Tiens bon la barre et tiens bon le micro
Les élèves de l’atelier radio du collège Jean-Jaurès à Pantin ont monté un équipage pour participer en mai au Trophée des Bahuts, quatre jours de régate de voile dans le Golfe du Morbihan, et ramener de leur épopée une carte postale sonore…
« L’été dernier, j’étais à la mer, et je me suis dit qu’il y aurait plein de choses à enregistrer. Au club radio, nous avons chaque année un projet : enregistrer une émission avec Radio Campus, participer à un atelier France Info Junior… J’ai décidé que cette année, on monterait un équipage pour participer au Trophée des Bahuts, et qu’on ramènerait notre reportage », raconte Marion Cansell, professeure documentaliste au collège Jean-Jaurès, situé à Pantin, au cœur de la cité des Courtilières. L’enseignante a elle-même a passé une année en mer, enfant après que son père se soit découvert une passion pour le bateau à voile grâce aux colonies de vacances de Montreuil. « Ça m’intéressait de partager cette expérience avec les élèves », explique-t-elle. D’où ce partenariat avec CDV 93, l’ancien « Promovoile », qui organise chaque année ses séjours de voile pour les jeunes séquano-dyonisiens.
Dès la rentrée, Marion Cansell propose donc le projet aux membres de l’atelier radio- Abderahmane, Imane, Hanene, Kouredia, Adelphe et All’ Lounya- ainsi qu’à un professeur de Français, Vincent Degrémont. Il n’y a pas de temps à perdre : une partie d’entre eux ne sait pas nager. Le collège s’organise donc pour qu’ils suivent des cours intensifs à la piscine de Bobigny, avec madame Bellot, la professeur d’EPS. Marion Cansell fait appel à sa propre mère pour enseigner aux élèves les nœuds marins et, grâce à une maquette, les noms des différentes parties d’un bateau. En avril, alors que l’eau est à 9°, notre équipage part en initiation à la voile sur la base de loisirs de Jabeline.
Et le 13 mai, ils sont fin prêts : cap sur le port du Crouesty, dans le Golfe du Morbihan. Après avoir pris ses marques, rangé ses affaires dans le petit bateau, et fait les courses, les moussaillons rencontrent leur skipper, Jean-Philippe. Puis au lit : il faut être en pleine forme pour la course du lendemain. Mais à peine la régate commencée, « on est restés bloqués au milieu de la mer », raconte Hanene. L’absence de vent les oblige à rentrer au moteur sur la terre ferme. L’occasion, pour toute la compagnie, de profiter d’une après-midi à la plage, et pour Adelphe, d’enterrer Kouredia sous les galets.
L’association « Sea Cleaner » s’est chargée d’organiser, le soir, un « apéro rigolo », rythmé par des questions sur la connaissance de l’univers marin et l’écologie, ce qui a bien intéressé Kouredia, qui avait travaillé toute l’année sur une chronique sur le Continent plastique. Le lendemain est plus propice à pourfendre l’écume. Alors que Kouredia prend goût à la conduite du bateau,-« on dit « barrer » », précise Mme Cansell- et s’aperçoit qu’elle a le pied marin, All’ Lounya, Hanene et Imane invoquent les esprits de l’océan sur la proue du navire.
Leur responsabilité de reporter les empêche de donner le meilleur d’eux-même pour gagner le trophée, et ils arriveront seizième sur une vingtaine d’équipage. « On est pas arrivés premiers, on est pas arrivés derniers, c’est tout ce qu’on peut dire. C’est aussi parce que notre bateau était trop lourd et peu maniable », justifie Marion Cansell avec un brin de mauvaise foi. Elle reprend son sérieux : « Les élèves ont vraiment joué le jeu alors qu’on leur en a demandé beaucoup. Il fallait à la fois appréhender un univers totalement nouveau, s’adapter à la vie en collectif, naviguer et suivre les consignes du skipper, et toujours se décaler un peu pour réaliser l’émission, sortir le matériel prêté par l’association voisine Les Engraîneurs, prendre des sons etc. Ils devaient aller interviewer le directeur de l’association, des skippers, d’autres équipages, prendre des bruits d’ambiance etc », explique leur professeure.
Le lundi matin, il est temps de faire ses bagages et de rentrer à Pantin, avec une armada de souvenirs, dont les élèves dressent, ce lundi 20 juin, une liste à la Prévert : les pyjamas parties dans la cabine du le bateau, le jeu « action ou vérité » pendant la boum du samedi soir dans une boîte de nuit spécialement privatisée pour l’occasion, où tous bénéficiaient de tickets boissons, la crème de marron, à laquelle ils n’avaient jamais goûté, les madeleines données aux mouettes, la chanson de « Miel Pops » entonnée à tue-tête, ce matin où All’ Lounya a été réveillée par des bruits de pas, et, montant sur le pont, a découvert Adelphe en train d’essayer de faire de la pêche au gros- « Il vivait sa meilleure vie ». La liste ne s’arrête pas là : les Roudoudou aux caramel confectionnés dans des coquillages qu’ils avaient eux-même ramassés, le drapeau de la Bretagne, les crêpes., le jour où Adelphe a voulu faire peur aux camarades qui l’entouraient, celui où madame Cansell lui a fait boire la tasse…
Au retour, reste encore à sélectionner et à monter les sons pour finaliser leur grande œuvre, une carte postale sonore de leur voyage… Cliquez ici, fermez les yeux, et à l’abordage !