Tout pour prendre soin de sa santé sexuelle

Tout pour prendre soin de sa santé sexuelle
Santé et prévention
  • Les PMI et les centres de planification familiale organisent des rencontres lors de la Semaine nationale sur la santé sexuelle, jusqu'au 9 juin.
  • Chef de file de l'action sanitaire, le Département met à la disposition des habitant.e.s 138 "centres de santé sexuelle".
  • Eléna Villalon, médecin, nous présente le quotidien de la PMI Berthe-Morisot de Montfermeil...

Médecin planification familialeVous exercez au sein d’une PMI qui fait aussi office de centre de santé sexuelle. Quelles sont les missions de cet espace ? 

Un petit rappel historique pour éviter les confusions : la loi du 7 février 2022 a fait évoluer les centres de planification et d’éducation familiale en « centres de santé sexuelle » avec un petit élargissement de ses missions. Le Département a cependant fait le choix de conserver la dénomination de « centres de planification familiale et de promotion de la santé sexuelle » souvent localisés dans les 88 espaces de Protection maternelle et infantile (PMI) en Seine-Saint-Denis.

Ces 138 centres de planification assurent des entretiens et des consultations ouverts à tous.te.s dans les domaines de la contraception, l’accueil et l’écoute sur la vie affective ou sexuelle, la prévention et le dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST), les tests de grossesse et les interruptions volontaires de grossesse (IVG), l’orientation vers les professionnel.le.s adapté.e.s… Notre équipe est composée d’une femme médecin, d’une conseillère conjugale et familiale, épaulées par les agent.e.s de la PMI, qui sont également formé.e.s aux questions liées à la santé sexuelle. L’accès des habitant.e.s à ces entretiens ou consultations confidentielles est gratuit et sans condition de couverture maladie.

Avec 138 centres de planification familiale et de promotion de la santé sexuelle sur le territoire, la Seine-Saint-Denis est plutôt généreusement dotée…

En effet, le Département est engagé depuis 40 ans en faveur de l’accès à la contraception, l’IVG et la lutte contre les IST. Les 50 centres de planification et de promotion de la santé sexuelle ne dépendant pas des PMI sont gérés en délégation par des communes, des hôpitaux ou par le Mouvement français pour le planning familial. Ces lieux d’accueil fonctionnent en complémentarité avec l’espace de prévention et d’écoute pour les 13/25 ans du Tête à Tête, localisé à Rosny-sous-Bois, le Centre gratuit d’information, de diagnostic et de dépistage (CeGIDD) situé à Bobigny, les Centres départementaux de prévention santé (CDPS) et ses antennes sur le territoire pour les dépistages entre autres des IST en incluant aussi pour les CDPS la mise à jour des vaccins et la lutte contre la tuberculose.

Sur le plan matériel, notre centre de planification met à la disposition des usager.ère.s des supports pédagogiques, des matériels de prévention (préservatifs, digues dentaires, lubrifiants, PrEP…), de contraception (prescriptions de méthodes contraceptives, pilules du lendemain…), des outils de dépistage dont notamment les TROD, des tests de grossesse, des dispositifs permettant les IVG médicamenteuses ou chirurgicales…

Malgré ce dense maillage territorial, la Seine-Saint-Denis a le plus haut taux de recours à l’IVG et est le deuxième département métropolitain concerné par le VIH après Paris. Comment l’expliquez-vous ? 

Nous n’avons pas d’explication claire de ces phénomènes. Le taux élevé de recours à l’IVG est peut-être dû au fait que les populations primo-arrivantes ont un problème d’accès aux soins primaires et des tabous sur les questions de la sexualité. Il ne faut pas oublier aussi que notre département est jeune avec une densité importante d’habitant.e.s.

Pour la question du VIH, nous ne pouvons nous fonder que sur des hypothèses. Certains usager.ère.s ont de telles problématiques de logement, de travail ou de vie familiale, qu’ils peuvent mettre de côté les messages de prévention. Conscient des risques, le Département a lancé un plan d’action élaboré par l’épidémiologiste France Lert : « La Seine-Saint-Denis engagée pour la fin du Sida en 2030 » visant à décliner la stratégie internationale de l’ONUSIDA dite des 3*90. Afin de stopper l’épidémie, il faut qu’au moins 90% de personnes vivant avec le VIH soient diagnostiquées, qu’au moins 90% d’entre elles soient soignées, et qu’au moins 90% d’entre elles retrouvent une charge virale indétectable et donc instransmissible lors de la prise du traitement.

