L’envol de jeunes de l’ASE dans une maison Colibri

L’envol de jeunes de l’ASE dans une maison Colibri
Protection de l’enfance

Depuis mars 2022, 10 mineurs de la protection de l’enfance vivent dans une maison de l’association Colibri, à Pavillons-sous-Bois. Ce lieu de vie, le premier du genre en Seine-Saint-Denis, se veut à la fois lieu d’hébergement et d’accompagnement professionnel puisque les 10 jeunes ont noué un projet professionnel avec les Compagnons du devoir dans les métiers de l’artisanat. Une solution d’hébergement innovante, développée avec le Département, responsable de la protection de l’enfance.

« J’aime bien ici. Moi je préfère faire ma vie dans mon coin, mais j’aime bien. C’est plus stable et moins agressif que là où j’étais avant, en foyer d’urgence. » Zohra, 15 ans, se plaît dans son nouveau chez-elle. Depuis le mois de juin, cette jeune fille confiée à la protection de l’enfance partage une chambre avec une autre jeune fille, à la maison Colibri des Pavillons-sous-Bois. Au total, ils sont dix jeunes âgés de 15 à 18 ans dans ce joli pavillon avec jardin et décorations murales, à la limite entre les Pavillons et Le Raincy. Dix places contre des foyers de 50 ou 100 jeunes, forcément ça change… « Ici, on est dans du sur-mesure. On veut vraiment garder une structure à taille humaine, reproduire un cadre familial, on ne veut pas être une grosse institution », insiste Marie Ferrand, la responsable de cette maison Colibri, la première du genre dans le département, la 10e au total en France.

Créé il y a 5 ans, ce réseau de maisons Colibri, soutenu par la Fondation Bettencourt Schueller, se veut une solution de recours pour les jeunes en situation de vulnérabilité ou en « rupture de placement » à l’Aide sociale à l’enfance. « On a à cœur l’intérêt des enfants. Dans un contexte pas toujours simple – la tension de la société, la perte d’attractivité des métiers du travail social – on se bat aux côtés des collectivités territoriales pour trouver des solutions », expose Marc Chabant, président de l’association Colibri, qui se réclame des méthodes du scoutisme dans l’acquisition de l’autonomie des jeunes.

Ces influences scout se reflétaient effectivement dans un certain nombre de symboles – un arbre en cuivre installé dans la pièce à vivre principale sur laquelle nichent des colibris en bois représentant chacun des jeunes accueillis. Mais aussi dans les réflexes d’autonomie palpables dès la réception d’inauguration, lors de laquelle les 10 jeunes – 6 à l’étage, 4 dans un appartement au rez-de-chaussée en semi-autonomie – mettaient bien du cœur à l’ouvrage.

14 métiers possibles avec les Compagnons

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Nadia Azoug, Vice-présidente du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis en charge de l’enfance, la prévention et la parentalité, Katia Coppi, maire des Pavillons-sous-Bois, Stéphane Troussel, président de la Seine-Saint-Denis et Marie Ferrand, responsable de la maison Colibri du 93.

 

« La plupart des jeunes qui sortent de la protection de l’enfance sortent sans diplôme, sans personne sur qui compter. Donc notre projet, c’était de dire : on intervient avant leur majorité pour travailler sur le capital social et l’insertion professionnelle des enfants, de manière à ce qu’à 18 ans, ils aient un diplôme ou un savoir-faire », continuait Marie Ferrand, à la tête d’une équipe de 5 éducateurs et une psychologue pour accompagner ces jeunes aux parcours de vie parfois cabossés.

Dans le cas du lieu de vie et d’accueil des Pavillons, un partenariat spécifique a été noué avec les Compagnons du Devoir. Chacun des jeunes présents sur les lieux a ainsi conventionné auparavant avec cette structure aux compétences reconnues dans les métiers de l’artisanat. « Ils pouvaient choisir entre les 14 filières de formation que nous proposons : de la boulangerie à la chaudronnerie en passant par la maroquinerie ou la menuiserie. Sachant que le premier des critères de sélection, c’était la motivation », souligne Marc Jarousseau, délégué régional Ile-de-France aux Compagnons du Devoir.

Pression du contrat jeune majeur

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Pour Ismaël, ce sera la plomberie, en alternance, comme pour les autres jeunes. Le jeune homme de 16 ans, qui vit à l’étage avec Rayan, 15 ans, a d’ailleurs rendez-vous le jour-même avec un possible employeur. Pour démarrer leur apprentissage, les jeunes de la maison Colibri doivent en effet d’abord avoir un contrat d’embauche, ce qui n’est pas toujours chose facile. Une situation qui crispe par exemple un peu Thomas, 17 ans. « Je ressens encore un peu de pression car j’ai l’impression d’être dans une course contre-la-montre. Dans 3 mois, je serai majeur, et si je veux avoir mon contrat jeune majeur (contrat alloué aux jeunes de l’ASE entre 18 et 21 ans, sous condition d’une projet professionnel, ndlr), il faut que j’aie signé un contrat d’apprentissage. Or, pour l’instant, je ne trouve pas d’employeur et sans contrat d’apprentissage, pas de contrat jeune majeur… Mais ça va, avant j’étais en hôtel social où je me sentais un peu livré à moi-même. Vivre ici en comparaison, c’est tranquille », nous raconte ce jeune homme attachant, qui pense reprendre aussi le handball en club à Montfermeil, maintenant que sa situation s’est à nouveau stabilisée.

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Evidemment, ces micro-structures peuvent donner l’impression d’une goutte d’eau dans l’océan face aux 9 000 enfants confiés en Seine-Saint-Denis à la protection de l’enfance, dont 5 000 en foyers ou en famille d’accueil. « A travers ce partenariat avec l’association Colibri, nous voulons en tout cas proposer aux jeunes l’accompagnement le plus adapté tout en leur permettant de se projeter dans l’avenir. Ces établissements de petite taille sont un outil parmi d’autres, et nous espérons à travers eux assurer une prise en charge de qualité », expliquait de son côté le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel.

Après la visite, la vie reprenait en tout cas directement son cours : nettoyage des restes de la fête d’accueil, préparation d’entretiens d’embauche ou recherche d’employeurs potentiels pour Thomas, Zohra ou encore Stanley. Petit à petit, les colibris font leur nid.

Photos : ©Nicolas Moulard

Tous les commentaires2

  • Sandrine LARANJEIRO

    Bonjour,
    Educatrice Spécialisée dans le cadre de la protection de l’enfance, dans le département de Seine et Marne (MDS de Provins), je recherche une place pour une jeune fille de 16 ans et demie.
    Je souhaitais savoir si l’établissement pouvait accueillir des jeunes hors département, s’il vous plait ?
    Merci à vous.
    Cordialement

    • Clément Job

      Bonjour,
      Pouvez-vous nous faire une demande par écrit à contact@seinesaintdenis.fr, nous transmettrons au service concerné.
      Cordialement

      Clément

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