Odyssée Jeunes, quinze ans de voyages et des souvenirs pour la vie…

Ambiance « souvenirs-souvenirs » pour les quinze ans d’Odyssée Jeunes, le programme de voyages pédagogiques – lire notre encadré– qui ouvre les horizons des collégien.n.es de Seine-Saint-Denis, le 18 octobre dernier aux Archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine. L’occasion de souffler 15 bougies virtuelles sur l’écran de la grande salle de projection des Archives avant de rejoindre les étages supérieurs du bâtiment dessiné par Massimiliano Fuksas.  

Là, une vaste salle d’exposition retrace quelques-unes des pérégrinations des collégiens effectuées depuis 2009.  

Affichée en format XXL, une carte postée d’Islande en 2017 par des élèves du collège Paul-Bert à Drancy, a le don de vous transporter, littéralement : « Un petit coucou d’Islande où nous passons cinq jours la tête dans les étoiles et les pieds sur les volcans et les glaciers… » 

Des lignes qui auraient pu tout aussi bien figurer dans une des boîtes d’archives d’ « explorateurs du monde » consultées par les collégiens lors de l’après-midi passée à Pierrefitte. Entre autres, celle contenant les carnets de voyage légués au ministère des Affaires étrangères par un médecin militaire explorant le Japon, à la fin du 19e siècle. 

Un outil pour l’égalité des chances 

Mais retour en 2024 où Maria Amorosa, professeure d’italien au collège Jean-Jaurès de Saint-Ouen a concocté avec ses élèves une « capsule » temporelle, souvenir de leur voyage printanier à Venise. Pêle-mêle, on y trouve de vieux journaux italiens qui n’ont pas encore jauni et l’incontournable masque vénitien. L’enseignante audonienne est d’ailleurs une des « pionnières » du dispositif Odyssée Jeunes : « Lorsque j’ai été retenue avec ma classe pour la première édition en 2009, c’était l’émerveillement devant les moyens qui nous étaient accordés. Et quinze ans plus tard, ça continue… Odyssée Jeunes, c’est vraiment l’outil indispensable pour soutenir l’égalité des chances et donner des ailes à nos projets. Et puis, c’est aussi un moyen à travers le voyage de promouvoir une langue, l’italien, dont l’enseignement au collège se perd. » 

Élève de 3e du collège Jean-Jaurès, Mélissa, retient, elle, l’aventure d’un « premier voyage sans mes parents. Découvrir Venise, c’était aussi comme se plonger dans un conte de fées. Ce voyage m’a permis de rencontrer des correspondants italiens avec qui j’ai gardé le contact. Franchement, ça donne envie de repartir… » 

Le voyage, un horizon qui donne de la motivation…  

Une certitude, les voyages « Odyssée Jeunes » sont une source de motivation constante tout au long d’une année scolaire. Jeanne Gierer-Voynet, professeure d’anglais au sein du collège Elsa-Triolet de Saint-Denis, en est pleinement convaincue : « Les voyages, c’est une façon positive de sortir de la salle de cours. Moi mes élèves me posent souvent cette question « à quoi ça sert l’anglais ? » En allant en Irlande, ils ont obtenu une réponse concrète. » 

Voilà pourquoi l’enseignante avait aussi tenu à organiser un séjour en familles d’accueil. « Pour les obliger évidemment à ne pas parler français, sourit-elle. Devoir se débrouiller, c’est encore le meilleur moyen d’apprendre et d’enfin comprendre pourquoi on apprend l’anglais ! » 

Raed, 14 ans, en a fait l’expérience concrète : « C’est sûr que ce voyage m’a permis de mieux parler anglais, dit-il timidement. Et puis, ça m’a rapproché de mes camarades, j’ai appris à mieux les connaître… » 

Une découverte de l’autre essentielle dans le voyage, estime encore Jeanne Gierer-Voynet : « Voyager, c’est aussi apprendre aussi certaines des règles du vivre-ensemble, comment se comporter dans l’espace public, comment se comporter face aux autres. Et au-delà, c’est de la découverte, tout court : certains dans ma classe n’avaient jamais vu la mer… » 

Une expérience sans doute inoubliable, tout comme la découverte de figures du féminisme en Irlande telles que Constance Markievicz, la « comtesse rouge », lieutenant de l’Irish Citizen Army, engagée au début du 20e siècle pour l’indépendance de l’Irlande, avant de devenir en 1918 la première femme élue au Parlement britannique. Un parcours hors-normes qui a, en tout cas, marqué Yanis, 14 ans : « Franchement, j’ai compris beaucoup de choses sur l’importance de l’égalité hommes-femmes grâce à ce voyage… »  

Des rencontres qui marquent 

Avec le dispositif Odyssée Jeunes, jamais l’adage populaire « les voyages forment la jeunesse » n’a finalement été aussi concret : « Odyssée Jeunes, c’est effectivement un projet éducatif à part entière, une façon de découvrir le monde pour les collégiens et les collégiennes de Seine-Saint-Denis, ça donne une idée de l’autre à nos jeunes et puis ça les rendra beaucoup plus enclins à partir découvrir le monde », commente Elodie Girardet, conseillère départementale déléguée au projet éducatif de la Seine-Saint-Denis. 

Avec déjà des destinations multiples à l’horizon pour Maureen, Aïda et Shahde, élèves du collège Paul-Éluard à Montreuil, qui ont présenté, au printemps dernier, à Lisbonne lors du Festival international « Cinéma, cent ans de jeunesse », un film documentaire « made in Montreuil » : « Ce Festival, disent-elles presque en chœur, c’était fantastique, on a rencontré des Allemands, des Japonais, des Portugais, c’était un super moment… Vivement qu’on reparte ! » 

Frédéric Haxo