Comment sensibiliser les Séquano-Dionysien.ne.s à la protection contre ce virus ? 

Les structures départementales : centres de planification et de promotion de la santé sexuelle, CeGIDD, CDPS, Tête à Tête… qui sensibilisent leurs usager.ère.s, réalisent des opérations hors les murs pour toucher un public plus diversifié. De mon côté, avec ma collègue conseillère conjugale et familiale, je me déplace régulièrement auprès des collégien.ne.s de troisième afin d’évoquer les notions de consentement, de respect de l’autre, de la contraception et de la nécessité de prendre de la distance avec les films qu’ils peuvent trouver sur les réseaux sociaux… On fait des petits groupes en séparant quelquefois filles et garçons pour libérer la parole. Ils.elles sont globalement curieux.euse.s et ont des connaissances acquises en SVT ou lors de discussions entre pairs. Par ailleurs, le Département finance certaines associations locales engagées dans la prévention du VIH comme Aides, Ikambere, Sol en Si…

D’autres actions ont-elles été engagées pour promouvoir les droits sexuels et reproductifs ? 

Oui, nous cherchons à avoir une collaboration optimisée avec nos partenaires associatifs et institutionnels avec un meilleur fléchage pour le suivi, l’orientation… Par ailleurs, le Département cherche à augmenter le nombre de professionnel.le.s exerçant dans ce domaine avec l’ouverture récente de cinq postes de sages-femmes et de médecins. En outre, le Département s’est équipé de nouveaux échographes réalisant des échographies de datation nécessaires lors d’un recours à l’IVG. Cette action fluidifie le parcours des femmes leur permettant de réaliser la majorité de leurs consultations au sein d’un même centre.

Enfin, les agent.e.s des centres de planification familiale et de promotion de la santé sexuelle effectuent un questionnement systématique sur les violences dont elles auraient été témoins ou victimes, ce qui permet un meilleur accompagnement. La sensibilisation contre la violence du patriarcat se heurte à de nombreux conditionnements des hommes comme des femmes mais à la longue, je sais que l’information permettra leur émancipation. Comme l’écrivait Simone de Beauvoir, les libertés accordées aux femmes sont un révélateur des libertés des sociétés !

 

Semaine sur la santé sexuelle

Tables rondes, conférences, rencontres avec des jeunes… la programmation départementale de la Semaine nationale sur la santé sexuelle mobilise les professionnel.le.s des centres de planification familiale et des PMI.

Une semaine pour promouvoir la santé sexuelle

  • Lundi 3 juin de 14 à 16h – Information sur les moyens de contraception et dépistage des IST en partenariat avec la Maison de quartier à la PMI Les Erables au 19 avenue Salvador-Allende à Sevran
  • Lundi 3 juin de 14h30 à 17h – Table ronde sur la grossesse et la sexualité à la Salle des conférences de l’Immeuble Picasso, 93 rue Carnot à Bobigny
  • Mardi 4 juin de 14 h à 16 h – Café-débat avec les jeunes de la Mission Locale et du centre social de Pavillons-sous-Bois sur les thèmes de l’égalité filles / garçons, du consentement et des violences sexuelles à la Maison de quartier Edmond-Michelet au 44 avenue Salvador-Allende à Sevran
  • Mardi 4 juin de 20 h à 22 h – Conférence : Comment aborder la puberté avec les jeunes… à la PMI Les Erables au 19 avenue Salvador-Allende à Sevran
  • Mercredi 5 juin de 9h30 à 11h – Rencontre sur la santé sexuelle en lien avec la Maison de quartier à la PMI Beaudottes au 12 rue Charles-Conrad à Sevran
  • Jeudi 6 juin de 9h30 à 12h30 – Conférence sur les femmes et le VIH à la Salle des conférences de l’Immeuble Picasso, 93 rue Carnot à Bobigny
  • Jeudi 6 juin de 14h à 16h – Stand sur la santé sexuelle et la contraception à la PMI Rougemont au 8 rue Pierre-Brossolette à Sevran
  • Jeudi 6 juin de 14 h à 17 h – Stand d’information sur la contraception, les IST, l’IVG, les conflits familiaux, les violences avec deux interprètes pour les familles du Bengladesh, d’Inde et d’Afghanistan au Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile, 1 rue Edouard-Vaillant à Saint-Denis
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