés à faire confiance, un repli relationnel, une dépendance affective. On peut être dans l’évitement. Il y aussi une estime de soi qui est dégradée. On a peu confiance en soi, on a honte. On peut même avoir le sentiment d’être responsable de cette violence, d’être parfois souillée entre guillemets, sale de tout ça ou sans valeur. Ça donne souvent des conduites à risques : des automutilations, des conduites addictives, des comportements sexuels à risques ».

Walid Cheikh,

Psychologue, et formateur des professionnels accompagnant la personne âgée à l’EMPSA 93 Nord (Équipe mobile de psychiatrie du sujet âgé).

Loyauté et déni

« Il y a un sentiment de loyauté très très fort et un déni dans certaines situations. C’est à nous professionnel.le.s comment réfléchir avec d’autres professionnel.le.s pour pouvoir accompagner, ces personnes pour mettre des mots sur ce qu’ils sont en train de subir et d’agir nous en tant que professionnels si la personne n’est pas en capacité de le faire »

Isma Zalambani,

Coordinatrice du Pôle départemental bientraitance, aidants et lien social.

La maltraitance ne connaît pas d’âge

« A la question que devient un psycho-trauma ? Allez travailler en gériatrie… vous aurez la réponse. Si vous voulez savoir ce que ça fait de perdre un enfant pour une jeune femme de 30 ans. Allez en gériatrie pour voir comment on survit à ça. Si vous voulez savoir ce que ça fait d’avoir été battu quand on avait 5 ans. Allez en gériatrie, vous verrez le résultat. La gériatrie, c’est comme regarder Netflix toutes les saisons en une seule fois Saison 1 le bébé, saison 2 la petite enfance, saison 3 l’adolescence, saison 4 le jeune adulte, saison 5 l’adulte, saison 6 l’adulte confirmé, saison 7 l’adulte très confirmé.»

Natividad Alarcon-Lujan,

Psychologue, Unité médico-judiciaire, Hôpital Jean-Verdier.