Que faire pour l’emploi des femmes en Seine-Saint-Denis ?

Il est dix heures et déjà les visiteuses du Forum de l’emploi des femmes organisé par le Département de la Seine-Saint-Denis affluent ce 4 juin. In fine, elles seront plus de 800 à venir à la Villette pour trouver une formation, un employeur, une idée de métiers, un coach à même de leur expliquer pourquoi leur candidature n’aboutit pas.

Beaucoup d’entre elles sont arrivées dès l’ouverture. « On craignait qu’à 9h30 il y ait peu de monde mais on est contente de voir autant de personnes et elles savent pourquoi elles sont là. » Lyse et Céline, toutes deux agentes au Département à la Direction de l’Enfance, viennent justement de rencontrer une coordinatrice du lycée professionnel Rosa-Parks à Saint-Denis venue se renseigner pour orienter les élèves en CAP AEPE (accompagnement éducatif Petite Enfance) vers les métiers de la Petite Enfance. « Crèches, écoles, assistantes familiales, ATSEM, on présente le panel de possibilités qui existe dans ce secteur. On les informe aussi sur les modes d’accueil, on va animer un atelier ce matin sur cette question-là. »

Sur le Forum de l’emploi, l’association E2C accueille justement les enfants des visiteuses. Adja, 28 ans, venue de Bobign,y leur a confié pendant une heure son garçon de deux ans pour pouvoir trouver une formation dans la restauration : « J’aimerais travailler dans une cantine scolaire ». Charlette, 41 ans, une habitante d’Aubervilliers qui vient juste d’obtenir un diplôme d’auxiliaire de vie, y a déposé son fils de 10 ans dont la maîtresse était absente ce jour-là. Une fois l’esprit libéré, elles peuvent se concentrer sur leur objectif professionnel.

Aiguilleuses du rail ?

Safa, 34 ans, arrivée de Drancy avec son amie Fatimata, 33 ans, s’arrête sur le stand de la SNCF pour en savoir davantage sur le métier d’aiguilleur de rail : « Je veux rentrer dans un métier pour apprendre autre chose que ce qu’on connaît déjà, voir d’autres personnes, changer de routine. J’espère beaucoup de ce forum ». Passionnée par son métier et désormais en charge de la formation à la SNCF, l’aiguilleuse du rail répond à ses questions et ajoute : « C’est parce qu’on a été à votre place, qu’on sait ce que c’est que de chercher un travail et d’avoir des difficultés à en trouver un quand on n’a pas un réseau et personne pour se le créer. Certaines entreprises, dont la SNCF, vous aident à trouver un métier ». Un diplôme ? « Moi j’ai fait l’école au Bled, pas ici. J’ai un DEF, un diplôme d’études fondamentales » explique Fatimata, un diplôme obtenu au Mali, équivalent à notre brevet des collèges et reconnu par l’Unesco. « Ce qui est bien ici dans ce forum, c’est qu’on peut trouver des formations qui ne demandent pas forcément le bac, ni même le niveau bac, il y a même des formations qui ne demandent aucun diplôme » ajoute dans un sourire, Safa. « J’ai un niveau bac général. Je suis allée au bac mais je ne l’ai pas eu. Et Madame vient de nous expliquer qu’ils nous trouvent l’école, qu’on n’a rien à financer et que la formation est rémunérée. On a tout quoi, je veux dire… J’aimerais bien travailler pour la SNCF. »

Matelote ou 3D ?

Parmi les 80 partenaires présents au Forum, l’association Le fil de l’eau installée à Choisy-le-Roi propose des formations rémunérées elles aussi et accessibles à toutes. « On fait du bateau, du ramassage de déchets, des animations avec les enfants pendant deux heures. On fait des croisières qui passent par Gournay, Neuilly-Plaisance, Nogent sur Marne. On navigue de mai à septembre. Et quand il n’y a pas de navigation, on s’occupe de nettoyer les déchets, de protéger les berges, de l’élagage. On a par exemple planté 10 000 arbres dans le 77. Majoritairement ce sont des hommes qui font ce travail, mais si on est ici, c’est qu’on a envie de dire aux femmes de rejoindre notre équipe » expliquent Laurence, 56 ans, Christine, 44 ans, et Nassalia, 36 ans. « Je suis de la ville mais j’adore l’eau » explique Christine. « Moi je suis née dans la mer. Je viens des îles Comores » lui répond Nassalia. « C’est tout à fait accessible, je suis moi-même salariée MDPH » explique Laurence. Trois femmes qui ont obtenu leur formation d’« homme de pont ». Toutes ont passé le code pour naviguer. Le pilotage et le matelotage n’ont aucun secret pour elles désormais.

La high-tech était aussi présente sur ce Forum. L’association Permis de vivre la ville installée à Boulogne et à Aulnay-sous-Bois propose des formations 3D, jeux vidéo, vidéos, en deux ans aux personnes en insertion (26h par semaine). Ses clients sont à la fois des grandes entreprises comme la BNP, l’Oréal, mais aussi de petites entreprises avec ses contrats solidaires. « Cela permet aux gens de commencer une nouvelle vie avec les apprentissages indispensables pour évoluer en tant que professionnel : son, motion design, photographie… On cherche des femmes au RSA qui ont des difficultés à trouver un travail. Il faut être éligible à l’IAE (insertion par l’activité économique*)».
Un forum qui a travaillé sur tous les fronts en invitant des spécialistes du droit, en proposant des conférences et des ateliers tout au long de cette journée.

* Chômeurs de très longue durée (24 mois ou plus) Personnes qui touchent des minimas sociaux (RSA, ASS, AAH) Jeunes de moins de 26 ans en grande difficulté Travailleurs reconnus handicapés.