La Nobel de médecine 2008 donne son nom à un centre de prévention santé

La Nobel de médecine 2008 donne son nom à un centre de prévention santé
Espace public
  • Françoise Barré-Sinoussi était présente, vendredi 28 novembre, pour donner son nom au Centre Départemental de Prévention Santé de Montreuil.
  • Celle qui a découvert le virus du sida avec son équipe de l’institut Pasteur en 1983 s’est dite « honorée » de donner son nom à ce centre de santé.
  • 42 ans après, le sida a bien reculé, en Seine-Saint-Denis comme ailleurs en France, mais la baisse des réflexes de protection chez les jeunes incite à la vigilance.

« Ce centre, c’est un symbole de ce que l’on peut faire tous ensemble : un lieu où les jeunes pourront trouver de l’écoute, où les personnes en situation de vulnérabilité rencontreront des soutiens, où les actions de dépistage pourront être déployées avec efficacité. » Il y avait de l’émotion dans la voix de Françoise Barré-Sinoussi quand elle a donné son nom, à l’invitation du Département, au Centre Départemental de Prévention Santé (CDPS) de Montreuil.

L’une des découvreuses du virus du sida, récompensée en 2008 par le Prix Nobel de médecine, est désormais à la retraite, mais elle n’a pas baissé pavillon face au VIH pour autant. Celle qui est toujours présidente du Sidaction, qui collecte chaque 1er décembre des dons pour la recherche contre le VIH, était donc ravie de donner son nom à un centre de santé dont l’une des missions est justement de réaliser de la prévention et des dépistages contre les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST).

Cette chercheuse parisienne, 78 ans désormais, qui n’a eu de cesse de se battre contre les inégalités d’accès aux soins, en France mais aussi en Afrique ou en Asie, n’a pas non plus manqué de saluer le personnel de ce centre, dévoué au bon accueil et à la prise en charge des citoyens. «Je plaide depuis des années pour le collectif. Si mon nom peut stimuler toutes les équipes – personnel du centre, associations – à travailler encore plus ensemble, c’est avec un grand plaisir », a notamment expliqué la chercheuse devant la vingtaine de salariés du centre : médecins, infirmiers, secrétaires, assistante sociale ou encore psychologue.

7 centres prévention santé dans le 93

« Que notre centre porte le nom de cette grande chercheuse, découvreuse du virus du sida, est un honneur », a de son côté estimé Aurélie Poulet, responsable de ce CDPS qui réalise chaque année gratuitement environ 3 000 consultations, des dépistages du VIH donc, mais aussi différentes vaccinations, ainsi que des dépistages contre la tuberculose.

Des centres comme celui-ci, la Seine-Saint-Denis en compte 7, répartis de manière à couvrir une bonne partie du territoire : Bobigny, Saint-Denis, Aulnay, Clichy-sous-Bois, Le Raincy, Montfermeil et donc Montreuil.

Devant un beau portrait de Françoise Barré-Sinoussi, qui ornera désormais le hall d’accueil, le président du Département Stéphane Troussel rendait hommage à son tour à la chercheuse avant de rappeler que la Seine-Saint-Denis était dans les temps de passage par rapport à son plan « Seine-Saint-Denis sans sida 2030 ». Un plan qui ne vise évidemment pas à éradiquer le sida puisque, Françoise Barré-Sinoussi le rappelait, « le vaccin n’existe toujours pas », mais à empêcher toute nouvelle transmission.

« La force du collectif »

Le personnel du CDPS Montreuil, devenu le 28 novembre, « CDPS Françoise Barré-Sinoussi ».

« Les premiers indicateurs sont encourageants : le dépistage augmente, la PrEP progresse (traitement préventif avant une relation sexuelle à risque), les retards de diagnostic diminuent », énumérait ainsi Stéphane Troussel avant d’inciter à ne pas relâcher les efforts.

« Si d’énormes progrès ont été réalisés, la lutte contre le VIH n’est pas achevée. En Seine-Saint-Denis, ce sont près de 9000 personnes qui vivent avec le VIH, dont 1300 qui n’en ont pas connaissance. La lutte n’est pas finie parce qu’il y a encore ces inégalités qui jouent leur funeste rôle, la santé est malheureusement le reflet des fractures sociales », constatait l’élu qui pointait notamment le risque de voir l’Aide Médicale d’État – ouverte aux personnes en situation irrégulière sans aucune couverture sociale – remise en cause par le gouvernement.

« Santé publique France a tout récemment relevé une augmentation ces 10 dernières années des infections chez les jeunes entre 15 et 25 ans. Si l’on ajoute à ça que le contexte financier est plus que fragile, avec des coupes budgétaires dans la santé, on est malheureusement dans les meilleures conditions pour qu’une épidémie comme le VIH redémarre », regrettait à son tour Françoise Barré-Sinoussi. Sa méthode pour ne pas baisser les bras ? « La force du collectif, encore et toujours !». Le CDPS de Montreuil porte désormais le nom d’une battante et d’une éternelle optimiste.

Christophe Lehousse

Photos: ©Marie-Pierre Dieterle

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