Marville, terre de Jeux et de solidarité

« Attention, cette fois vous avez le droit à un maximum de trois touches de balles. Allez, c’est parti pour un match en 21 points ! »

Sur le terrain de beach-volley du Parc départemental des sports de Marville, le sable est froid en ce début de mars glacial, les pieds sont nus, mais Mohammed a la main chaude et enchaîne les actions…

Le jeune homme originaire de Sierra Leone est l’un des participants de la première édition de « L’Olympiade de la solidarité aux réfugiés ». Organisée vendredi 3 mars par le Comité départemental Olympique et Sportif de Seine-Saint-Denis (CDOS 93) en partenariat avec les structures d’accueils de migrants et de réfugiés du département, cette journée sportive a réuni 75 participants âgés de 16 à 37 ans.

Venus se tester aussi bien à la boxe, qu’au beach-volley, au rugby, au skate, au tennis de table ou encore au badminton et au basket.

« On enchaîne les sports et ça fait du bien à la tête, sourit le Sierra-Léonais Mohammed retrouvé à la sortie d’une séance de boxe. Entretenir ton physique te fait oublier la fatigue, le stress, une partie de tes problèmes », poursuit le demandeur d’asile hébergé dans un Centre d’accueil de Villemomble.

« La Seine-Saint-Denis, terre d’accueil »

Surtout, cette journée partagée sur les terrains sportifs de Marville est également un moment pour créer du lien, rapprocher les réfugiés des clubs sportifs du 93. Un message que s’applique à faire passer Philippe Sturm, le président du CDOS 93 au fil des joutes et initiations sportives du jour : «  Nous sommes là pour vous accompagner vers nos clubs Alors, n’hésitez pas à venir vous inscrire, on sera là pour vous aider, la Seine-Saint-Denis est une terre d’accueil. »
Et donc de découverte pour les demandeurs d’asile qui comme Fatoumata, venue de Côte d’Ivoire, s’initient au badminton sous le regard de Carl Sainton, chargé de développement au sein du Comité départemental de badminton du 93 : « Elle arrive à renvoyer le volant de l’autre côté du filet, c’est déjà positif. Regardez, ça leur donne le sourire », explique l’entraîneur de « bad. » Pour moi, un moment comme ça compte énormément parce que je fais ce métier pour transmettre ma passion du sport et surtout parce que le sport m’a beaucoup donné, alors pourquoi pas donner à mon tour à ces personnes qui ont besoin de tout… »

Se sentir utile

De tout et « surtout de se sentir utile  », murmure presque Fatoumata, arrivée en France en septembre 2021 et depuis dans l’attente de l’examen de sa demande d’asile. Faire un peu de sport, ça me change de mon quotidien. »
Et, c’est aussi une manière de s’ouvrir des perspectives exposées par Kabubu, une association qui vise à favoriser l’inclusion sociale et professionnelle des personnes exilées par le sport. « Pour les réfugiés, explique Nina Dabboussi, chargée des programmes d’insertion de Kabubu, c’est très difficile d’accéder aux clubs, pour des questions de statut, de conditions financières, alors l’un des objectifs de cette journée, c’est de les faire aller à la rencontre des associations du territoire. Et pourquoi pas leur donner des idées pour se former aux métiers de l’animation sportive… »

Un horizon qui ne déplairait pas à Adama, jeune Mauritanien de 25 ans, dont les qualités pugilistiques n’ont pas échappées à Philippe Sturm, le président du CDOS 93 également entraîneur de boxe à Saint-Denis. Avant de ranger précieusement dans son sac, son diplôme de participation à l’Olympiade de la solidarité remis par Zaïnaba Said Anzum, conseillère départementale déléguée au sport -lire aussi ci-dessous-, Adama glisse : « C’est vrai que cette journée m’a donné l’envie de, pourquoi pas, tenter quelque chose dans le sport. Mais, j’en saurai plus cette semaine, je devrais avoir du nouveau sur mon titre de séjour… »

Frédéric Haxo