Le Département lance un chèque contre la précarité alimentaire
- 50 euros par mois et par personne, c’est l’aide prévue par le chèque alimentaire Vital’im lancé par le Département et l’ONG Action contre la Faim.
- Allouée à 1350 personnes pendant 6 mois, elle se présente sous la forme d’une carte acceptée dans certains commerces de Montreuil et bientôt de Clichy-sous-Bois, Villetaneuse et Sevran, partenaires de l’action.
- Reportage à la Résidence autonomie des Ramenas, à Montreuil, où une trentaine de bénéficiaires ont suivi un atelier culinaire, autre spécificité de ce dispositif qui propose des actions de sensibilisation au bien-manger.
« Cette carte, c’est une bonne idée. Ça permet d’acheter pour moins cher et ça fait rencontrer du monde. » Voilà simplement quelques jours que Jean-Claude possède sa carte Vital’im, mais il l’a déjà adoptée. Cet habitant de la résidence autonomie des Ramenas à Montreuil – une résidence pour personnes âgées qui bénéficient toutefois de toute leur autonomie à la différence des Ehpads – a acheté l’autre jour pour 10 euros de légumes dans le centre-ville, « pour faire une bonne salade ». Au total, chaque bénéficiaire – à Montreuil, ils sont 490 – a droit à 50 euros par mois, et même davantage puisque chaque achat de fruits et légumes frais est remboursé à hauteur de 50 %.
Une initiative lancée par le Département et l’ONG Action contre la Faim pour lutter contre la précarité alimentaire – importante dans le département, au moins depuis la crise du Covid – mais aussi sensibiliser à une alimentation saine et durable, autrement dit qui privilégie des produits bio et de saison.
1350 bénéficiaires pendant 6 mois
« Depuis le Covid, on a vu apparaître dans les distributions alimentaires des nouveaux publics qu’on ne voyait pas jusqu’ici : des publics plus jeunes, des travailleurs pauvres… Face à l’augmentation de la précarité alimentaire, nous avons donc décidé avec Action contre la Faim d’expérimenter pendant 6 mois ce chèque alimentaire dans 4 villes différentes. L’idée est surtout de dire à l’État qu’il faut intervenir massivement, que pour lutter contre la crise climatique, il faut s’attacher à réduire les inégalités sociales », insiste le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel. Pour rappel, 27,6% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté en Seine-Saint-Denis, bien au-dessus des 14,6% en France métropolitaine.
L’expérimentation concerne au total 1350 personnes – des ménages pauvres, des femmes ayant des enfants de moins de 3 ans, des personnes âgées et des étudiants – et se concentre sur 4 villes aux sociologies différentes : Montreuil, la première, sera suivie de Clichy-sous-Bois, Villetaneuse et Sevran à la rentrée de septembre. Lauréate du programme « Mieux manger pour tous », l’initiative bénéficie d’un budget de l’État de 1,5 million d’euros, auxquels le Département a rajouté 800 000 euros.
« L’idée est vraiment que cette expérimentation débouche sur des données solides pour ensuite pouvoir interpeller l’État et infléchir ses politiques publiques en matière d’accès à une alimentation saine et durable », insiste Emilie Martin, coordinatrice de terrain à Action contre la Faim.
Des ateliers de sensibilisation au bien-manger
Mais l’apport financier représenté par la carte Vital’im se double d’actions pour donner ou redonner des bonnes pratiques en matière d’alimentation. Comme à Montreuil ce mardi de juillet : à la résidence des Ramenas se déroule ainsi un atelier animé par une diététicienne, embauchée par le Secours populaire, l’un des partenaires du projet. Dorothée Toulemonde incite les 30 participants à préparer deux salades à base de produits frais, peu chers et savoureux, puisque l’objectif reste de se faire plaisir.
« L’idée, c’est de partir des produits que certains bénéficiaires du Secours populaire ont dans leur distribution alimentaire et d’y ajouter des produits frais qui peuvent bien se marier avec ces aliments. Ou alors de leur donner des petits trucs pour remplacer des produits chers comme la viande ou le poisson par d’autres aux mêmes apports en protéines, mais moins coûteux, comme les légumineuses », souligne la diététicienne.
Autour de la table, Marie-Louise et Albert, deux résidents des Ramenas, sont donc aidés par Malika*, une bénéficiaire extérieure, pour confectionner une salade thon-brocolis et une deuxième salade tomates-concombres, haricots blancs, et pain frotté à l’ail.
Pouvoir acheter des produits frais
« J’essaie de faire manger des fruits et légumes à mes deux enfants presque tous les jours. Mais ces produits frais, ça coûte cher. La carte Vital’im m’aide bien pour acheter tout ce qui est bio. Et puis, c’est plus discret qu’une distribution alimentaire », explique Malika, orientée vers le dispositif Vital’im par le Secours populaire de Montreuil, tout comme 120 autres personnes. « Très concrètement, cette carte, ça veut dire un apport financier, plus de produits frais, mais aussi un démarche qui sort les bénéficiaires de leurs habitudes, poursuit Catherine Deger, responsable du SPF à Montreuil. Une personne m’a par exemple dit : « je n’aurais jamais pensé rentrer un jour dans une boutique bio ». De ce point de vue, c’est bien parce que ça casse un peu les représentations traditionnelles. »
« Et en même temps, ces ateliers sont aussi une manière de faire se mélanger les publics puisqu’aux résidents des Ramenas se joignent lors de ces animations des bénéficiaires extérieurs comme ceux du Secours populaire. Pour une résidence comme la nôtre, c’est appréciable car ça veut dire du lien intergénérationnel, de la vie qui rentrent dans l’établissement », explique Vanessa Lahiani, la très souriante responsable de cette Résidence autonomie pilotée par le Centre communal d’Action Sociale (CCAS) de la ville de Montreuil.
Après les trois ateliers assurés par le biais du Secours populaire de Montreuil, en août, c’est Altrimenti, une association montreuilloise luttant contre le gaspillage alimentaire, qui prendra le relais.
Si le combat contre la précarité alimentaire est loin d’être gagné, la recette pour plus de convivialité et de lien social fonctionne en tout cas : Oumou, Philomène, venue avec son bébé, et Aya arrivée avec son petit garçon font table commune avec Jean-Claude, résident aux Ramenas et dégustent les salades qu’ils ont préparées ensemble. Une dame a même sorti un oud et joue un air de Kabylie. Les convives se quittent le ventre plein et l’esprit rassasié. Dans Vital’im, il y a « alimentaire », mais il y a aussi « vie ».
*Le prénom a été changé
Christophe Lehousse
Photos: ©Sylvain Hitau
Tous les commentaires5
Il n’était pas inintéressant de citer un nom de bénévole du SPF
Bonjour M.Portmann,
J’ai rajouté le témoignage de Catherine Deger, responsable chez vous à Montreuil.
Et bonjour à vous, au passage.
Christophe
Bonjour Monsieur j’espère que vous allez bien.
Je voudrais savoir comment faire la demande pour avoir l’aide du chèque alimentaire.
Merci d’avance
Bonjour Monia,
En fait vous ne pouvez pas faire directement la demande du chèque alimentaire. Il faut avoir été identifié au préalable soit par le Secours populaire soit par les CCAS des villes concernées (Montreuil, Clichy-sous-Bois, Villetaneuse et Sevran). Il ne s’agit pour l’instant que d’une expérimentation concernant 1350 personnes. Désolé pour cette réponse un peu frustrante.
Bonne journée
Christophe
Bonjour, les services sociaux départementaux sont-ils associés aux orientations des bénéficiaires où uniquement les CCAS ?
Merci, belle journée à vous