Odyssée Jeunes 2025 : « Souriez, vous êtes filmés ! »

- Escale finale, vendredi 6 juin, pour l’édition 2024-2025 d’Odyssée Jeunes. Un programme de voyages pédagogiques qui ouvre les horizons des collégien·nes de Seine-Saint-Denis.
- Lors d’un événement dédié à la Dynamo de Pantin, profs et élèves ont livré une carte postale filmée ou sonore de quelques-uns des 69 voyages réalisés avec le soutien de la Fondation BNP Paribas et de l’Éducation Nationale.
- Des aventures qu’on vous retrace en mode cinématographique...
Un « vamos ! » sonore en même temps qu’un dernier but claqué sur le baby-foot qui trône dans le hall d’accueil de la Dynamo, l’antre du Festival Banlieues Bleues à Pantin, et il est déjà temps, ce vendredi 6 juin, pour les collégien·nes de Jean-Jacques Rousseau au Pré-Saint-Gervais de rejoindre la salle où va se dérouler la cérémonie annuelle, marquant la fin d’une nouvelle édition d’Odyssée Jeunes (lire notre encadré). Un rendez-vous qui est devenu un classique dans l’agenda de fin d’année scolaire puisque depuis 2009, ce dispositif départemental soutient les voyages pédagogiques des collégien.nes de Seine-Saint-Denis, en partenariat avec la Fondation BNP-Paribas et la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale.
Au programme de l’après-midi, la projection de films ou l’écoute de podcasts retraçant les pérégrinations de cinq collèges engagés dans un des 69 projets soutenus en 2024-25 par Odyssée Jeunes. Petite séance flash-back à la façon d’un palmarès cinématographique.
LA PALME DE L’ÉMOTION
« Chère Anne, nous ne t’oublions pas… » C’est ainsi que s’achève le podcast « sensible » du collège Dora-Maar de Saint-Denis, parti sur les traces d’Anne Frank, jeune adolescente juive allemande qui passa deux années cachée à Amsterdam pour échapper aux nazis, avant de mourir en déportation en 1945. Deux ans pendant lesquels elle rédigea son « Journal d’Anne Frank » aujourd’hui devenu un des livres les plus lus au monde, traduit dans près de 70 langues. « Ce qui nous a le plus impressionné, expliquent de concert Jeywel et Shaenah, deux des collégiennes dionysiennes, c’est l’étroitesse de l’endroit où Anne Frank a passé tant de jours sans pouvoir faire de bruit. En tout cas, ce voyage restera très important pour nous, parce que c’est une bonne façon d’apprendre en sortant la tête des livres. »
Un soutien pédagogique très appréciable pour Titouan De Francesco, professeur d’histoire-géographie à Dora-Maar : « En troisième, la Seconde Guerre mondiale et la question de la montée de l’antisémitisme occupent une grande partie du programme de l’année, ce voyage était donc une opportunité de travailler ces sujets, de manière plus concrète. Et c’est vrai que la visite du Musée Anne Frank a énormément marqué les élèves. D’ailleurs, beaucoup ont ensuite présenté ces sujets liés à la Seconde Guerre lors de l’oral du brevet. »
LE GRAND PRIX DES MEILLEURS SCÉNARISTES
Une Odyssée, c’est aussi une sacrée préparation -bref l’écriture d’un bon scénario- comme l’ont démontré les élèves de Saint-Exupéry à Rosny-sous-Bois, en ficelant un « projet d’inclusion et de découverte des métiers aériens. » Entre autres en visitant Toulouse -cité de l’aérospatiale- sur les traces de l’écrivain et aviateur Antoine de Saint-Exupéry. Le tout en réunissant un très large casting comprenant aussi bien des élèves de 6e et 5e de Section d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA) ou de l’option chorale, mais aussi 15 élèves de 3e SEGPA. « L’idée, c’était vraiment de réunir, autour d’un projet commun, les élèves de SEGPA et ceux du cycle général pour essayer de casser les frontières qui mettent toujours les SEGPA de côté », résume Florence Hamon, professeure d’éducation musicale et pilote de l’Odyssée. Et, finalement, la rencontre a bien marché, des élèves qui ne se fréquentaient pas sont devenus proches. En plus, en allant visiter la Cité de l’espace à Toulouse, on a pu faire un focus sur les métiers de l’aérien. »
Perfectionnistes, les scénaristes en herbe de Saint-Ex ont aussi mené une véritable enquête sur l’auteur du « Petit prince » qu’ils ont porté sur scène sous la forme d’une comédie musicale ou encore organisé un jury visant à sélectionner le ou la nouvelle « Saint-Exupéry » au sein de l’Armée de l’Air, selon un portrait-robot dressé par les élèves de SEGPA. En guest-star de leur jury, les collégien·nes rosnéen·es avaient convié un ancien leader de la patrouille de France et Hervé de Saint-Exupéry, ex-pilote de chasse et neveu d’Antoine de Saint-Exupéry. Conclusion de Sasha, élève de 6e : « C’était génial de découvrir l’histoire de Saint-Exupéry de cette manière. Apprendre en rencontrant des gens, c’est franchement ce qu’il y a de mieux… »
L’OSCAR DE LA CRÉATION ORIGINALE
