Un sondage sur la LGBT-phobie en Seine-Saint-Denis

« Le nombre d’actes LGBT phobes est en hausse en France, mais on n’a pas de données locales concernant la Seine-Saint-Denis. Lancer ce sondage est une manière d’y remédier » Erwan Passey et Clara Morel, les deux co-présidents à la tête de l’association Queer Pantin, fondée en mai 2021, exposent la démarche de leur structure. Depuis le 3 juin – date aussi de la Pride des Banlieues, manifestation en faveur des droits des personnes LGBT qui s’est élancée de Saint-Denis – un questionnaire s’adressant aux habitants de Pantin et des villes alentour sera donc proposé en ligne pour mieux cerner le phénomène. Un sondage qui sera aussi relayé dans le cadre de la Caravane départementale contre les discriminations, qui reprend elle aussi la route en ce 3 juin et traversera 25 villes. Interview.

En quoi consiste le sondage que vous avez lancé le 3 juin ?

Erwan Passey et Clara Morel : Il consiste à recenser les discriminations ou LGBT-phobies qu’il peut y avoir à Pantin et ses villes limitrophes : Aubervilliers, le 19^e arrondissement, les Lilas, Saint-Denis et Montreuil. Mais cette liste n’est pas exhaustive, les habitants des autres villes du 93 peuvent aussi répondre. L’idée est qu’on puisse récupérer des chiffres sur les actes, la violence et la perception de ces actes LGBT-phobes. Le questionnaire propose une vingtaine de questions, de manière entièrement anonyme. Toutes les réponses sont importantes, celles des personnes victimes mais aussi les personnes témoins – et même autrices – des LGBTQ-phobies. Jusque là, l’association la plus connue qui faisait ce travail-là était SOS Homophobie, mais c’était à un échelon national. Nous pensons qu’il y a un besoin d’avoir des chiffres plus locaux.

Cela est-il basé sur le ressenti qu’il y aurait plus d’actes homophobes en Seine-Saint-Denis qu’ailleurs ?

E.P et C.M: Notre ressenti personnel est que non. Le nombre d’actes homophobes est en hausse – cela a été objectivé par des chiffres et des faits : un enfant s’est suicidé récemment pour cause de harcèlement à caractère homophobe. Un ado LGBT a d’ailleurs 7 fois plus de chances de faire une tentative de suicide… On assiste aussi à un retour de bâton sur les droits des femmes et des minorités de genre. En revanche, nous ne pensons pas qu’il y ait plus d’actes homophobes en banlieue qu’ailleurs. C’est donc plutôt pour tordre le coup à cette idée que nous avons lancé le sondage. Maintenant, nous verrons bien ce que disent les chiffres. Mais nous nous intéressons aussi dans ce sondage aux réponses apportées par les pouvoirs publics : les personnes victimes savent-elles quoi faire après une discrimination avérée ? Ont-elle confiance dans les institutions ?

Le dernier sondage fait par l’Observatoire départemental contre les discriminations révélait notamment que les institutions sur lesquels les personnes discriminées comptait le moins étaient l’État (15%) et la police (10%). Cela vous étonne-t-il ?

E.P et C.M: Ce qui est sûr, c’est qu’il y a en Seine-Saint-Denis des problèmes d’accès aux droits. C’est le département le plus pauvre de France métropolitaine, il y a dans certaines zones une pénurie de services publics. Tout cela se conjugue pour limiter d’une certaine façon l’accès aux droits. Ce sondage vise donc aussi à alerter les pouvoirs publics pour qu’ils mettent en place encore davantage de dispositifs.

Propos recueillis par Christophe Lehousse

Le lien vers le sondage lancé par Queer Pantin est ici.

Retrouvez toutes les infos et le parcours de la caravane de lutte contre les dicriminations qui sillonne le département jusqu’au 13 juillet