La fête n’a pas d’âge

Des fanions de toutes les couleurs, des ballons, un orchestre, une buvette, de la barbe à papa, des gâteaux, des couples qui dansent, des enfants qui chantent, des sourires en veux-tu en voilà, bienvenue à la guinguette de l’EHPAD Mazier ! « Cette journée clôt le parcours autonomie culture et sport que nous avons mené ici depuis janvier », explique Clara Leroux de l’association Les Cultiveuses.

Ces Parcours Autonomie Culture et Sport, co-financés par le Département, proposent des actions collectives de prévention de la perte d’autonomie chez les seniors en EHPAD grâce à des activités physiques adaptées.« Depuis janvier, nous avons mené une série d’ateliers sur le thème de la culture festive : musique, danse, pratique gastronomique… Aujourd’hui nous avons invité les enfants des écoles voisines et on danse. On peut faire la fête en EHPAD ! »

Et les résident·e·s ne s’en privent pas ! Certain·e·s sont sur la piste, accompagné·e·s par une aide-soignante, et enchanent les valses, biguines, tchatcha… Et si c’est compliqué de se lever pour guincher, pas grave ! On peut battre la mesure, faire danser ses bras… Impossible quoi qu’il en soit d’écouter le Petit orchestre de poche sans bouger ! Chansons populaires, musiques du monde mais surtout musiques de fête et de danse, ces spécialistes des bals populaires savent vous embarquer, vous faire sourire. Hélène, une coquette qui ne m’a pas donné son âge, le reconnaît volontiers : « Oh, je ne danse pas, c’est compliqué pour moi, mais j’aime bien ces musiques, ça fait du bien ! » Sa voisine Suzanne est d’accord : « Ils y vont les musiciens ! Et les enfants, ils valent la peine d’être vus ces gamins ! »

Des enfants qui se sont fait tout beaux et se sont confectionné de jolis masques pour l’occasion. Amrita, Fatima et Allyaa sont d’accord : « 

-C’est trop bien de venir ici !

– On était déjà venu pour la galette des rois. Et aujourd’hui en plus, il y a de la barbe à papa !

– On s’amuse beaucoup, et les vieilles personnes, elles sont très gentilles avec nous. Elles rigolent, on danse un peu avec leurs mains, faut faire attention, aller doucement. »

Leur professeur des écoles témoigne : « Venir ici crée un lien intergénérationnel, cela permet aux enfants d’adopter la bonne posture vis-à-vis des personnes âgées, et ça donne du plaisir à tout le monde ! »

Musique, danse et sourires

Marie-Françoise a été invitée à participer à la fête, comme d’autres résident·e·s de l’EHPAD de la Maison de la Vallée des Fleurs de Stains : « C’est génial ! Et ces enfants… Ça me rappelle des souvenirs, j’ai été enseignante à Saint-Denis, à Anatole-France, alors vous pensez ! »

C’est le moment du goûter et Johanna, aide-soignante, distribue les parts de gâteau, tantôt dans des menottes, tantôt dans des mains qui ont vécu. Elle raconte : « Dans le cadre des ateliers gastronomie de fête, avec des résidents, j’ai cuisiné des beignets de morue, c’est ce qu’on sert chez moi à l’apéritif les soirs de fête. Ils étaient quatre, hommes et femmes, et nous en avons fait des beignets, bien plus qu’une cinquantaine. » Les résidents ont ainsi cuisiné et dégusté la tortilla espagnole de Catherine et Mme Segura, le gâteau antillais à l’ananas de Tessa et M. Delacourt, et les pastels maliens au thon de Sirra et Mme Grimeau. Johanna témoigne : « Cuisiner, ça les change, c’est un peu comme s’ils étaient chez eux. Et ils ont autre chose à raconter que leurs soins. »

La chanteuse Bénedicte Attali a annoncé un tchatcha. C’est le moment où Maurice entre piste, avec un léger sourire. Appliqué, pas mesurés mais toujours en rythme, sa main se fait légère pour prendre celle de sa cavalière, le déhanché est subtil et le corps tout entier se rappelle les nuits de biguine de Fort de France…

« J’ai une bonne cavalière, elle aime danser, ça se sent ! Là, j’ai des chaussures qui accrochent pour ne pas tomber, mais pour bien danser il faut des souliers avec des semelles de cuir. Avant j’allais danser souvent, c’est un sport vous savez ! Ça fait du bien au physique et quand on danse on est plus concentré. » Après un léger soupir, Maurice relève la tête et glisse dans un sourire : « Après, on se rapproche, la musique fait le reste et ça vient tout seul… »

Photos : Marie Magnin