C’est à Kassim, élève de cinquième, qu’il revient pour son film tout à fait personnel sur le voyage à Rome des élèves d’Auguste-Delaune à Bobigny. Avec un art du cadrage assez déconcertant qui a fait découvrir à l’assistance le Vatican la tête à l’envers, le jeune élève a donné sa vision toute personnelle d’un voyage scolaire, filmant avec talent quelques scènes de la vie de groupe. Entre autres celles de la quarantaine d’heures passées dans le bus : « Comme personne n’était vraiment à l’aise pour filmer, je m’y suis mis, raconte le latiniste. Un voyage, c’est aussi ça : des à-côtés un peu marrants… Mais, attention, j’ai aussi beaucoup appris sur Pompéi lorsqu’on a visité le site historique ! » Confirmation auprès de Yanis, élève de troisième, qui lui s’est attelé à exercer son œil d’observateur lors de ce voyage. Le jeune homme qui aimerait « devenir psychiatre » a apprécié de découvrir « les professeurs autrement. En ayant un peu plus le temps de discuter avec eux, on comprend que ce ne sont pas seulement des machines à mettre des notes. »
Plutôt des professeurs passionnés par leurs métiers qui se démènent pour faire exister leur matière comme Camille Diez, professeure de latin à Delaune : « C’est vrai qu’on a un peu de mal, aujourd’hui, à attirer les élèves dans nos classes de latin, on s’appuie donc aussi sur les voyages d’Odyssée Jeunes pour donner envie à de nouveaux élèves de choisir cette spécialité en cinquième… » A vérifier lors de la prochaine rentrée car pour le moment, « Adhuc tua messis in herba est ! » Traduit du latin, cela donne ça : « La moisson ne fait encore que poindre…»
LE CÉSAR DE LA MEILLEURE RÉVÉLATION
Lorsqu’on voyage en Galice, comme la classe de troisième d’Alba Otero Garcia, professeure d’espagnol au collège Jean-Jacques Rousseau du Pré-Saint-Gervais, autant arriver avec quelques bases… C’est ce qu’a fini par se dire Léonard, élève de troisième « passé d’une moyenne de 2 sur 20 à 14/20 grâce à la préparation du voyage. Quand j’ai vu le programme de l’Odyssée, je me suis motivé à travailler un peu plus. J’avais vraiment envie de comprendre ce qui se passerait au cours de notre séjour. Ensuite, sur place, j’ai vraiment senti que j’avais progressé ! »
Native de Galice, Madame Otero Garcia avait en effet déroulé le tapis rouge à ses élèves qui ont été reçus avec les honneurs par les élus de la municipalité de Baiona, première localité européenne à avoir appris, en 1493, la nouvelle de la découverte par Christophe Colomb de ce que le navigateur considérait, à tort, comme la route des Indes. C’est en effet dans ce port de Galice que « la Pinta », l’une des caravelles de l’expédition de Colomb, fit son retour en Europe.
Un art de la conversation amélioré en accéléré grâce à Odyssée Jeunes, qui a donc permis au jeune Léonard de ne pas rester en rade lors de la visite de la réplique de la caravelle construite pour le cinquième centenaire -en 1992- de la découverte de l’Amérique. De quoi voir aussi le monde en plus grand pour les collégien·nes du Pré : « L’objectif de ce voyage, c’était vraiment de s’ouvrir sur les fabuleux paysages naturels de Galice, un univers complétement à l’opposé du Pré-Saint-Gervais, l’une des plus petites villes de France, avec beaucoup de densité, explique Alba Otero Garcia. C’est pour ça qu’on a aussi travaillé en amont avec le professeur d’EPS pour effectuer, entre autres, une randonnée sur le chemin de Compostelle. »
MENTION SPÉCIALE DU JURY
Pas encore de voyage à retracer pour le collège Gisèle-Halimi d’Aubervilliers qui ne partait qu’à la mi-juin pour plonger en Méditerranée, au large de la calanque de Niolon près de Marseille… Mais déjà un « prix coup de cœur » décerné par le Musée océanographique de Monaco à l’occasion de son concours « Océano pour tous ». Lequel a récompensé la vidéo réalisée par 24 élèves sur le thème de l’impact de l’activité humaine et du réchauffement climatique sur les fonds marins. Le fruit d’un travail préparatoire qui a permis aux collégiens de suivre des ateliers à la Cité des sciences sur le climat et la barrière de corail, de visiter le Muséum d’Histoire naturelle. Et, enfin, de se former à la plongée dans la piscine d’Aubervilliers : « La plongée, c’était super intense, super physique, mais à nôtre âge, on a besoin de bouger, de se dépenser et pas forcément de rester assis dans une salle de classe », théorisait, l’air presque exténué, Alpha, collégien de troisième.
Bref, notre conclusion est toute trouvée : les voyages forment toujours la jeunesse…
Frédéric Haxo
Crédit photo : Nicolas Moulard

63 666 collégiens voyageurs et 1570 Odyssées…
Lancé en 2009 et soutenu par le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, la Direction des services départementaux de l’Éducation nationale et la Fondation BNP Paribas, le programme Odyssée Jeunes (OJ) a deux objectifs forts : favoriser la mobilité et l’ouverture culturelle des collégiens du 93 au travers d’un voyage scolaire mais aussi permettre au plus grand nombre de pouvoir en bénéficier et notamment les collégiens issus des familles les plus modestes. Les projets Odyssée Jeunes peuvent être financés à hauteur de 16 000 euros. Une contribution d’OJ qui représente en moyenne 60% du coût des projets. Depuis la création du programme, ce sont 63 666 collégiens qui ont mené 1570 Odyssées à travers l’Hexagone et le monde.
La prochaine session pour candidater à Odyssée Jeunes sera programmée à partir des mois de septembre et octobre prochains.
Pour en savoir plus, c’est ici !